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Photomontages ou vraies images pornographiques? La question s'est trouvée au coeur des débats, mardi au tribunal correctionnel de Nanterre, où une amende de 10.000 euros a été requise contre chacun des époux Balkany, jugés pour avoir diffusé des photomontages à caractère sexuel du premier adjoint de la mairie de Levallois-Perret.
Malgré ses traits tirés et sa silhouette maigre, M. Balkany, 74 ans, a prouvé à l'audience qu'il n'avait rien perdu de son bagou et de sa gouaille.
"Si j'avais voulu lui nuire, j'avais une nuée de militants qui étaient capables de recouvrir en une nuit toutes les boîtes aux lettres de la ville, je ne l'ai pas fait", a expliqué à la barre celui qui fut maire de Levallois pendant une trentaine d'années (entre 1983 et 1995 puis 2001-2020).
Il est reproché aux Balkany d'avoir diffusé à des proches des images pornographiques de David-Xavier Weiss, l'actuel premier adjoint de la maire de Levallois, ancien proche du couple, devenu adversaire politique.
Or, comme l'a reconnu le ministère public pendant l'audience, les experts ne peuvent pas prouver avec certitude que ces images sont bien un montage.
La position du plaignant sur la question a été peu claire pendant ses différentes auditions. M. Weiss, qui a retiré sa plainte initialement déposée pour divulgation d'un document à caractère sexuel et sa constitution de partie civile, était absent de l'audience.
La confusion s'est même étendue à la procédure car, si le parquet a décidé de renvoyer les époux devant le tribunal pour la publication d'un photomontage, la convocation reçue par M. Balkany mentionnait une autre qualification: "atteinte à la vie privée d'autrui".
- "Des amis à la DGSI" -
Pour le prévenu en tout cas, la question est tranchée: il s'agit de vraies photos.
"J'ai des amis à la DGSI (direction générale de la sécurité intérieure, ndlr), qui se trouve à Levallois, je ne me suis pas gêné pour leur demander si c'était un photomontage. Ils m'ont dit, sous le sceau du secret, qu'elles n'avaient pas été retouchées", a assuré au tribunal de sa voix rauque le prévenu, volontiers showman devant la presse.
Ces photos, que les époux ont reçues imprimées dans une boîte aux lettres et sur leur téléphone, M. Balkany a assuré ne les avoir transférées qu'à cinq personnes, dont l'actuelle maire de Levallois, Agnès Pottier-Dumas, pour la "prévenir".
"Si ça m'était arrivé quand j'étais maire, je lui aurais demandé (à M. Weiss, ndlr) de démissionner. Quand on veut se présenter à une élection il y a des choses à ne pas faire", a lancé l'ancien baron des Haus-de-Seine.
Le délibéré sera rendu le 6 juin.
Depuis leur départ de la mairie de Levallois en 2020, les Balkany multiplient les critiques - parfois acerbes - sur les réseaux sociaux contre la nouvelle équipe municipale.
Isabelle Balkany, 75 ans, doit ainsi être jugée en juillet 2024 pour des propos diffamatoires tenus sur Facebook contre Agnès Pottier-Dumas.
Mardi, elle était absente de l'audience. "Elle a été opérée d'un cancer des poumons il y a un mois et elle est aujourd'hui soignée pour un cancer du pancréas à l'Institut Curie", a détaillé son mari.
La libération conditionnelle dont Patrick Balkany a bénéficié dans le cadre de sa condamnation pour fraude fiscale - qui lui a valu deux séjours en prison - prendra fin le 21 avril, date à laquelle il sera totalement libre, a-t-il expliqué. Isabelle Balkany n'a pour sa part jamais été incarcérée.
A la demande du tribunal, il a détaillé leurs revenus: les époux gagnent en cumulé une retraite d'environ 12.000 euros par mois. "Là-dessus, j'ai des prélèvements du fisc qui sont importants", s'est-il empressé d'ajouter.
Condamné pour blanchiment de fraude fiscale, le couple a été reconnu coupable d'avoir dissimulé entre 2007 et 2014 quelque 13 millions d'euros d'avoirs au fisc.