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A chaque fois qu'Henri s’attable à une terrasse, il scrute les endroits où se trouvent des fumeurs. Selon lui, il est devenu impossible de manger sans être importuné par la fumée de cigarette. Ce grand-père se demande pourquoi les autorités ne prennent pas une décision en la matière. Fumer en terrasse, est-ce que ce sera bientôt interdit?
"Si vous êtes non-fumeur, il devient quasiment impossible de jouir d’une terrasse sans être importuné par la fumée de cigarette, et surtout en mangeant. C’est très désagréable", déplore Henri via le bouton orange Alertez-nous.
Ce consultant indépendant dresse ce constat amer quand il prend un repas à l’extérieur. "Quand vous êtes obligés de déménager votre assiette pour aller à l’intérieur pour finir votre repas, je trouve que cela va trop loin", estime-t-il.
Les réactions sont parfois extrêmement agressives
Pour Henri, les non-fumeurs ne devraient pas être victimes de tabagisme passif. "Je ne suis pas anti-fumeurs mais antitabac. Les gens qui veulent fumer, c’est leur droit. Mais moi, j’ai aussi le droit de ne subir les méfaits du tabac de manière indirecte. Et surtout mes enfants et petits-enfants", souligne-t-il.
D’après lui, les réactions des fumeurs sont souvent peu respectueuses. "Avant quand on pouvait fumer, il y avait encore une certaine courtoisie et politesse. Les gens vous demandaient si cela vous dérangeait. Aujourd’hui, cela a complètement disparu. Et si vous faites la remarque à quelqu’un, les réactions sont parfois extrêmement agressives", assure Henri.
Des terrasses séparées, la solution ?
Faut-il dès lors interdire de fumer en terrasse ? Le consultant privilégie malgré tout plutôt le dialogue à une interdiction. "Les patrons de l’horeca pourraient peut-être prendre des initiatives en créant des espaces pour les non-fumeurs. Je souhaiterais aussi voir des affiches "Soyons courtois" ou "Ne fumons pas en présence d’enfants", comme c’est le cas aujourd’hui en voiture. Il faudrait trouver des solutions où on se respecte un peu plus", estime Henri.
Cette idée de terrasses séparées ne semble pas convaincre tout le monde. C’est le cas d’un barman d’un café bruxellois qui dépeint une situation beaucoup moins problématique. "Je trouve que c’est une bonne chose d’avoir arrêté la cigarette à l’intérieur des bars. A l’extérieur, tant qu’il y a du respect et de la sensibilité, je ne pense pas qu’il soit nécessaire de créer un espace séparé pour les fumeurs", confie Anton. "Ici, nous avons une grande terrasse et je n’ai jamais été témoin de grands conflits", ajoute le jeune homme, tout en débarrassant les tables garnies de cendriers.
J’essaie de faire attention, surtout aux enfants
Un peu plus loin, deux fumeurs sont assis à une table. Ces jeunes assurent prendre en compte leur entourage quand ils allument une cigarette. "On peut concevoir que la fumée dérange. Du coup, on essaie de se mettre dans un coin où on ne va pas importuner les gens. J’essaie de faire attention, surtout aux enfants", témoigne Eddy. "Je peux comprendre que les gens se sentent incommodés par la fumée, surtout quand ils mangent", ajoute Ilona.
Pour éviter des problèmes, Henri estime que les autorités devraient se positionner et prendre des décisions en la matière. "J’ai discuté avec des restaurateurs et certains ne demandent pas mieux qu’il y ait une législation claire car ce n’est pas à eux de gérer les conflits en terrasse. Ils ont déjà assez de travail comme ça. Mais il y a un manque de courage politique concernant ce dossier", regrette le consultant.
"Interdire la cigarette en terrasse, cela serait dramatique pour le secteur"
D’après la porte-parole du ministre de la Santé Frank Vandenbroucke, des discussions sont actuellement en cours à ce sujet. "L’interdiction de fumer en terrasse de restaurants a été discutée au sein du groupe de travail, mais il n'y a pas encore eu de consensus au niveau fédéral", indique Sandrine Daoud.
En tout cas, la fédération horeca Bruxelles ne voit pas d’un bon œil l’instauration d’une telle loi interdisant la cigarette en terrasse. Elle craint des conséquences importantes au niveau financier pour le secteur. "Economiquement, cela serait dramatique car quelqu’un qui consomme, que ce soit à boire ou à manger, donc restaurant, bar ou café, pourrait moins consommer parce qu’il serait contraint de ne pas fumer", souligne Ludivine de Magnanville, présidente de la fédération horeca Bruxelles. "Je pense que c’est à l’établissement de trouver des solutions plus qu’imposer de manière générale", estime-t-elle.
Au niveau fédéral, un plan anti-tabac a été adopté en décembre dernier. L’interdiction de fumer dans divers lieux publics continue d’être discutée.