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Un Diego Velázquez a-t-il été découvert? Un tableau, jusque-là présenté comme néerlandais, a enrichi vendredi l'exposition du Musée des Beaux-Arts d'Orléans sur le maître de la peinture baroque espagnol, soulevant la question de son attribution à l'artiste sévillan du XVIIe siècle.
Ce tableau, prêté par à un collectionneur privé, représente "Saint Simon le Zélote", dans une posture qui rappelle les autres apôtres de Velázquez. La toile a longtemps été attribuée à un peinte néerlandais, Dirck van Baburen, l'une des figures de proue de l'école caravagesque d'Utrecht entre 1620 et 1630.
Grâce à la circulation des images de l'exposition orléanaise "Dans la poussière de Séville, sur les traces du Saint Thomas de Velázquez", un marchand d'art a signalé l’œuvre à Guillaume Kientz, directeur de l'Hispanic Society Museum de New York, qui a suggéré un rapprochement avec Velázquez.
L'ancien responsable des peintures espagnoles au Musée du Louvre a pu découvrir en vrai le tableau vendredi, livrant une première analyse pour l'AFP.
"Stylistiquement, il est tout à fait en lien avec le monde de Velázquez", a déclaré l'historien d'art, qui avait organisé l'exposition Velázquez au Grand Palais en 2015.
-"Évidence dans l’exécution"-
"Ce que me suggère la vision directe de ce tableau, c'est qu'il a un lien avec Velázquez. Il est aussi très proche dans sa facture d'un Saint-Pierre que peint Velázquez, un peu plus tard vers 1622", a poursuivi le spécialiste, qui n'a pas voulu s'avancer plus.
"C'est un processus de maturation qui est un processus lent. Je ne veux pas trop me laisser déborder par des premières impressions sur le tableau. Il est magnifique, extrêmement bien exécuté avec une sûreté dans la facture, une évidence dans l'exécution", a-t-il analysé.
"L'histoire de l'art n'est pas très différente de l'archéologie. (...) Il ne nous reste plus que des fragments, et, à partir de ces fragments, on essaie de reconstituer une réalité. Ce tableau a été hors contexte, maintenant, il a trouvé son contexte. Il faut le laisser un peu évoluer dans son contexte", a comparé M. Kientz.
"Il faut laisser les choses se décanter, voir s'il y a plus ou moins consensus dans la communauté scientifique", a-t-il ajouté.
"Si ce n'est pas un Velázquez, ça veut dire qu'il y a un très bon peintre qui travaillait à Séville, dans les mêmes années que Velázquez", a-t-il conclu, reconnaissant toutefois que le Séville des années 1620 restait encore "très nébuleux".
A partir du Saint Thomas de Velázquez appartenant au musée, l'exposition orléanaise propose de partir sur les traces du peintre espagnol (1599-1660) et des pièces manquantes de sa série sur les apôtres.