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Le président israélien Isaac Herzog prononce mercredi une allocution devant le Congrès américain sur fond de tensions au sein du parti démocrate de Joe Biden sur le soutien des Etats-Unis à l'allié israélien.
Le président Herzog, qui joue un rôle essentiellement protocolaire, est bien moins clivant que le Premier ministre Benjamin Netanyahu, mais sa visite n'en suscite pas moins des remous chez les élus démocrates, certains dénonçant la "dérive" démocratique en Israël ainsi que la poursuite de la colonisation des territoires palestiniens occupés.
Elle intervient alors que des milliers d'Israéliens se sont de nouveau mobilisés mardi pour dénoncer le projet de réforme judiciaire porté par le gouvernement de M. Netanyahu, vu comme une menace pour la démocratie.
Isaac Herzog a été reçu mardi à la Maison Blanche par le président Joe Biden -- qui a salué la relation "indestructible" entre les Etats-Unis et Israël -- et n'a eu de cesse, durant cette visite de deux jours, de vanter la "force" de la démocratie dans l'Etat hébreu, sans nier les difficultés.
Reconnaissant un "débat animé" sur le projet de réforme judiciaire, il a parlé d'une "démocratie israélienne saine, forte et résiliente".
"Le président (Isaac Herzog) est un rare symbole d'unité dans une société polarisée et une valeur sûre pour Israël", a commenté mardi le plus haut élu démocrate à la Commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants, Gregory Meeks, saluant le fait qu'il "oeuvre pour amener toutes les parties à se rassembler et parvenir à un consensus" sur la réforme.
Sa visite, alors qu'Israël fête son 75e anniversaire, est l'occasion pour le tout Washington de mettre en avant son soutien "indéfectible" à l'allié israélien.
- Boycott -
Mais elle n'est pas au goût de tous et, fait rare, une poignée d'élus démocrates ont promis de boycotter le discours du président israélien devant les deux chambres du Congrès réunies en session plénière mercredi à 15H00 GMT, en guise de protestation.
La controverse a donné lieu à des accusations d'antisémitisme.
A tel point que le chef républicain de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, a fait voter une résolution mardi condamnant l'antisémitisme et assurant le soutien sans faille des Etats-Unis à Israël, en réponse à une élue de l'aile gauche du parti démocrate, Pramila Jayapal, qui a récemment qualifié Israël d'"Etat raciste".
Sous pression, elle s'est rétractée et s'en est excusée, mais les républicains sont vent debout et exigent qu'elle soit démise de la tête du groupe parlementaire progressiste à la chambre basse.
Dans un communiqué, 43 élus démocrates ont affirmé qu'ils "ne laisser(aient) jamais des voix anti-sionistes qui encouragent l'antisémitisme saper et venir perturber le fort consensus parmi les deux partis soutenant la relation entre les Etats-Unis et Israël, qui existe depuis des décennies".
Des élus démocrates ont par ailleurs demandé au "speaker" de la Chambre de retirer une invitation faite au candidat à la Maison Blanche, Robert F. Kennedy Jr., de témoigner devant une commission parlementaire sur la censure après qu'il a suggéré que le Covid-19 aurait été conçu pour épargner juifs et asiatiques.
M. McCarthy, qui s'est rendu en Israël en mai dernier et a été le premier "speaker" à prononcer un discours devant la Knesset depuis Newt Gingrich en 1998, a refusé de le faire, tout en exprimant son désaccord avec le candidat démocrate.
En février, la Chambre des représentants à majorité républicaine avait voté une motion pour expulser d'une puissante commission l'élue démocrate Ilhan Omar, une ancienne réfugiée provenant de Somalie, l'accusant d'avoir proféré des remarques antisémites par le passé.
Après son discours au Congrès, M. Herzog doit rencontrer les élus du groupe parlementaire Abraham Accords, mis en place l'année dernière en soutien à la normalisation des relations entre Israël et certains pays arabes.