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Sept détenus ont été tués et 17 autres blessés dans une prison américaine au cours d'affrontements brutaux opposant des gangs se disputant le "territoire et la contrebande".
Ces violences sont parmi les pires de ces dernières décennies dans un pays à la politique carcérale très critiquée.
L'émeute qui a éclaté dimanche soir a vu s'opposer des groupes de prisonniers rivaux à la centrale pénitentiaire Lee de Bishopville, un établissement fréquemment secoué par des troubles dans l'Etat de Caroline du Sud.
La situation est devenue hors de contrôle à 19H15 (23H15 GMT) avec "de nombreuses rixes dans trois bâtiments d'habitation", a indiqué l'administration pénitentiaire de cet Etat du sud-est du pays.
Aucun gardien ni policier n'a été blessé. Les forces de l'ordre ont attendu d'être assez nombreuses pour reprendre, l'un après l'autre, les trois dortoirs, chacun comptant 250 à 260 détenus.
"Ce sont des gens dangereux dont on ne peut attendre qu'ils cessent d'être dangereux une fois en prison", a justifié Henry McMaster, le gouverneur républicain de Caroline du Sud.
"Selon les premiers éléments de l'enquête, en jeu étaient le territoire, la contrebande, les téléphones portables", a déclaré Bryan Stirling, le directeur de l'administration pénitentiaire de l'Etat.
Le calme n'a été rétabli qu'à 02H55 lundi matin, selon les services pénitentiaires qui ont remercié les policiers et les services d'urgence mobilisés.
Le lourd bilan illustre la dureté de l'univers carcéral américain qui se voit souvent reprocher son manque d'humanité, poussant au désespoir nombre de détenus.
- Univers carcéral violent -
La population carcérale aux Etats-Unis atteint un niveau record, avec environ 2,2 millions de personnes derrière les barreaux, dont des légions de malades mentaux et de petits délinquants.
La prison Lee de Bishopville, un établissement de haute sécurité, accueille des condamnés de sexe masculin jugés parmi les plus dangereux de Caroline du Sud.
Elle a été construite en 1993 avec une capacité de près de 1.800 places, pour des condamnés purgeant des peines souvent longues.
Les violences et mutineries y sont relativement fréquentes.
Des détenus avaient neutralisé en mars un garde et pris le contrôle d'une partie d'un dortoir, avait rapporté la chaîne locale WACH Fox.
Un détenu a perdu la vie dans une rixe en février, un autre a été mortellement blessé par arme blanche en novembre, un troisième a lui aussi été tué en juillet 2017 dans une altercation.
Le chef de la minorité démocrate du parlement de Caroline du Sud, Todd Rutherford, a estimé qu'il était "inacceptable" qu'un tel événement, avec de nombreuses victimes, puisse se produire à l'intérieur d'un établissement pénitentiaire.
"C'est le symptôme d'un système judiciaire et pénal détraqué, qui a besoin d'être réformé", a-t-il tweeté.
Une enquête a été ouverte sur les faits ayant endeuillé la prison Lee, le bilan comptant parmi les plus lourds depuis un quart de siècle.
En 1993, neuf détenus et un agent pénitentiaire ont trouvé la mort dans une prison de très haute sécurité à Lucasville, dans l'Etat de l'Ohio (nord).
Une mutinerie dans une prison d'Etat du Nouveau-Mexique (sud-ouest) s'était soldée en 1980 sur le décès de 33 détenus, quelque 200 autres ayant été blessés.
- Le traumatisme d'Attica -
Mais le soulèvement qui a le plus marqué l'histoire américaine reste la mutinerie d'Attica, un pénitencier du nord-est des Etats-Unis qui comptait une majorité de prisonniers Noirs et Portoricains.
Cette rébellion a éclaté le 9 septembre 1971 avant d'être matée quatre jours plus tard dans une répression sanglante.
Quelque 1.300 détenus avaient pris le contrôle des bâtiments d'Attica, gardant en otages des gardiens et employés pénitentiaires.
Le gouverneur de l'Etat de New York, Nelson Rockefeller, avait décidé d'envoyer la troupe: des centaines de policiers et de gardes nationaux avaient ouvert le feu à la carabine sur les mutins non armés.
Vingt-neuf prisonniers et dix otages avaient été tués, et une centaine d'hommes gravement blessés.