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A Dublin, Biden accueilli en enfant de l'Irlande

En voyage sentimental sur les traces de ses ancêtres, Joe Biden a été accueilli jeudi en enfant du pays en Irlande, où il a mêlé devant le Parlement la proche relation américano-irlandaise et son histoire personnelle.

Arrivé mercredi en Irlande après un passage éclair - et politiquement délicat - dans la province britannique d'Irlande du Nord, le président américain a semblé savourer l'accueil chaleureux rencontré tout au long de la journée loin de Washington, dans ce pays qu'il dit porter dans son "âme".

Après avoir reçu les honneurs militaires avec le président Michael Higgins, assisté à des matches de sports locaux comme le football gaélique avec le Premier ministre Leo Varadkar, il est arrivé tout sourire au Parlement pour s'y adresser aux députés et sénateurs, comme l'avait fait il y a 60 ans John Fitzgerlad Kennedy, seul autre président américain catholique, également d'origine irlandaise.

"Président Biden, vous êtes aujourd'hui parmi vos amis, parce que vous êtes l'un des nôtres", a assuré le président de la chambre basse du Parlement Sean O'Fearghail en l'introduisant.

"Je suis à la maison", a entamé en irlandais Joe Biden, solennel, parfois ému comme quand il a évoqué le souvenir de sa mère, avant de vanter en anglais "la force durable" des liens entre l'Irlande et les Etats-Unis mais aussi les valeurs rapprochant les deux pays: "la liberté, l'égalité, la dignité, la famille, le courage".

- Electeurs aux racines irlandaises -

Cet attachement n'est pas non plus dénué d'arrière-pensées politiques, pour un président qui envisage de se représenter en 2024.

Son enfance dans un clan irlandais soudé permet de polir une image de président issu d'un milieu modeste et travailleur. De quoi glaner peut-être des voix auprès des 30 millions d'Américains qui revendiquent des racines irlandaises.

Et l'émigration irlandaise permet à Joe Biden de marteler son discours favori, sur les promesses et les "possibilités" de l'Amérique, sur la "foi" en l'avenir et sur la "dignité" qu'il entend restaurer.

Le président américain a aussi adressé une pique au voisin britannique, appelant Londres à "travailler plus étroitement" avec Dublin pour préserver la paix en Irlande du Nord, fragilisée par les tensions découlant du Brexit.

Une telle déclaration apporte de l'eau au moulin de ceux qui ont relevé la brièveté de son passage mercredi à Belfast, pour apporter son soutien à l'équilibre en vigueur depuis la signature de l'accord de paix du Vendredi Saint il y a tout juste 25 ans.

Les institutions nord-irlandaises, censées consacrer la coopération entre les partis autrefois ennemis, sont actuellement bloquées.

Le président américain, qui a rencontré les principaux leaders politiques d'Irlande du Nord, a appelé à mettre fin à cette paralysie. Mais ce démocrate catholique et si farouchement attaché à son héritage irlandais a reçu un accueil glacial de la part des unionistes.

Attachés à l'appartenance au Royaume-Uni, ces derniers bloquent toute formation d'un gouvernement local et l'ont qualifié pour certains d'"antibritannique".

La Maison Blanche assure elle n'avoir eu que des retours "positifs" après ce bref passage à Belfast.

- Gaffe -

A Dublin, tout a été fait pour montrer que le lien du président américain avec l'Irlande va bien au-delà de la diplomatie. Sa visite, faisant écho à celle qu'il avait effectuée en tant que vice-président, en 2016, est une affaire très personnelle.

Joe Biden vient sur les traces de ses ancêtres, qui comme tant d'autres ont quitté l'Irlande ravagée par la famine au XIXe siècle, pour chercher une vie meilleure aux Etats-Unis.

Son voyage officiel comporte deux visites dans deux régions présentées comme des berceaux des Finnegan et des Blewitt, les ancêtres du président.

Il y a eu le comté de Louth (nord-est) mercredi, il y aura vendredi Ballina, dans le comté de Mayo (nord-ouest), où Joe Biden fera un discours.

Le président américain a toutefois suscité des remous avec l'une de ces gaffes dont il est coutumier.

En évoquant un cousin éloigné rugbyman, Rob Kearney, il a raconté mercredi que ce dernier avait donné du fil à retordre aux "Black and Tans", une force britannique particulièrement brutale qui avait combattu les indépendantistes irlandais dans les années 1920.

Devant le Parlement jeudi, il a corrigé: il a confié garder dans le Bureau ovale le ballon dédicacé du match de l'Irlande contre l'équipe néo-zélandaise des All Blacks.

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