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Ces nouvelles révélations de l'ancien conseil du président sont un rebondissement important dans l'enquête du procureur spécial Robert Mueller, que le milliardaire républicain s'emploie presque quotidiennement à discréditer, affirmant n'avoir eu aucun contact avec des Russes durant sa campagne. M. Mueller enquête sur les ingérences russes dans la campagne présidentielle de 2016 et sur les soupçons de collusion entre Moscou et l'équipe de Donald Trump.
Quelques minutes après la fin de l'audience, Donald Trump a contre-attaqué contre son ancien avocat, qu'il a qualifié de "personne très faible" cherchant avant tout à obtenir une peine réduite pour son implication dans des dossiers qui ne sont pas directement liés à lui. "C'était un projet bien connu (...) Ça n'a pas duré longtemps. Je n'ai pas mené ce projet" à bien, s'est défendu le milliardaire républicain, avant de s'envoler pour le sommet du G20 en Argentine, à propos de ce possible investissement en Russie.
"Il n'y aurait rien eu de mal si je l'avais mené", a déclaré le président américain. "Il ment", a-t-il néanmoins ajouté au sujet de Michael Cohen.
Dans la foulée, le président américain a annulé la rencontre prévue avec son homologue russe Vladimir Poutine, une décision qu'il a attribuée à la crise entre Ukraine et Russie. Les déclarations faites jeudi par Michael Cohen "sont un nouvel exemple du fait que vous ne pouvez pas mentir devant le Congrès sans que cela n'ait de conséquences", a déclaré le président de la commission du Sénat sur le Renseignement, le républicain Richard Burr.
Objet de poursuites pénales, M. Cohen avait déjà plaidé fin août coupable de plusieurs chefs d'accusation et, après avoir pris ses distances avec le président américain, coopère avec le procureur spécial Robert Mueller.
Il pourrait être accusé de parjure
"Aujourd'hui, (Michael Cohen) a dit la vérité et rien que la vérité. Donald Trump l'a traité de menteur. Qui croyez-vous?", a tweeté l'un des avocats de Michael Cohen, Lanny Davis. Lors d'une audition par la commission du Sénat sur le renseignement, Michael Cohen avait assuré que les contacts relatifs au projet immobilier avaient pris fin en janvier 2016, selon un document versé jeudi au dossier et rendu public.
Mais il a avoué jeudi que les discussions s'étaient en réalité poursuivies jusqu'en juin 2016, soit très tard dans la campagne présidentielle.
Michael Cohen aurait même longtemps envisagé de se rendre en Russie, notamment pour discuter avec des officiels russes des autorisations nécessaires à la réalisation du projet, a-t-il admis. L'avocat indique également qu'un officiel russe lui aurait proposé de rencontrer Vladimir Poutine lors d'un sommet à Saint-Pétersbourg, mi-juin 2016, proposition finalement restée sans suite.
Beaucoup soulignaient jeudi que l'enjeu pour Donald Trump ne concernait pas tant les contacts en eux-mêmes, qui n'étaient pas illégaux, mais davantage une éventuelle contradiction entre les déclarations de Michael Cohen et celles que le président a transmises récemment à l'équipe de Robert Mueller.
Si les versions ne se recoupaient pas, l'ancien promoteur immobilier pourrait être accusé de parjure.
"L'histoire n'a pas encore été racontée dans sa totalité"
"M. Cohen a coopéré", a déclaré, à la sortie du tribunal, son avocat, Guy Petrillo. "M. Cohen va continuer à coopérer", a-t-il promis, rappelant que son jugement était attendu le 12 décembre. "L'histoire n'a pas encore été racontée dans sa totalité", a réagi le vice-président de la commission du Sénat sur le renseignement, le démocrate Mark Warner, relevant "la série de proches de Trump qui plaident coupables, pratiquement toujours pour avoir caché leurs liens avec la Russie et les Russes".
Après avoir longtemps été considéré comme fidèle d'entre les fidèles, prêt à "prendre une balle" pour son patron, comme il le disait lui-même, Michael Cohen a pris ses distances avec Donald Trump à la fin du printemps, alors que la perspective d'une peine de prison se précisait. Outre le dossier russe, il a affirmé fin août, sous serment, avoir payé deux femmes en échange de leur silence sur une liaison supposée avec l'ancien promoteur immobilier, à la demande de Donald Trump et "pour influencer l'élection" présidentielle.
Lundi, c'est l'ancien directeur de campagne du candidat républicain, Paul Manafort, aux nombreux contacts en Ukraine et en Russie, qui a été accusé d'avoir menti au FBI alors qu'il avait accepté de coopérer en échange d'un accord de plaider-coupable.
Selon les médias américains, M. Mueller serait proche de conclure son enquête après avoir reçu les réponses écrites du président américain, qu'il attendait depuis plusieurs mois. "Aujourd'hui, plus que jamais, le procureur spécial doit être protégé de toute interférence de Trump ou du ministre de la Justice par intérim (Matthew) Whitaker", a plaidé Adam Schiff, chef de file démocrate de la commission du Renseignement de la Chambre des représentants.