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Fabrice Murgia, directeur du Théâtre National de Bruxelles, était invité sur le plateau pour évoquer la crise du secteur culturel. "Il ne s'agit pas de retourner au musée ou au cinéma, il s'agit de 250.000 personnes dont les deux tiers n'arrivent pas à remplir leur frigo", a-t-il tenu à rappeler. Et il insiste: le déconfinement qui a commencé ne veut pas dire que la culture peut reprendre ses activités. "On va vivre longtemps avec. Il faut un fonds de mesures conséquentes et ce n'est pas le rôle de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Son rôle, c'est de mettre en place des budgets pour faire des projets de la relance (…) Je n'ai pas envie de redire encore une fois ici à quel point la culture est importante. En fait, on a le droit d'être sauvés comme tout le monde. C'est juste ça qu'on a envie de dire. On représente 50 milliards du PIB de ce pays. Je ne vois pas pourquoi l'Horeca et la culture, qui vont avoir un impact de cohabitation beaucoup plus long, n'ont pas des mesures particulières. Aujourd'hui, nous avons 8 millions pour indemniser un petit peu les artistes, dont 800.000 euros pour le cinéma. La moyenne d'un film belge, c'est 2,5 millions d'euros. C'est "peanuts". Ce n'est pas de la Fédération que doit venir la solution, c'est du fédéral."
L'exemple de la France et de l'Allemagne
Concrètement, le directeur du Théâtre National demande des mesures identiques à celles qui ont pu être mises en place dans d'autres pays européens. "On voit que l'Allemagne et la France ont débloqué des milliards. Evidemment, nous ne sommes pas dans les mêmes échelles. D'abord, nous demandons des mesures de fonds pour protéger les travailleurs et travailleuses de la culture. Il ne s'agit pas que des artistes. Il s'agit aussi des intermittents du spectacle, c'est-à-dire les 20 personnes qui m'ont tapé sur l'épaule en rentrant sur ce plateau, en me disant: vas-y, défends-nous."
"En ce qui nous concerne, le travail est fait"
David Clarinval, ministre du Budget (MR), était également présent sur le plateau de C'est pas tous les jours dimanche. Pour lui, "le travail est fait" au niveau fédéral. "Je suis ministre des musées fédéraux. Le message que j'ai eu du secteur culturel fédéral, c'était qu'il voulait reprendre le travail le plus vite possible. Dès le mois d'avril, j'ai mis en place, avec le directeur des BOZAR, une boite utilisable par tous les musées pour pouvoir reprendre dès demain. On a permis à ce secteur culturel de démarrer dès demain, c'est le premier qui peut relancer. En ce qui me concerne, pour le fédéral, pour la partie culturelle dont nous sommes responsables, tout est en ordre à partir de demain et on a débloqué des moyens conséquents. En ce qui nous concerne, le travail est fait. On a débloqué des moyens pour le chômage et assoupli les règles pour le secteur culturel. On permet à l'ONEM d'être moins strict qu'habituellement pour le secteur culturel."
Le ministre reconnait qu'il existe une difficulté concernant le secteur culturel: "c'est qu'ils ont des systèmes qui sont différents des autres et il est plus difficile de pouvoir viser certaines niches. C'est un travail plus conséquent à faire". Des propos qui ont fait réagir Fabrice Murgia. "J'ai une question pour monsieur Clarinval: est-ce que vous pensez que le fédéral doit venir au secours des institutions fédérales et la Fédération au secours des institutions de la Fédération ? Ne pensez-vous pas avoir une responsabilité en tant que ministre du Budget de sauver la culture en général?"
"Il faut être pragmatique, a réagi David Clarinval. On peut rêver d'un autre monde. On peut imaginer que toute la culture redevienne fédérale, ce n'est plus le cas. Au niveau du chômage, au niveau des droits passerelle, au niveau de la culture fédérale, le travail est fait."
"Il y a des artistes qui n'ont pas reçu un sous depuis le début"
Bénédicte Linard, ministre de la Culture de la Fédération Wallonie-Bruxelles (Ecolo), a souhaité rappeler: "Il faut pouvoir dire la vérité. Aujourd'hui, il y a des artistes, au sens large, qui n'ont pas reçu un sous depuis le début de la crise et qui n'ont plus rien. On a pris des mesures dans les champs de compétences qui sont les nôtres et ce n'est clairement pas suffisant. C'est pour ça qu'on travaille déjà à la suite. On a travaillé à des mesures d'urgence. Le redéploiement va être nécessaire sur plusieurs années. Les pétitions et les cartes blanches doivent exister, parce qu'ils ont raison de le dire. La crise du Covid ne s'arrêtera pas au 30 juin ou au 31 août".