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Comment perdre du poids ? En cette période printanière, cette question résonne peut-être dans la tête de certaines personnes. Certains désirent se débarrasser de quelques kilos superflus. D’autres espèrent diminuer drastiquement leur poids affiché sur la balance. La finalité est de se sentir mieux dans son corps et parfois d’éviter des problèmes de santé liés au surpoids.
Virginie (nom d'emprunt), une Montoise âgée de 31 ans, raconte avoir mené ce combat compliqué contre les kilos en quelques années. Après une prise de poids plutôt exceptionnelle, elle affirme avoir perdu 60 kilos sans recourir à la chirurgie gastrique. "Avec beaucoup de courage et de volonté, tout en étant patiente, j’y suis arrivée. Le combat vaut le coup", témoigne la jeune femme via notre bouton orange Alertez-nous.
A la suite de la grossesse de mon fils, j’ai pris énormément de poids, jusqu’à atteindre environ 120 kilos
Selon la Montoise, c’est un événement particulier qui a déclenché un énorme bond sur sa balance. "En 2009, à la suite de la grossesse de mon fils, j’ai pris énormément de poids, jusqu’à atteindre environ 120 kilos", assure la mère de famille. "Je ne sais pas pourquoi j’ai pris autant de poids, peut-être à cause du changement hormonal. J’ai eu pas mal de rétention d’eau. En tout cas, ma gynécologue n’était pas très contente. Elle me disait de faire attention à mon alimentation mais je n’avais pas l’impression que cela était forcément dû à ce que je mangeais", ajoute Virginie.
Une grossesse est effectivement un moment propice à une prise de poids puisque le corps féminin a alors tendance à stocker davantage. "Pendant cette période, la femme prend beaucoup plus facilement du poids car son organisme développe une capacité supérieure à faire des réserves de graisses en vue de l’après-grossesse, en vue de l’allaitement qui lui pompe, consomme des calories par le lait maternel. Cela n’arrive donc pas systématiquement, mais c’est quelque chose qui assez connu", explique Nicolas Guggenbühl, diététicien nutritionniste.
En moyenne, une femme prend une dizaine de kilos pendant sa grossesse
Virginie prétend avoir pris environ 60 kilos. "Rien n’est impossible. Mais cela me paraît tellement énorme. Ce n’est pas rare de prendre 20 kilos, mais c’est alors déjà une prise de poids trop importante qui représente un risque tant pour la mère que pour le bébé. En moyenne, une femme prend une dizaine de kilos pendant sa grossesse", réagit Guillaume De Galan, gynécologue.
Quand les kilos se sont multipliés, je l’ai très mal vécu
La cas de la Montoise, que nous ne pouvons pas confirmer, semble donc exceptionnel. Mais, en tout cas, pour cette jeune femme, la transformation physique est très perturbante. "Quand les kilos se sont multipliés, je l’ai très mal vécu. Voir son corps se transformer, c’est compliqué. D’autant plus qu’avant ma grossesse, je n’ai jamais eu de souci particulier avec la nourriture", assure la trentenaire qui faisait de la boxe.
Au-delà de ce changement physique, Virginie révèle devoir subir des critiques, des commentaires. Une souffrance psychologique. "On me disait 'Arrête de manger, tu es une grosse baleine'. C’était difficile à vivre", se souvient la jeune femme.
Une seconde grossesse totalement différente
Après la naissance de son fils, elle parvient à perdre quelques kilos en alliant sport et régime. En 2013, elle tombe à nouveau enceinte. L’angoisse de grossir la submerge et son comportement est totalement différent. "Pendant cette seconde grossesse, je n’ai pris que 5 kilos. Je ne voulais pas grossir. En plus, j’étais malade, je ne supportais pas les odeurs et je ne n’avais pas envie de manger. C’était tout à fait l’inverse que lors de ma première grossesse. Je pense que c’était un peu psychologique aussi", raconte Virginie. Après la naissance de sa fille, elle affirme peser environ 90 kilos.
Un an plus tard, elle subit une abdominoplastie pour enlever l’excès de peau. "C’était inévitable. Après cette opération, je me sentais mieux dans mon corps, mais je n’étais pas encore satisfaite. Le chirurgien m’a dit qu’il ne pensait pas que je pourrais maigrir davantage par moi-même. J’ai parié avec lui et j’ai gagné. J’ai encore perdu 30 kilos", assure la mère de famille.
Il faut tenir le coup, ensuite cela devient une habitude
Comment Viriginie a perdu autant de poids ?
Mais comment est-elle parvenue à perdre ces nombreux kilos en quelques années ? "Grâce à un régime personnalisé de longue durée, beaucoup de sport et une rage d’atteindre mon objectif. Je ne voulais pas mettre un anneau gastrique pour perdre du poids", raconte Virginie, qui exerce le métier de cuisinière.
Le premier changement capital est donc lié à sa nourriture. Après quelques tentatives ratées, la Montoise parvient à trouver une méthode qui semble efficace. "Au début, j’ai essayé plusieurs régimes, mais j’ai craqué. Les premières semaines, c’était très difficile. L’estomac réclame beaucoup et il faut tenir le coup. Ensuite, cela devient une habitude", confie-t-elle.
Virginie élabore elle-même un régime alimentaire, essentiellement à base de légumes, de frais et de viande blanche. "J’ai éliminé le sucre, les graisses et les féculents", précise-t-elle.
L'avis d'un diététicien nutritionniste
Qu’en pense Nicolas Guggenbühl ? Pour ce diététicien nutritionniste, cette perte abondante de kilos décrite par Virginie est tout d’abord plausible. "Le poids est le reflet de l’équilibre entre ce qu’on ingère comme calories et ce qu’on dépense comme calories. A partir du moment où quelque soit la forme que prend le régime mais où on arrive à une restriction calorique, c’est-à-dire finalement à dépenser plus que ce qu’on ingère, forcément il y a une perte de poids qui peut être importante", indique le spécialiste.
"Et apparemment ici c’est le cas puisqu’il y a eu une combinaison d’une réduction des apports caloriques avec diminution des féculents, des sucres, des graisses, qui sont la forme la plus concentrée en énergie puisqu’un gramme de graisse apporte 9 kilos calories. Donc plus du double d’un gramme de sucre ou d’amidon qu’on retrouve dans les féculents par exemple", ajoute-t-il.
Eviter les régimes trop restrictifs: "On ne peut pas vivre que de fruits et de légumes'
Nicolas Guggenbühl souligne toutefois qu’il faut éviter de supprimer des nutriments essentiels de son alimentation quand on veut réduire son apport calorique. "Si on enlève toutes les graisses par exemple, le risque c’est de manquer de certains acides gras essentiels. Or, on a besoin d’en consommer que ce soient au travers de certaines huiles végétales, certaines noix ou fruits à coque, graines. C’est important de garder une qualité alimentaire globale la plus élevée possible pour ne pas nuire à sa santé", insiste-t-il.
Le diététicien déconseille d’ailleurs les régimes trop restrictifs: "On ne peut pas vivre que de fruits et de légumes. Une vache peut vivre en mangeant de l’herbe mais nous avons besoin de plus que ça".
Bannir les féculents, une bonne idée ?
Concernant la privation de féculents, cet expert de la nutrition estime qu’il ne s’agit pas en soi d’un problème. "Mais sur le long terme, c’est bien de maintenir un peu de céréales complètes qui ont des effets bénéfiques sur la santé. Le fait de s’en priver complètement, cela interroge les chercheurs. Il est probable qu’à long terme ce ne soit pas souhaitable", révèle le nutritionniste. "En plus, les céréales complètes sont utiles quand on veut perdre du poids car il existe un effet rassasiant plus marqué parce qu’ il y a plus de fibres. Le simple fait de remplacer les céréales raffinées par des céréales complètes sans changer la quantité conduit à une perte de poids. C’est un élément favorable à la perte de poids sans sentir de privation", souligne-t-il.
Perdre un kilo par mois, c’est très bien comme vitesse de croisière
Selon lui, mieux vaut également ne pas être trop impatient quand on entame un régime. Le combat de Virginie contre ses kilos a duré plusieurs années. Et cette perte progressive est une bonne chose pour notre spécialiste. "Perdre un kilo par mois, c’est très bien comme vitesse de croisière parce que cela permet de perdre lentement, tout en s’adaptant à cette nouvelle façon de manger", explique Nicolas Guggenbühl.
D’après lui, les régimes contraignants qui permettent de fondre en peu de temps sont généralement contreproductifs. Après un ou deux ans, ils sont un échec dans 80% des cas. "On préfère donc une restriction un peu moins sévère avec des résultats un peu plus lents. Le principal danger dans l’amaigrissement, c’est de reprendre du poids après. C’est l’effet yoyo. On perd beaucoup de poids en très peu de temps, puis on craque, on se remet à croquer, on reprend du poids. On arrive un petit peu au-delà du poids précédent, on culpabilise et on recommence un régime. C’est une spirale assez infernale parce qu’elle conduit à terme à une augmentation lente mais sûre du poids sans évoquer aussi des troubles éventuels du comportement alimentaire qui peuvent être associés", explique le diététicien.
Il déconseille d’ailleurs fortement tous les régimes trop monotomes. "Les monocures, les régimes soupes, les cures lemon detox, les régimes ananas, etc. Les régimes basés que sur des fruits et des légumes sont dangereux. Il faut maintenir des sources de protéines".
Virginie ne mangeait plus après 17h: le jeûne intermittent est-il conseillé ?
En plus de privilégier une alimentation saine, Virginie confie avoir pris l’habitude de ne plus remplir son estomac le soir. "A partir de 17h, je ne mangeais plus jusqu’au lendemain matin".
C’est ce que l’on appelle le jeûne intermittent. Une méthode assez tendance. Elle consiste à réduire la période pendant laquelle on mange. Habituellement, on prend un petit déjeuner, puis on mange le midi et le soir. On s’accorde éventuellement l’une ou l’autre collation la matinée et/ou l’après-midi. On mange donc pendant une fenêtre qui est de l’ordre de 12 heures. Si on réduit cette fenêtre à 8-10h, cela veut dire que l’on prolonge la période de jeune, la période pendant laquelle on ne mange pas sur un cycle de 24 heures.
Mais est-ce une bonne idée ? "Pour l’instant, ce genre de protocole dans les études qui sont menées semble donner des résultats sur une perte de poids qui est plus facile puisque finalement on mange tout simplement moins, sans faire attention, sans compter les calories. On fait juste attention à l’horloge. Cela a un côté très simple", réagit Nicolas Guggenbühl.
Concrètement, cela consiste à sauter un repas, le petit-déjeuner ou l’assiette du soir. "Sur 24 heures, l’organisme va vivre plus longtemps sur ses réserves et donc il va plus pomper dans ses réserves que s‘il est nourri plus régulièrement", explique le diététicien qui conseille plutôt de maintenir le petit-déjeuner et de faire l’impasse sur le repas du soir. "Physiologiquement cela n’a pas beaucoup de sens d’apporter des calories en masse avant une période d’inactivité, qui est le sommeil".
La Montoise allie son régime au sport: un jogging matinal et une séance de fitness
Autre élément important: Virginie a associé son régime alimentaire avec une dose quotidienne de sport. Une alliance cruciale pour perdre du poids. "Dans tous les programmes de perte de poids, on conseille de coupler les deux. D’ailleurs le fait de pratiquer du sport au cours d’un régime est identifié comme un facteur de réussite", souligne le nutritionniste.
"Adapter son alimentation, si on a un mode de vie complètement sédentaire, cela peut suffire mais cela va nécessiter une restriction beaucoup plus importante et donc un régime plus difficile à suivre. Et le sport tout seul ne suffit pas car il ouvre l’appétit", précise-t-il.
Un avis confirmé par Nicolas Pascucci, coach sportif depuis de nombreuses années. "Pour moi, la priorité c’est l’alimentation. C’est changer ses mauvaises habitudes. Si on fait du sport en mangeant mal, cela ne sert à rien. Bouger, cela fait évidemment partie d’une bonne hygiène de vie de manière générale. C’est très important. A côté de cela, il y a d’autres facteurs qui entrent en jeu, comme le stress et le bon sommeil ", souligne-t-il.
Pour lutter contre ses kilos, Virginie a mis en place un planning assez intense. "Tous les matins, je partais à 5h pour courir 45 minutes avant d’aller travailler. Et tous les jours, j’allais 1h30 à la salle de fitness. Je faisais beaucoup de cardio mais aussi de la musculation pour raffermir mon corps", détaille la trentenaire.
Réaction d'un coach sportif: "Deux séances par jour, c’est énorme"
Nicolas Pascucci déconseille toutefois un tel programme pour les personnes qui commencent une activité physique, qui n’ont pas fait de sport depuis longtemps, voire qui sont vraiment en surpoids. "Deux séances par jour, c’est énorme. Et cela peut nuire à la santé en provoquant des blessures. Pour moi, la progression est très importante. L’idéal, c’est 3 à 4 séances par semaine en alliant travail cardiovasculaire et musculaire", indique le coach sportif.
Selon lui, il faut mettre en place des phases de récupération. "Quand on fait du sport, il y a des dégradations au niveau de toutes les structures, que ce soit musculaire, tendineux, etc. Il faut donc laisser le temps au corps de reconstituer tout ça. On conseille souvent de mettre un jour de repos entre les séances, mais cela va dépende de la méthode d’entraînement, de l’activité. Deux séances par jour tous les jours, c’est donc étonnant qu’elle n’a pas eu des soucis physiques", commente Nicolas Pascucci. "Si l’intensité de l’effort est modérée, si elle faisait ses exercices calmement, sans trop forcer, c’est possible qu’elle n’ait aucun problème", ajoute-t-il.
Je conseille des exercices et des activités plutôt soft comme la natation et le vélo
Le coach sportif ne préconise en tout cas pas le jogging comme activité sportive aux personnes en surpoids. "Je conseille des exercices et des activités plutôt soft comme par exemple la natation, le vélo. Pourquoi pas la course à pied mais à ce moment-là en allant progressivement, en alternant course et marche. Si j’ai par exemple en face de moi une dame qui a 60 kilos de trop, qui reprend une activité physique, je vais plutôt lui dire de courir 30 secondes puis de marcher pendant 2-3 minutes et ensuite progressivement de diminuer le temps de marche en augmentant le temps de course. Un renforcement musculaire est aussi nécessaire. A ce niveau-là, il n’y a pas vraiment de contre-indications en termes de poids".
Et pour Nicolas Pascucci, il vaut mieux maigrir de façon progressive. "On conseille de ne pas perdre plus de 2-3 kilos par mois".
Aussi bien le coach sportif que le nutritionniste insistent également sur le fait qu’une personne n’est pas l’autre. Nous ne sommes pas égaux face aux calories. Certains organismes stockent davantage que d’autres et certains éliminent plus facilement que d’autres. Notre passé alimentaire et sportif joue un rôle. Il existe une espèce de mémoire du corps. "Ce que je remarque de plus en plus avec mon expérience, c’est que c’est vraiment du cas par cas. Ce n’est pas parce que cette jeune femme a perdu autant de poids qu’une autre va réussir en faisant la même chose. Chaque personne est différente, chaque suivi est différent. Il y a plein de facteurs qui rentrent en jeu. Il faut vraiment le savoir", insiste Nicolas Pascucci.
C’est obsessionnel, cela laisse des traces. Je me pèse toujours matin et soir. Mais mon poids est stabilisé
Aujourd’hui, Virginie reste très vigilante. "Je mange normalement, je vais au restaurant, tout en faisant attention. J’évite les chips, les frites, les bonbons. Tout ce qui est gras et sucré. Le soir, je continue aussi à faire du jogging. Mais je n’ai plus besoin de faire du sport avec la même intensité", raconte la mère de famille.
Malgré une nouvelle opération récente pour enlever l’excès de peau au niveau de sa poitrine, elle confie ne pas encore se sentir totalement bien dans son corps. Et psychologiquement, elle reste marquée par sa prise de poids. "C’est obsessionnel, cela laisse des traces. J’ai une crainte latente de prendre du poids, c’est pour ça que je continue à me peser matin et soir. Et si je prends un kilo, je suis à la diète le lendemain. Mais c’est rare car je ne fais pas le yoyo. Mon poids est stabilisé à 58 kilos", se réjouit-elle, fière d’avoir gagné son combat contre la balance.