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La France devient le premier pays au monde à inscrire l'IVG dans sa constitution mais ça ne règle pas tous les problèmes

La France deviendra aujourd'hui le premier pays du monde à inscrire la liberté d'avorter dans sa constitution. Le texte devrait être voté cet après-midi à Versailles par le Congrès, la réunion de tous les parlementaires, députés et sénateurs. Christophe, c'est un choix de procédure qui a été préféré au référendum.

 Il y a deux manières de réformer la constitution en France, soit la réunion du Congrès, soit le recours au référendum. Si le projet de loi émane du gouvernement, c'est l'un ou l'autre. En revanche, si la proposition vient des parlementaires, il y a forcément référendum. Le débat a duré plusieurs mois. Au début, le combat a été mené par des femmes parlementaires, aussi bien de gauche que de droite. Cette revendication était assez ancienne, mais elle a été relancée en 2022 par la décision de certains États américains de revenir sur le droit à l'interruption volontaire de grossesse. Même s'il n'y a pas actuellement de velléité de ce genre en France, les mouvements féministes ont voulu graver cette liberté dans le marbre de la constitution. 

Le président Macron, après hésitation, s'est rallié à cette volonté. C'est finalement un projet gouvernemental qui sera présenté cet après-midi à 15h30 aux membres du Congrès. Pour être entériné, il devra être adopté par un minimum des 3/5 des 925 parlementaires, ce qui n'était pas acquis d'avance. Les sénateurs, majoritairement de droite, étaient beaucoup plus réticents que les députés. Leur président Gérard Larcher s'était même à un moment prononcé contre. Le texte présenté au vote aujourd'hui sera donc le fruit d'un compromis. Il tient en une phrase qui sera ajoutée à l'article 34 de la constitution, qui mentionnera désormais, je cite, "la liberté garantie de la femme d'avoir recours à une interruption volontaire de grossesse"

La liberté, mais non le droit comme le souhaitaient à l'origine les féministes

La liberté, mais non le droit comme le souhaitaient à l'origine les féministes. Les sénateurs ont estimé que le mot "droit" aurait eu un caractère contraignant et que les médecins n'auraient plus eu la possibilité de faire jouer leur clause de conscience. Il ne fait aucun doute que dans cette rédaction, la loi sera adoptée et scellée dans la constitution le 8 mars, lors de la journée internationale du droit des femmes. 

Mais, cet acte très symbolique ne réglera pas tous les problèmes, et notamment la difficulté à trouver un médecin pour avorter. En effet, en France, seuls 2,9% des praticiens installés en cabinet et 3,9% des sages-femmes pratiquent l'avortement. Principalement parce que c'est un acte peu valorisant et peu valorisé. Ils restent à l'hôpital, mais ils sont submergés. Quant aux médecins autrefois militants, ils partent à la retraite et peinent à être remplacés. En 10 ans, 8% des centres qui pratiquaient l'avortement en France ont été fermés. Et c'est là désormais que se situe le nouveau combat des féministes.

 

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