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Robert Hébras, dernier rescapé du massacre d’Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne), village martyr de la Seconde guerre mondiale, est mort samedi matin à l’âge de 97 ans, a annoncé sa famille à un correspondant de l'AFP.
M. Hébras "s’est éteint ce matin à 6h15 au Centre hospitalier de Saint-Junien (Haute-Vienne) entouré de ses proches", ont indiqué sa famille, la mairie d'Oradour-sur-Glane, et l'association nationale des familles des martyrs d'Oradour-sur-Glane, dans un communiqué, saluant "un passeur de mémoire, artisan de paix et de réconciliation".
Robert Hébras allait bientôt avoir 19 ans, quand le 10 juin 1944, les SS de la division Das Reich tuèrent 643 personnes dans ce village du Limousin, l'un des pires massacres de civils commis par les Nazis en Europe occidentale.
Dans des granges, ils ont abattu les hommes à la mitrailleuse, avant de les brûler. Dans l'église, ils ont enfermé femmes et enfants et mis le feu. Puis ils ont brûlé les corps, creusé des fosses et entièrement incendié le village.
Seuls six habitants, dont M. Hébras, réchappèrent au massacre.
"Je me bats depuis pour que l’on n'oublie pas", racontait-il en 2020.
"Pour moi, le drame d’Oradour, c’est l’église, où l’on a enfermé femmes et enfants. Le plus jeune avait une semaine, la plus vieille 90 ans."
Après de longues années à se murer dans le silence, Robert Hébras témoigne une première fois au procès du massacre organisé il y a 70 ans à Bordeaux, et devient un "passeur de mémoire", racontant avec précision son histoire, notamment auprès des écoliers.
"J’ai fait ce que j’avais à faire", disait cet ancien garagiste, à qui Emmanuel Macron avait remis les insignes de commandeur de l’ordre national du mérite en 2022.
"Européen convaincu" selon sa famille, et également décoré de la Légion d’honneur, puis de l’ordre du mérite allemand en 2012, Robert Hébras avait été condamné pour avoir émis des doutes sur l’enrôlement de force des "Malgré nous" alsaciens dans les Waffen SS, avant d'être définitivement blanchi par la Cour de cassation en octobre 2013.
Au cours des dernières années, M. Hébras avait transmis son travail de mémoire à sa petite-fille Agathe Hébras, avec qui il avait co-écrit un livre sur l'histoire d'Oradour-sur-Glane.