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"Je suis détruit de l'intérieur": victime de harcèlement à l'école, Roby garde de lourdes séquelles des années plus tard

Roby nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous. Il désire raconter son histoire, mettre en garde contre le harcèlement. Il en a été victime pendant toutes ses secondaires. Une situation qui le hante encore aujourd'hui. À 24 ans, il essaye de "se reconstruire".

"J'ai pris conscience tard de l'impact que ça a eu sur moi", raconte Roby en évoquant le harcèlement qu'il a subi à l'école secondaire. Le jeune homme de 24 ans, actuellement interné, est suivi par des professionnels pour essayer de chasser ses démons. Moqueries, violences et autres railleries, toutes les agressions qu'a endurées Roby l'ont "détruit de l'intérieur".

Il raconte: "J'ai vécu plusieurs formes de harcèlement, mais pour moi, c'était normal, je voulais être ami avec les autres donc je faisais ce qu'on me demandait. Si on me disait de chanter, je chantais alors que je chantais mal. Du coup, on se moquait de moi et je ne le voyais pas." Encore maintenant, ces souvenirs sont douloureux: "Toute l'école se rassemblait autour de moi pour se moquer." Il se souvient particulièrement d'une fois où ses camardes de classe l'ont "poussé dans les toilettes": "J'ai eu des coups, des cicatrices et l'image de cet instant où j'ai vu du sang sur mon visage me fait encore peur."

Je n'arrivais plus à dormir, à manger

Avec le temps, le jeune garçon s'est rendu compte qu'il était "isolé des autres", qu'il n'avait "pas d'amis". Pourtant, aussi étrange que cela puisse paraître, c'est quand tout s'est arrêté, à la fin des études secondaires que ça a été le plus difficile pour Roby. Il explique: "Une fois que j'ai arrêté l'école, c'est comme si je n'étais plus sous l'emprise de mes harceleurs. Être victime, à l'époque, c'était normal. C'est l'arrêt de la normalisation du harcèlement scolaire qui m'a fait un choc." Celui qui a désormais 24 ans a gardé des séquelles physiques et psychologiques: "J'ai fait des crises d'angoisse qui pouvaient durer plusieurs heures, tous les jours, je me suis mutilé les bras, je n'en pouvais plus, je n'arrivais plus à dormir, à manger."

Si Roby parle au passé, c'est parce qu'il se fait aider désormais, il est dans un hôpital depuis quelques mois, mais le chemin est encore long: "Je souffre d'anxiété sociale, j'ai toujours peur d'aller vers les autres, je suis hypersensible. J'ai parfois peur du bruit, de la lumière, de subir une nouvelle agression, de tout."

"Une agression est toujours injustifiée"

Nous avons interpellé le psychologue Jérôme Vermeulen sur la situation de Roby. Il explique que si ce n'est pas le cas pour tout le monde, il est tout à fait possible d'avoir des séquelles du harcèlement scolaire à l'âge adulte: "Toutes les personnes qui ont vécu un traumatisme sont plus vulnérables à la dépression et aux troubles anxieux, c'est une généralité." Le psychologue précise que "ça ne veut pas dire que toutes ces personnes vont être dépressives".

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Il explique que "la manière dont le harcèlement est traité pondère la fragilité à postériori". En d'autres termes, les adultes jouent un rôle primordial. Un maître-mot: "Le harcèlement est une agression et une agression est toujours injustifiée." Il continue: "On a tendance à chercher des explications du côté de la victime, ce sont des discours qu'il faut absolument exclure."

Ainsi, le spécialiste veut proscrire tous les discours de parents qui sans le vouloir minimisent, "ça n'aide pas l'enfant". Il donne des exemples: "S'ils font ça, c'est qu'ils sont malheureux", "Les ados sont un peu durs entre eux, ce n'est pas si grave", ou encore "Prends ça avec humour." Autant de discours que le psychologue juge contreproductifs et invite à ne pas utiliser.

Mais avant d'en arriver là, "la première chose à faire, c'est la prévention" avance Jérôme Vermeulen: "Le harcèlement doit être pris en charge aux premières manifestations par des personnes qui savent de quoi elles parlent et qui vont avoir les moyens d'intervenir."

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Un avis partagé par le ministre fédéral de la Santé, Frank Vandenbroucke qui évoque l'augmentation de 330 millions d'euros au budget disponible pour les soins relatifs à la santé mentale: "Une partie importante de ce budget soutient l'organisation de soins psychologiques de proximité. Nous demandons aux psychologues de ne pas attendre les gens, mais d'aller là où les gens avec des problèmes se présentent. C'est une nouvelle méthode, on n'attend pas l'escalade des problèmes mais on organise des interventions précoces."

La boxe comme exutoire

Si tout le monde est d'accord, y compris Roby qui tient à sensibiliser les jeunes sur la question du harcèlement scolaire, le phénomène est loin d'être éradiqué. Des gens comme Roby, il n'y en a pas qu'un dans notre pays et c'est pour aider ces personnes qu'Ibrahim a mis en place l'asbl Team Wakanda.

Lui-même victime de harcèlement scolaire plus jeune, il donne désormais des cours de boxe à d'anciennes victimes: "Le but, c'est de redonner confiance. Il y a certains jeunes qui ont vécu du harcèlement et depuis qu'ils viennent ici, on voit du changement. Ils s'expriment facilement, rigolent avec les autres,…"

C'est le cas de Tom et Ines, ces deux adeptes ont 15 ans et affirment que la pratique de ce sport, dans ce contexte, leur a apporté "beaucoup de confiance" en eux. Pari réussi pour Ibrahim qui accueillera peut-être Roby, un jour, dans sa salle. "Quand je vois la vie des gens qui change, ça me pousse à continuer", conclut le coach.

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  • Des actes e harcèlement constituent des traumatismes qui tant qu'ils ne sont pas traités laissent des traces émotionnelles importantes - Roby utilise le terme "détruit de l'intérieur" mais une fois traités, on peut parfaitement se reconstruire, il n'y a pas de fatalité. Louis Szabo, thérapeute émotionnel, praticien de la Technique de Régulation Emotionnelle

    Louis Szabo
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