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Débarqué de l'Élysée cet été, l'intéressé a répliqué en accusant l'entourage du chef de l'État de nuire à sa reconversion professionnelle avec des "propos diffamatoires".
Que faisait M. Benalla au Tchad début décembre et pourquoi a-t-il rencontré le président Idriss Déby avant la visite d'Emmanuel Macron à N'Djamena samedi et dimanche ? Les versions de l'Élysée et de M. Benalla concordent sur ce point : aucune mission officielle ni officieuse pour le chef de l'État.
Dans un communiqué transmis à l'AFP mercredi matin, l'ancien chargé de mission de l'Élysée, âgé de 27 ans, explique qu'il accompagnait "une délégation économique étrangère dans le cadre d'investissements qu'ils vont effectuer sur place", pour un projet industriel de 250 millions d'euros.
"Ça n'a rien à voir avec Emmanuel Macron, rien à voir avec l'Élysée", assure-t-on dans l'entourage de l'ex-responsable de la sécurité d'En Marche, en précisant qu'Alexandre Benalla a "donné un coup de main" à "quelqu'un qu'il connaît depuis 2012".
Il s'agissait de "grands patrons du Moyen-Orient (...) susceptibles de créer 3.000 emplois au Tchad, de construire des usines", a dit l'ex-chargé de mission à l'Express.
Durant sa mission à N'Djamena début décembre, le jeune expert en protection des personnalités a notamment rencontré pendant deux heures le président tchadien Idriss Deby, allié clé de la France dans les opérations antijihadistes au Sahel.
Mis en lumière lundi par le journal Le Monde, ce rendez-vous de haut niveau a soulevé des interrogations, poussant l'Élysée à une clarification. Notamment parce qu'elle a eu lieu trois semaines avant la visite du président Macron à N'Djamena, pour un réveillon de Noël ce week-end auprès des troupes françaises.
"Je ne me tairai plus"
"Quelles que soient les démarches qu'entreprend M. Benalla, il n'est pas un émissaire officiel ou officieux de la présidence de la République. S'il se présentait comme tel, il est dans le faux", a assuré l'Élysée à l'AFP mardi soir.
Mais l'ancien chargé de mission n'a pas apprécié, dénonçant des propos "diffamatoires" et "calomnieux", "sous-entendant" qu'il ait pu se "prévaloir d'une fonction, d'un titre, ou d'un pouvoir aux fins de démarchages professionnels".
Selon lui, l'entourage d'Emmanuel Macron veut "saccager" ses vies familiale et professionnelle. Et il menace : "Je ne me tairai plus".
L'ancien collaborateur de l'Élysée a par ailleurs affirmé avoir "tenu informé la plus haute autorité française de l'ensemble de (s)es déplacements à l'étranger, et de leur nature".
La présidence a elle précisé mercredi à l'AFP qu'Alexandre Benalla n'a informé l'Élysée qu'après son voyage, "la semaine dernière". Sollicité, le Quai d'Orsay a précisé que M. Benalla était allé au Tchad sans prévenir "quiconque" au ministère.
Cet imbroglio remet sur le devant de la scène l'homme à l'origine de la plus retentissante affaire de la présidence Macron, accusé d'avoir outrepassé ses fonctions en participant à une interpellation musclée en marge des manifestations du 1er mai à Paris. D'abord dissimulé par l'Élysée, l'incident a conduit à la mise en examen de M. Benalla notamment pour "violences volontaires", et à une tempête politique.
Alexandre Benalla est "un personnage vraiment obscur", "toujours là où il ne faut pas", a jugé le député LFI Eric Coquerel sur LCI.
"Il faut qu'il nous explique très clairement pourquoi il est allé au Tchad, dans quelles conditions, de manière qu'on ne puisse pas supposer qu'il y a un lien entre ce qu'il fait et la démarche de Macron", a aussi estimé le député RN Gilbert Collard, sur LCI.
"Je trouve ça bien que l'Élysée clarifie sa position vis-à-vis de M. Benalla, inquiétant que M. Benalla se mette à menacer l'Elysée", a pour sa part affirmé le président de l'UDI Jean-Christophe Lagarde.
Pour le député de la majorité LREM Jacques Marilossian, le seul enseignement de ce voyage est que "M. Benalla n'a rien à voir avec l'Élysée, point barre".