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Iran: Washington plaide à l'ONU pour une punition, ses partenaires pour un "dialogue"

Les Etats-Unis ont exhorté mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU à prendre des mesures punitives contre l'Iran pour limiter son programme de missiles balistiques menaçant le Moyen-Orient et au-delà, mais la Russie ou la France ont plutôt insisté en faveur de l'instauration d'un "dialogue" avec Téhéran.

"Il est clair que les activités du régime iranien dans le domaine des missiles balistiques se sont développées depuis l'accord nucléaire" conclu en 2015 et quitté en mai par les Etats-Unis, a souligné le secrétaire d'Etat Mike Pompeo venu participer en personne à une réunion de l'ONU sur la non-prolifération.

"Nous appelons le Conseil à mettre en place des mesures d'inspection et d'interdiction, dans les ports et en haute mer, afin de contrecarrer les efforts persistants de l'Iran pour contourner les restrictions existantes en matière d'armement". Mike Pompeo, qui cherche à bâtir "une coalition" de pays partageant l'approche américaine, a aussi réclamé de ne pas lever l'embargo sur les armes imposé à l'Iran à son expiration en 2020 en application de l'accord nucléaire.

L'Iran, qui s'en défend, est accusé par les Etats-Unis de violer des résolutions de l'ONU avec des essais de missiles et en fournissant d'armement aux rebelles houthis yéménites.

Dans un rapport publié cette semaine, l'ONU indique que de nouvelles armes, de fabrication iranienne présumée, ont été trouvées au Yémen. Il s'agit de "deux conteneurs-lanceurs pour missiles antichars guidés" récupérés par la coalition arabe dirigée par l'Arabie saoudite et soutenue par Washington. Ils portent "des caractéristiques propres à une fabrication iranienne et des marquages faisant état de dates de production en 2016 et 2017".

- "Tensions régionales" -

Un "missile sol-air partiellement désassemblé", similaire aux missiles iraniens Sayyad-2C, et des drones ressemblant aux engins iraniens Ababil-2, ont également été trouvés au Yémen, selon l'ONU.

"Si nous échouons à être à nouveau dissuasifs, nous risquons l'aggravation des conflits dans la région", a plaidé Mike Pompeo. D'autres pays pourraient aussi "défier le Conseil de sécurité en toute impunité si nous ne faisons rien".

Tout en reconnaissant que le développement de missiles balistiques par l'Iran est "très préoccupant", les partenaires des Etats-Unis à l'ONU ont plutôt plaidé pour l'ouverture d'un "dialogue" avec l'Iran.

"Il n'y a pas de preuve" que les missiles développés par l'Iran puissent emporter des charges nucléaires, a dit l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassily Nebenzia. "L'Iran est prêt au dialogue", a-t-il assuré, en dénonçant ceux qui ne font "pas de propositions" et "attisent une hystérie anti-iranienne".

Une stratégie "de long terme" au Moyen-Orient "ne peut se réduire à une politique de pression et de sanctions", avait auparavant affirmé son homologue français François Delattre. "Elle doit également passer par un dialogue ferme et franc avec les Iraniens sur nos sujets de préoccupation", a-t-il fait valoir.

Toujours très marqués par le retrait américain de l'accord nucléaire, huit pays européens ont exprimé avant le début de la réunion leur "plein engagement" à le respecter tant que Téhéran s'y conformera.

Tous les rapports de l'ONU concluent jusqu'à présent au respect par Téhéran de ses obligations liées à ce texte.

Les "activités" de l'Iran liées à des "missiles balistiques", comme le lancement d'engins pouvant emporter une charge nucléaire, "pourraient constituer une violation de résolutions du Conseil de sécurité", ont relevé dans un communiqué ces pays (Allemagne, France, Royaume-Uni, Belgique, Pays-Bas, Pologne, Suède et Italie).

"Nous appelons l'Iran à s'abstenir de ce type d'activités qui accentuent la méfiance et augmentent les tensions régionales" et "à traiter ces questions dans le cadre d'un dialogue avec les parties concernées", ont-ils ajouté.

Téhéran affirme que son programme de missiles balistiques n'a qu'une vocation "défensive" et conventionnelle. Son représentant à l'ONU, Eshagh Al Habib, a dénoncé mercredi devant un Mike Pompeo plutôt impassible, la position "irresponsable" des Etats-Unis et sa "série de mensonges" à l'égard de son pays.

"Ce qui est ironique, c'est que les Etats-Unis, qui sont en violation absolue de la résolution 2231 (ayant entériné l'accord nucléaire de 2015) accusent aujourd'hui l'Iran de la violer", s'est insurgé le diplomate iranien.

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