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Laurence "scandalisée" par le délai de remboursement des soins logopédiques: "J'ai toujours la même réponse"

Depuis octobre 2023, le fils de Laurence va chez une logopède trois fois par mois. Au total, elle a payé 1.400 euros pour les séances ainsi que pour les frais des tests et bilans médicaux. À ce jour, elle n'a toujours pas reçu de remboursement de la part de sa mutualité. Que s'est-il passé ?

Laurence se dit "scandalisée" par la "lenteur" et "le manque de soutien" de sa mutualité pour le remboursement des séances de logopédie dont son fils a besoin depuis quelques mois. Pourquoi le traitement d'un dossier peut-il prendre un "certain temps"? Explications avec l’Union professionnelle des logopèdes (UPLF) et notamment la mutualité socialiste Solidaris.

"Les séances de logopédie ont commencé au mois d'octobre. Mon fils va chez la logopède trois fois par mois, et le tarif est de 80 euros par séance (depuis janvier, avant, c'était 70 euros) non remboursés à l'heure actuelle. Je vous laisse faire le calcul...", souligne Laurence, la maman d'un enfant de 5 ans, qui a contacté notre rédaction via le bouton orange Alertez-nous. "La logopède me dit que cela arrive souvent que les dossiers soient refusés pour des détails insignifiants, pour éviter de rembourser. Je suis certaine que de nombreux parents se retrouvent dans la même situation. Mon fils n'a pas de pathologie spécifique, mais a besoin d'une aide pour développer le langage oral." 

La Montoise a expliqué également avoir contacté à plusieurs reprises sa mutuelle. "J'ai toujours eu la même réponse. Le dossier est chez le médecin-conseil, vous allez avoir une réponse prochainement..."

Fin mars, Laurence dit avoir finalement "obtenu un accord" avec sa mutuelle, mais est toujours dans l'attente d'un remboursement.

C’est une procédure assez longue

Contactées, certaines mutuelles ne parlent pas de retards structurels. Le traitement d'un dossier peut parfois durer quelques semaines. "La demande fait l'objet d'un traitement plus approfondi qui nécessite 3 semaines maximum. Ces demandes logopédiques sont traitées par des médecins-conseils avec le soutien de paramédicaux", indique Marianne Hiernaux, la porte-parole des Mutualités Libres.

Sans s'exprimer spécifiquement sur le dossier de Laurence, François Perl, conseiller stratégique chez Solidaris, explique ce qui peut être pris en compte pour expliquer les "lenteurs" au niveau du remboursement des prestations de logopédie.

"C’est une procédure assez longue, car il faut d’abord une prescription d’un médecin. Ce dernier donne accès à un bilan logopédique. Ce bilan, une fois validé par un logopède, doit alors passer par le médecin-conseil de la mutualité. Cela peut donner un certain retard dans la prise en charge du remboursement. Ce sont des retards qui n’excèdent en principe pas quelques semaines. Une fois que la procédure est lancée et que le bilan logopédique est passé ici à la mutualité, chez le médecin-conseil, les choses vont très vite", assure François Perl.

Le taux de refus est en théorie très faible

Le conseiller stratégique chez Solidaris souligne que "des solutions peuvent toujours être trouvées" dans des dossiers individuels.

"Je conseille de s’adresser à sa mutuelle pour savoir où en est le dossier. Il n’y a pas de problème structurel par rapport à ça. C’est une procédure lourde. Le dossier doit passer par des médecins-conseils, qui ont beaucoup de travail. Il n’y en a clairement pas assez. Il y en a environ 250 qui doivent traiter 500.000 dossiers d’invalidité. Ils ont toute une série d’autres interventions dans le domaine de la santé. Ils sont polyvalents. Il peut donc arriver qu’il y ait des retards occasionnels. On essaie d’y remédier."

Et d'ajouter : "Le problème est qu’on est obligé d’appliquer une loi, qui impose un avis du médecin-conseil sur le bilan réalisé par le logopède. Il peut toujours y avoir des problèmes de dossiers individuels. Il y a 10.000 demandes par jour dans une mutuelle comme Solidaris. Le risque zéro de retard de prise en charge n’existe pas, mais ce n’est pas un problème structurel."

François Perl conclut en indiquant que de manière générale, très peu de dossiers sont refusés. "Cela suit un parcours assez fluide. Il y a un double avis médical, donc il faut des erreurs manifestes ou un dossier très mal analysé pour qu’il y ait un refus. Le taux de refus est en théorie très faible. À terme, on pourrait supprimer cette obligation de contrôle par la mutualité. La loi existe et on ne peut pas la supprimer. Cette procédure assez lourde peut donner l’impression d’un certain retard. Je pense aussi qu’il faut une réflexion sur la surcharge administrative. On peut faire plus confiance au secteur. Le problème est qu’il y a eu des abus par le passé. C’est toujours le problème entre contrôle et liberté des prestataires." 

Il y aura une importante simplification administrative

De son côté, Nathalie Saczuk, logopède indépendante et présidente de l’Union professionnelle des logopèdes francophones (UPLF), affirme également que la validation de certains dossiers à la mutuelle pose problème. 

"Malheureusement, le terrain nous retourne souvent ce problème de lenteur d’accord et de demandes de complètement d’information pas toujours justifiée. On a relevé ces informations et on les a communiquées aux différentes mutuelles avec lesquelles on collabore en commission de convention. Cela a été entendu et donc ils vont essayer d’améliorer la situation", déclare-t-elle.

"Cela peut être pour diverses raisons. On est encore tributaire de la poste pour envoyer nos documents donc forcément cela prend un peu plus de temps. Parfois, nos dossiers ne sont pas complets à la suite d’une erreur, d’un oubli. Cela entraîne encore du temps supplémentaire. Et parfois, le dossier est refusé, car il ne répond pas aux conditions que l’Inami nous impose." 

Le délai de remboursement des soins logopédiques n'est pas "embêtant" que pour les parents, souligne Nathalie Saczuk. "Parfois, il y a des logopèdes qui savent que leur dossier va passer, car ce sont des cas évidents. Ils commencent et pendant ce temps-là, ils ne seront pas payés. Soit on attend et ces personnes restent avec leurs difficultés, soit on démarre et le logopède ne se fait pas payer ou c’est le parent qui attend le remboursement. C’est embêtant pour tout le monde. Cela revient régulièrement."

L’Union professionnelle des logopèdes francophones annonce par ailleurs des changements importants cette année pour le traitement de ces dossiers. "Il y aura une importante simplification administrative. J’espère que ça va faciliter les choses, autant pour nous, que pour nos mutuelles. On va avoir des formulaires standardisés avec uniquement les informations que les mutuelles ont besoin pour traiter le dossier. Il n’y aura plus ce souci de dire qu’il manque telle ou telle information. Il y aura des cases à cocher et des petits tableaux à remplir. Ces documents seront plus simples à lire pour les organismes desmutuelles, qui auront à traiter ces dossiers", conclut Nathalie Saczuk.

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Commentaires

2 commentaires

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  • change de mutuelle

    Dominique-Geneviève angel
     Répondre
  • Comme toujours évidemment... Une fois que c'est eux qui doivent vous rembourser, ils ont bien le temps, par contre, quand c'est vous qui leur devez de l'argent, là, ce n'est pas du tout la "même musique"!!!

    Eddy PONDANT
     Répondre