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Les sociaux-démocrates (PSD, opposition) ont créé la surprise arrivant en tête des élections législatives dimanche en Roumanie, selon des résultats portant sur 90% des bureaux de vote, mais les libéraux au pouvoir sont toujours favoris pour former le futur gouvernement.
Ecarté du pouvoir fin 2019 sur fond de contestation massive dans la rue et de critiques de Bruxelles visant des "atteintes à l'Etat de droit", le PSD a recueilli environ 30% des voix, d'après ces résultats publiés lundi par l'autorité électorale.
Le parti libéral (PNL) du Premier ministre pro-européen Ludovic Orban, donné gagnant par les sondages pré-électoraux, n'a pour sa part obtenu que 25,5% des suffrages.
Cette formation compte toutefois rester au pouvoir, en s'alliant avec les réformistes de l'alliance USR-Plus, créditée de 15% des voix.
Avant le scrutin, c'était d'ailleurs le scénario avancé par le chef de l'Etat Klaus Iohannis, issu du PNL. Il a plusieurs fois exclu de permettre un retour aux affaires du PSD durant son second mandat, qui court jusqu'en 2024.
Seuls deux autres partis ont franchi la barre des 5% pour entrer au Parlement: une formation nationaliste et proche de l'Eglise orthodoxe, AUR (9%), et le parti de la minorité magyare, UDMR (6%).
Ce dernier, qui a déjà appuyé par le passé des gouvernements de centre droit, s'est déclaré prêt à former une alliance avec le PNL à l'issue du vote de dimanche.
- Lassitude -
"J'attends la démission de M. Orban, c'est ce qu'ont demandé les Roumains à travers leur vote", a réagi le chef de file du PSD Marcel Ciolacu après avoir pris connaissance de l'avance de sa formation.
"Les résultats du scrutin ne seront connus qu'après le décompte des voix", avait tempéré M. Orban, assurant que des négociations en vue de la formation du futur gouvernement allaient commencer bientôt.
Plus de 18 millions d'électeurs étaient attendus aux urnes, mais, fruit de l'effet conjugué de la résurgence du Covid-19 et de la lassitude des électeurs, seul un Roumain sur trois a voté, une abstention record pour des législatives, selon l'autorité électorale.
Corruption, clientélisme, arrogance: les récriminations des électeurs envers les partis politiques sont nombreuses.
"Je n'ai aucun espoir de changement", avait confié à l'AFP un électricien à la retraite, Gheorghe Preda, après avoir voté. Selon lui, depuis 30 ans, les deux principaux partis politiques, PSD et PNL, se relaient au pouvoir et "oublient leurs promesses" aussitôt après la fin de la campagne.
- Mobilisation de la diaspora -
Alors que les analystes avaient mis en garde contre une faible mobilisation, les appels à voter n'avaient pas manqué : le philosophe et écrivain Mihai Sora, 104 ans, avait encouragé dès la première heure les Roumains âgés de "18 à 100 ans+" à se rendre aux urnes. Ce militant actif pour une justice indépendante a ajouté avoir lui-même "voté avec confiance et espoir, en pensant à (mon) pays et à l'avenir de ses habitants".
Adina Ionescu, 42 ans, qui accompagnait ses filles adolescentes à la patinoire, a assuré qu'elle accomplirait son devoir électoral en fin de journée, formulant le voeu d'un "gouvernement composé de jeunes, soucieux de l'environnement et du bien-être des Roumains".
A l'étranger, où les bureaux de vote avaient ouvert dès samedi, plus de 260.000 personnes avaient exprimé leur suffrage, soit deux fois plus que lors du précédent scrutin de 2016. Jeunes et actifs pour la plupart, ces électeurs sont généralement favorables à l'alliance USR-Plus et à son programme prônant un assainissement de la classe politique.
Poussés par la pauvreté, 4 millions de Roumains ont émigré ces dernières années notamment en Europe de l'Ouest, à la recherche d'emplois mieux rémunérés.