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Royaume-Uni: les conservateurs perdent deux bastions mais évitent la déroute

Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a assuré vendredi ne pas considérer les législatives de l'an prochain comme perdues d'avance pour les conservateurs malgré deux revers cuisants lors d'élections partielles, atténués par une victoire surprise à Londres.

Donnant le ton de l'année électorale, le renouvellement de trois sièges de députés dans des bastions des "Tories" a confirmé la défiance visant la majorité conservatrice, plombée par les scandales et la crise du coût de la vie après 13 années au pouvoir. Il a aussi mis en lumière les obstacles qui persistent pour l'opposition travailliste qui rêve de Downing Street en 2024, mais pâtit de sa politique anti-pollution londonienne.

Rishi Sunak, pressenti pour devenir le premier chef de gouvernement depuis plus de 50 ans à perdre trois sièges en une seule journée, a échappé à cette humiliation de justesse.

A Uxbridge et South Ruislip, dans l'ouest de Londres, les Tories ont réussi à conserver de justesse avec moins de 500 voix d'avance le siège vacant depuis la démission en juin du Parlement de l'ancien Premier ministre Boris Johnson, alors que le Labour était donné gagnant.

"Le Parti travailliste agit comme si (les prochaines élections) étaient une affaire réglée. Les habitants d'Uxbridge viennent de leur dire que ce n'est pas le cas", a réagi Rishi Sunak, présent à Uxbridge vendredi matin au côté du député fraîchement élu Steve Tuckwell.

Les travaillistes ont souffert de l'impopulaire extension prochaine de la taxe sur les véhicules polluants, décidée par la mairie londonienne Labour, le problème "numéro un" dans la circonscription selon Steve Tuckwell.

- "Appel au changement" -

Les Tories essuient tout de même deux sérieux revers dans les autres circonscriptions en jeu.

A Selby et Ainsty (nord de l'Angleterre), c'est le candidat Labour qui a réussi à renverser les Conservateurs qui disposaient jusque-là d'une majorité de plus de 20.000 voix. Il s'agit du plus gros renversement de majorité pour le Labour dans une élection partielle depuis la Seconde Guerre mondiale.

Le leader travailliste Keir Starmer s'est rendu à Selby pour féliciter le nouveau député Keir Mather qui, à 25 ans, devient le benjamin de la chambre des Communes.

"Nous entendons cet appel au changement pour sortir du chaos, des factures qui augmentent, des services publics qui se délabrent", a-t-il assuré. "Nous allons y répondre."

A Somerton and Frome (sud-ouest), la candidate libérale-démocrate (centre) Sarah Dyke a évincé le conservateur sortant avec plus de 11.000 voix d'avance.

Une victoire "spectaculaire" pour le leader des "Lid-Dem", Ed Davey, qui montre que son parti est "de retour" dans ses anciens bastions de l'ouest du pays.

"Les résultats de ces élections partielles suggèrent que les conservateurs restent en grande difficulté électorale, comme nous le disent les sondages d'opinion", a indiqué sur la BBC John Curtice, influent politologue spécialiste des sondages.

- Scrutin test -

Sur les trois scrutins, le vote conservateur a diminué de 21 points de pourcentage par rapport aux dernières élections en 2019 mais la participation était également moindre, autour de 45% contre plus de 70% en moyenne il y a quatre ans.

Rishi Sunak l'avait reconnu lui-même: ces élections s'annonçaient comme une "rude bataille" alors que l'inflation plombe le pouvoir d'achat des ménages et alimente de nombreux mouvements sociaux. La hausse des taux d'intérêt étrangle les emprunteurs et l'hôpital public s'enfonce dans la crise.

La cote de confiance du Premier ministre de 43 ans est tombée cette semaine au plus bas, avec 65% des Britanniques ayant une opinion défavorable de lui, selon l'institut YouGov.

Il a répété vendredi vouloir se concentrer sur ses priorités -inflation et économie, lutte contre l'immigration illégale, réduire les files d'attente dans les hôpitaux- et a semblé écarter les rumeurs d'un remaniement immédiat, visiblement laissé pour la rentrée.

De leur côté, les travaillistes jouissent d'une avance de plus de 10 points dans les sondages et rêvent de reprendre Downing Street après 13 ans dans l'opposition.

Keir Starmer s'est cependant attiré les foudres d'une partie de ses troupes cette semaine en s'opposant à de meilleures aides sociales aux familles nombreuses. Perçu comme peu charismatique, il est jugé défavorablement par la majorité des Britanniques.

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