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Cette énigme est probablement la plus mystérieuse de toute notre histoire judiciaire. Notre journaliste judiciaire Dominique Demoulin revient sur cette affaire.
Depuis février, l’enquête est cornaquée par le parquet fédéral. Le compte à rebours a commencé. Il reste 7 ans pour résoudre la plus grande énigme criminelle du pays. Pour la première fois, le parquet s'exprime et dévoile de nouveaux éléments.
Entre 1982 et 1985, une vague de braquages et d'assassinats, notamment dans des supermarchés Delhaize, sème la terreur en Belgique. Au total, 28 personnes - dont des enfants - sont froidement abattues. Qui étaient ces tueurs du Brabant? Et surtout, quelles étaient leurs intentions?
Le canal Bruxelles-Charleroi, à 3 km du plan incliné de Ronquières, c’est dans ces eaux boueuses que se trouvent sans doute l’une des clés du mystère des tueurs du Brabant. Le 6 novembre 1986, c’est ici que des plongeurs découvrent une quantité d’objets qui relient entre eux tous les faits attribués à la sinistre bande. Ces pièces à conviction sont conservées au palais de justice de Charleroi. La plupart de ces objets, contenus dans des sacs poubelles, ont été découpés soigneusement mais les morceaux permettent de reconstituer le puzzle des attaques.
L'enquête cornaquée par le parquet fédéral
La découverte de 1986 est capitale, l’énigme paraît alors sur le point d’être résolue. Mais depuis la science a ébranlé ces certitudes. "Nous avons des raisons de croire qu'à ce moment, l'enquête a été manipulée", explique Eric Vander Sypt, porte-parole du Parquet Fédéral.
Un témoignage récent contribue encore à épaissir le mystère. "Récemment, l'assistante du plongeur a été réentendue. Lui confirme clairement que son plongeur l'a aidé à sortir ces sacs de jute de l'eau. Il croyait qu'il y avait des armes dedans", précise Eric Vander Sypt.
Retour en 1985 sur le dernier fait attribué à la bande soit l’attaque sanglante du Delhaize d’Alost. 8 morts et de nombreux blessés, une véritable attaque terroriste. Les tueurs prennent la fuite dans une golf noire. Ils tirent, un policier riposte mais la voiture poursuit sa route. La nuit suivante, elle est incendiée dans le bois de la Houssière à 5 km du canal de Ronquières. La même nuit, vers minuit 30, un témoin observe un manège suspect au bord du canal.
Le lendemain, les forces de l’ordre font appel au plongeur habituel de la police et des pompiers. Il se rend sur place accompagné d’un assistant, Jef Goossens. "J'étais responsable de l'entretien des digues, du personnel, de tous les travaux, donc je devais suivre tout cela régulièrement", indique-t-il. Le plongeur, décédé depuis, était expérimenté, avait l’habitude de ce genre de travail, affirme son assistant.
En novembre 85, les fouilles durent 1 jour et demi mais ne donnent rien. Un an plus tard, le parquet de Termonde, en charge d’un volet de l’enquête, décide de sonder à nouveau les eaux du Canal, au même endroit. Et là, c’est la pêche miraculeuse…ou plutôt manipulée. "Il est clair que quand on plonge en 85 et que l'on ne trouve rien, puis que l'on plonge à nouveau en 86 et que l'on trouve des objets, ce n'est pas normal. Nous avons fait des études scientifiques qui montrent que les sacs n'ont pas été dans l'eau plus que 6 ou 7 jours", assure Eric Vander Sypt. Un gilet par balles sur lequel se trouve du sang est ainsi retrouvé. Des chèques secs et lisibles sont également découverts...
Ce numéro spécial d'Indices consacré aux Tueries du Brabant est à revoir sur notre application RTL Play