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Il y a un mois, le chat de Séverine est mort. Le petit félin a reçu une balle de plomb dans le corps alors qu’il se promenait derrière sa maison à Gosselies. Selon le vétérinaire, les lésions étaient irréversibles. Qui a tiré ? Pourquoi et comment ? La police locale a ouvert une enquête. En attendant, Séverine vit dans l’angoisse.
Depuis quelques semaines, Séverine est envahie par un sentiment mêlant peur et colère. "Un individu s’amuse à tirer des balles de plomb sur nos chats et la mienne en est décédée", confie avec douleur cette habitante de Gosselies, dans le Hainaut, via le bouton orange Alertez-nous. "Lolita n’avait que deux ans. Nous sommes sous le choc", partage cette mère de famille de 36 ans.
"Elle ne bougeait pas"
Les faits remontent à la fin de l’été. Séverine possède alors deux chats : Fifi et sa fille Lolita. Les petits félins ont l’habitude de se promener à l’extérieur de la maison, en passant par le jardin. "Le 23 août, en début d’après-midi, un voisin a prévenu mon mari que Lolita était dans son jardin et qu’elle ne bougeait pas", se souvient la trentenaire.
Une fois son travail en tant qu’aide-ménagère terminé, Séverine se rend directement chez lui. "J’ai retrouvé notre chatte sur le sol. Elle avait une blessure sur la patte arrière et ne parvenait plus à se tenir debout".
Le couple décide de partir en urgence à la clinique vétérinaire de Pont-à-Celles, où un vétérinaire les prend rapidement en charge pour examiner cette paralysie des postérieurs. "Il lui a rasé la patte où une plaie était visible. On n’a pas remarqué tout de suite que c’était un impact de balle. Mais le vétérinaire me disait que Lolita avait un état bizarre, qu’elle perdait du sang de la vessie. Il a donc demandé de réaliser plusieurs radios et c’est là qu’on a vu la balle logée dans son corps", relate Séverine.
Un plomb a traversé le thorax du chat
D’après le constat dressé par le vétérinaire, un plomb a traversé le thorax du chat de la droite vers la gauche et a sectionné la moelle épinière de l’animal. Des lésions, selon lui, irréversibles. "Nous n’avons pas eu d’autres choix que de l’euthanasier. Lolita me regardait vraiment avec des yeux malheureux et j’ai tenté de la rassurer au maximum", explique la trentenaire encore émue.
Selon Séverine, c’est lors de cette consultation qu’elle apprend que son autre chat a également été victime d’un tir de carabine à plomb. C’était le 11 juillet. "Fifi avait un trou dans une patte, mais on n’avait pas remarqué que c’était une balle. On a juste désinfecté la blessure et retiré le morceau de plomb avec une pince. Nous n’avons pas consulté un vétérinaire cette fois-là", raconte la trentenaire. D’après elle, c’est le vétérinaire de Lolita qui lui révèle qu’il s’agit d’une balle de plomb du "même diamètre que celle qui a touché sa fille". "Heureusement, la balle n’est pas rentrée dans son corps, mais il y a toujours des éclats. On sent d’ailleurs deux petites boules près de ses côtes. Elle a beaucoup de chance de s’en sortir", souligne Séverine.
Plusieurs personnes m’ont dit que c’était aussi arrivé à leur chat
Encore marquée par la mort de Lolita, elle poste un message sur les réseaux sociaux pour expliquer la situation et prévenir les habitants de son quartier. "J’ai reçu de nombreux messages. Plusieurs personnes m’ont dit que c’était aussi arrivé à leur chat. Une voisine m’a notamment envoyé des photos de son chat avec un trou dans le nez. Visiblement, cela s’est produit l’année dernière", assure Séverine.
Le lendemain, l’aide-ménagère décide de se rendre au commissariat de Jumet pour porter plainte. "Comme il y avait beaucoup de monde, la personne à l’accueil a pris ma déposition et m’a conseillé de déposer plainte par email. J’ai donc envoyé toutes les informations avec les photos et les documents du vétérinaire, mais je n’ai reçu aucun retour", déplore Séverine. Finalement, son mari retourne début septembre pour déposer plainte auprès de l’agent de quartier. Un procès-verbal de son audition est dressé.
"C’est l’agent de quartier qui mène l’enquête"
La police locale confirme ce dépôt de plainte. "Elle est répertoriée dans la section destruction d’animaux. C’est la seule qui figure dans cette catégorie depuis le début de l’année", indique David Quinaux, le porte-parole de la police de Charleroi. Selon lui, depuis janvier 2023, il y a au total 25 infractions liées au décret wallon du bien-être animal pour des faits de maltraitance, négligence ou abandon. "Nous disposons d’une brigade canine pour les affaires de bien-être animal. Elle intervient environ 4 fois par jour pour des dossiers liés aux animaux. Dans le cas évoqué, c’est l’agent de quartier qui mène l’enquête. Celle-ci est donc toujours en cours. Il est certainement en train de recueillir des témoignages dans le quartier pour obtenir des informations", indique le porte-parole.
David Quinaux rappelle que les carabines à plomb sont en vente libre à partir de l’âge de 18 ans. "On peut facilement s’en procurer sur internet. En revanche, tuer un animal est évidemment une infraction", souligne le policier.
Un service bien-être animal à la commune: quel est son rôle ?
Au niveau communal, il existe également un service bien-être animal depuis 2021. Il emploie trois personnes à temps plein : un vétérinaire, un agent constatateur et un agent administratif. "Ce service gère notamment les plaintes de maltraitance ou de négligence animales qui émanent de la police, du l’unité bien-être animal du Service Public de Wallonie, de diverses associations de protection animale et des citoyens", explique Alicia Monard, échevine du bien-être animal à Charleroi.
"Lorsqu’une plainte arrive chez nous, et elles sont nombreuses, une visite est organisée sur les lieux avec ou sans appui policier en fonction des circonstances", ajoute l’échevine. Selon les statistiques de la Ville, 294 plaintes ont été traitées depuis la création de ce service il y a 2 ans.
Un PV aboutit à une condamnation à un an de prison
En tant qu’agent de police judiciaire, l’agent constatateur peut délivrer des avertissements et des PV en cas d’infractions. Il peut aussi effectuer une saisie d’un ou plusieurs animaux. C’est ensuite au parquet de décider de suites éventuelles. Il y a plusieurs mois, un homme de 60 ans a par exemple été condamné à un an de prison ferme pour avoir laissé mourir de faim un chien à Marchienne-au-Pont.
Dans le cas de Lolita, le service bien-être de Charleroi n’a pas été sollicité par la police locale. En tout cas, à ce stade de l’enquête.
Je panique, je n’en dors plus la nuit
Pour Séverine, l’attente est longue et angoissante. "Qui tire ? Pourquoi et comment ? On ne sait rien. Je vis un enfer. Qu’est-ce que fait la police ? C’est quand même grave ! Je n’en dors plus la nuit. Mes enfants pleurent et Fifi cherche désespérément partout sa fille", confie la trentenaire. Elle craint que son deuxième chat subisse le même sort. "Je vis dans la crainte. C’est une catastrophe pour Gosselies. Je ne peux pas enfermée mon autre chat qui est habituée à sortir, mais j’ai tout le temps peur. Je regarde où elle va et je panique", avoue-t-elle.
Au-delà de la peur, Séverine ressent une immense tristesse. "C’est horrible la mort d’un animal comme ça. Je ne vis plus sans elle, le vide est immense. Un chat si adorable… pourquoi y a-t-il autant de violence envers des animaux", déplore l’aide-ménagère.
Aujourd’hui, elle espère que l’auteur sera identifié rapidement pour pouvoir retrouver une forme de sérénité.