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Michaël recharge sa voiture électrique sur une borne publique et reçoit une facture de 4.000€: attention aux "frais de pénalisation"

Michaël a reçu une facture de 4.000 euros pour 15 jours après avoir rechargé sa voiture électrique sur un parking public. Il s'est rendu compte que les frais supplémentaires étaient liés à des "pénalités de stationnement" parce qu'il n'avait pas bougé le véhicule assez vite après la fin du chargement. Cette pratique est-elle courante ? Et légale ?

Une surprise amère. Comme beaucoup d'indépendants, Michaël s'est laissé séduire par une voiture électrique, hybride plus précisément. Dans l'incapacité d'installer une borne de recharge à son domicile, il dépose sa voiture "sur le parking du McDonald's à Gosselies" le soir et vient la rechercher le lendemain matin, chargée. "J'ai deux véhicules, j'en dépose un et je reprends l'autre pour rentrer chez moi, j'habite à quelques kilomètres", explique-t-il. Sur la borne, "aucune indication de prix". N'ayant pas de meilleure alternative, le restaurateur passe sa carte essence et attend la facture. Il reçoit le décompte toutes les deux semaines mais le montant pour les recharges n'apparaît pas. Lukoil, la compagnie auprès de laquelle Michaël a souscrit à une carte carburant, lui notifie que les "décomptes ne se font pas en temps réel", étant donné qu'elle travaille avec des sous-traitants.

Un mail a été envoyé à tous les clients pour les mettre en garde

Seulement voilà, dans le courant du mois d'avril dernier, le Carolo reçoit "une facture qui dépassait les 4.000€". Un montant important qui n'est pas la conséquence de l'accumulation des recharges. Le principal concerné explique: "En épluchant le détail, on a remarqué que la plus grande partie de la somme représentait des frais de pénalisation pour avoir laissé le véhicule sur place après la période de chargement." Le hic: rien ne permettait à Michaël d'anticiper ces frais. "Ce n'était pas indiqué, il n'y a rien sur la borne", insiste-t-il. La société Lukoil n'était pas non plus familière de cette pratique. Après la mésaventure du restaurateur, "un mail a été envoyé à tous les clients pour les mettre en garde", assure Michaël.

Que dit la loi ?

Pour mieux comprendre cette situation, nous avons contacté Jochen De Smet, président d'EV Belgium, la fédération qui travaille au développement de la mobilité zéro émission dans notre pays. Il nous explique que, pour l'instant, un automobiliste peut être rappelé à l'ordre pour avoir garé sa voiture sur un emplacement avec des bornes de recharge, sans avoir branché le véhicule, mais "pas parce qu'il est resté trop longtemps". Légalement, aucune règle ne vous oblige à quitter l'emplacement une fois que vous avez fait le plein d'électricité. Ce sont, vous allez le voir, les entreprises propriétaires des bornes qui appliquent leurs propres règles, et tout ça manque cruellement de transparence. 

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Et la situation pourrait changer dans un avenir plus ou moins proche. "On travaille sur la mise en place, notamment à Bruxelles, du tarif de rotation." Jochen De Smet développe: "La recharge s'arrête lorsque la voiture a fait le plein et ensuite un tarif de parking est appliqué après chaque demi-heure ou heure." Il précise que "ce n'est pas encore d'application". Dès lors que ce système sera en place, les frais supplémentaires qu'a dû payer Michaël pourraient faire office de double peine, craint le président d'EV Belgium.

Pénurie de bornes

En attendant, faute de législation, les opérateurs prennent donc les choses en main. "Nous constatons que certains opérateurs de stations de recharge commencent à facturer des frais d'inactivité", lance Els Ruysen, porte-parole de Lukoil. La mise en place de ce système est étroitement liée à "la pénurie de bornes et l'augmentation des véhicules électriques", affirme Joost Kaesemans, directeur de la communication de la Fédération Belge de l'Automobile et du Cycle (FEBIAC). Il explique: "Ça sert à encourager le roulement devant les bornes. Pour éviter que certaines personnes ne monopolisent trop longtemps une place pour ne pas payer l'horodateur ou parce qu'il n'y a pas de place ailleurs." Il continue: "C'est un grand problème pour le moment de trouver un système efficace pour éviter ces embarras."

Si Michaël veut bien entendre cet argument, il émet une réserve: "Je peux comprendre que laisser mon véhicule empêche les autres d'aller charger, mais à chaque fois que j'y allais, les bornes étaient disponibles." Pour autant, les "redevances d'inactivité" s'appliquent en fonction de l'opérateur, indépendamment de la localisation et des places disponibles. Ainsi, Fastned, que nous avons contacté, n'applique aucune surcharge et se contente de notifier l'utilisateur quand le véhicule est chargé à 80 %. Il en va de même pour Shell, qui comme Lukoil, n'applique pas de redevance, mais précise que "si un opérateur tiers a activé cette option, c'est possible". La vigilance est de mise.

Manque de transparence

S'il estime que ces solutions sont parfois nécessaires, Joost Kaesemans insiste sur un point: "Il faut en informer le client au préalable." Avec cette déclaration, il met le doigt sur quelque chose. Les éventuels frais supplémentaires, au même titre que les prix des recharges, sont encore très opaques. "Le prix d'une recharge électrique est déterminé par plusieurs facteurs et peut varier en fonction de l'opérateur et du propriétaire de la borne, du type de borne et du modèle de recharge utilisé, ainsi que de l'émetteur de la carte de recharge", explique le porte-parole de Lukoil. Il y a les recharges classiques et les rapides, les tarifs forfaitaires et les frais supplémentaires, … un vrai casse-tête.

En d'autres termes, il est impossible d'avoir un prix fixe annoté sur le côté d'une borne de recharge comme c'est le cas dans les pompes à essence, par exemple. Le mieux pour éviter les mauvaises surprises reste de se renseigner sur les applications mobiles prévues à cet effet, comme Chargemap ou PlugShare qui recensent les bornes à proximité et donnent les informations relatives à ces dernières.

Quant à Michaël, l'histoire se termine bien pour lui, étant donné qu'il n'avait pas été prévenu par Lukoil, il a pu jouir exceptionnellement d'une note de crédit et il change désormais ses habitudes: "Je mets un minuteur pour aller récupérer la voiture quand elle est chargée. C'est une organisation, je ne sais plus recharger autant qu'avant." On ne l'y reprendra plus.

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Commentaires

21 commentaires

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  • Continuez à financer les crimes de Poutine en commerçant avec lukoil

  • on va rire ....vert quand on sera tous obligés d'être au vert !! ....un beau bordel et des bagarres à l'horizon !!

    paul leboulanger
     Répondre
  • Hé oui en fait le mec la borne lui appartient, les autres rien a foutre, en plus une hybride faut quand même pas se foutre du monde, c'est un guignol égoïste, 10000 balles je vous garantis qu'il ne recommence pas.

  • Il n'y a plus de savoir vivre ensemble en Belgique c'est chacun pour sa gueule

  • D'autant qu'il n'en est pas à son coup d'essai...

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