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CNews présente ses excuses pour avoir assimilé l'IVG à une "cause de mortalité"

Nouvelle polémique pour CNews: la chaîne d'information a présenté ses excuses lundi après une infographie controversée comparant l'avortement à la "première cause de mortalité dans le monde", à deux jours de la reprise des débats au Sénat sur la constitutionnalisation de l'IVG.

Dimanche, dans le talk-show religieux "En quête d'esprit", "une infographie présentant un comparatif entre les causes de la mortalité générale dans le monde et le nombre d'IVG dans le monde a été diffusée", a rappelé Laurence Ferrari au début de son émission Punchline.

"Ce sont des données incomparables, il est absolument impossible de comparer ces chiffres et de les mettre en miroir de ceux de la mortalité liée au cancer ou au tabac", a-t-elle insisté.

"La chaîne CNews présente ses excuses à ses téléspectateurs pour cette erreur qui n'aurait pas dû se produire" et "auprès de toutes les femmes", a-t-elle poursuivi, "avec une pensée particulière pour celles dans le monde qui luttent pour le droit à disposer de leur corps" ou "ont perdu la vie faute de pouvoir accéder à l'IVG".

Il s'agit "d'un droit garanti par la loi, il ne s'agit pour quiconque de le remettre en cause", a-t-elle ajouté. Et elle a espéré à titre personnel "que ce droit acquis de haute lutte par nos mères, par nos aînées, sera inscrit dans la Constitution", alors que le Sénat s'empare mercredi d'un texte voté sur le sujet à l'Assemblée nationale.

Sur le réseau social X, la chaîne dans le giron du milliardaire conservateur Vincent Bolloré a également présenté "ses excuses à toutes les personnes" que la séquence "aurait pu heurter".

Cette dernière "avait précisément été supprimée lors du montage final et n'aurait donc jamais dû être diffusée", a assuré de son côté le numéro 2 de Canal+, maison-mère de CNews, Gérald-Brice Viret, invoquant une " erreur technique".

Et une autre vedette de la chaîne, Sonia Mabrouk, a appelé à "garantir, défendre, sanctuariser" l'IVG "pour toujours", photo de Simone Veil à l'appui.

- "Projet civilisationnel" -

Abondamment critiquée sur les réseaux sociaux, l'infographie mise en cause a fait l'objet de nombreuses saisines de l'Arcom, confirmées par le régulateur des médias à l'AFP, et a été dénoncée par une série de personnalités politiques de gauche, comme de la majorité présidentielle.

"Ces propos sont indignes. Plus que jamais, l'inscription de l'IVG dans la Constitution engagée par Emmanuel Macron est une avancée essentielle", a réagi Frédéric Valletoux, le ministre délégué en charge de la Santé. "L'avortement est une liberté", a-t-il ajouté.

"CNews toujours plus loin dans l'abject", a fustigé Mathilde Panot, la cheffe des députés insoumis, à l'origine d'une saisine, sur X.

"Mettre sur le même plan les IVG et les décès liés au cancer… quelle honte", a abondé le député Renaissance Marc Ferracci, proche d'Emmanuel Macron. "Voilà pourquoi il est impératif d'inscrire le droit à l'IVG dans la Constitution", a ajouté cet élu.

"47.000 femmes meurent chaque année dans le monde des suites d'un avortement clandestin (...) L'avortement doit partout être garanti. C'est une liberté fondamentale de chaque femme. Inscrivons-la dans la Constitution et protégeons-la !", a réagi Aurore Bergé, la ministre chargée de l'Egalité femmes-hommes.

"Nous nous battrons pour constitutionnaliser le droit à l'IVG face à l'extrême droite et ses suppôts qui le remettent en cause", a lancé le porte-parole des députés PS Arthur Delaporte, auteur d'une saisine auprès de l'Arcom avec plusieurs députés socialistes.

S'exprimant sur X, l'historien du journalisme Alexis Lévrier a lui dénoncé plus généralement "l'existence d'une émission confessionnelle aussi idéologisée" qu'"En quête d'esprit" sur une chaîne d'info, estimant qu'elle traduit "un projet civilisationnel qui est celui de Bolloré".

En 2021, C8, autre chaîne du groupe Canal+, avait provoqué une polémique en diffusant un film américain anti-avortement.

Celle de lundi survient dans un contexte délicat pour CNews, régulièrement épinglée par l'Arcom. Sa fréquence, comme 14 autres de la TNT, sera remise en jeu pour 2025 mercredi, à la veille d'auditions de ses dirigeants et têtes d'affiche à l'Assemblée nationale.

Les échanges s'annoncent vifs, deux semaines après une décision du Conseil d'Etat sommant le régulateur de muscler son contrôle de CNews.

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