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Le SPF Affaires étrangères n'a été informé pour l'heure d'aucun décès de Belges dans le séisme meurtrier qui a dévasté mardi Haïti.
"Le centre de crise continue à rassembler les informations et il n'y a jusqu'à présent pas de mauvaises nouvelles", a indiqué jeudi Bart Ouvry, porte-parole du SPF Affaires étrangères. Une soixantaine de Belges travaillent actuellement en Haïti, la plupart pour le compte des Nations unies ou d'organisations humanitaires. "Mais toutes les personnes inscrites n'étaient pas en Haïti au moment du séisme. Certaines étaient en Belgique ou ailleurs", a ajouté M. Ouvry, qui n'a toutefois pas exclu la présence en Haïti de Belges non-inscrits sur les listes officielles.
Les moyens de communication sérieusement perturbés
Selon ce porte-parole, les différentes organisations humanitaires présentes en Haïti sont en contact régulier avec le centre de crise pour les informer de la condition de leur personnel belge sur place, mais celles-ci ne livrent leurs données que lorsqu'elles ont des informations pour l'ensemble de leur personnel, ceci afin de pas susciter de panique inutile auprès des familles pour lesquelles elles n'auraient toujours pas de nouvelles.
Suite au séisme, les moyens de communication du pays sont sérieusement perturbés, ce qui entrave considérablement la collecte d'informations, surtout pour le personnel actif en dehors de la capitale Port-au-Prince. Pour tenter d'y voir plus clair sur le sort des Belges présents dans l'île, le SPF a décidé mercredi de dépêcher sur place un diplomate, a encore précisé M. Ouvry.
La "débrouille" pour les habitants de Port-au-Prince
Ils ont tout perdu, leur maison, leur vie d'avant, et se sont entassés dans le centre de Port-au-Prince, transformé en immense camp de réfugiés, où des dizaines de milliers de personnes réclament désespérément de l'eau, de la nourriture et des médicaments.
Ils se sont installés sur le Champ de Mars, une célèbre avenue de Port-au-Prince, près du Palais présidentiel qui s'est affaissé sous le choc du séisme. Milien Roudy est venu avec son épouse et leurs deux filles. Couchés à même le sol, dans l'un des espaces verts de l'avenue, ils n'ont rien avalé depuis 24 heures. "Haïti est redevenu un pays qui ne connaît pas les fins heureuses", se lamente-t-il.
Crasseux, blessés, désespérés, les réfugiés ont fabriqué comme ils le pouvaient des tentes avec des bouts de tissu trouvés ici et là. Unis dans le malheur, ils se racontent leur histoire. Dans le fond, ce sont toutes les mêmes: des maisons broyées par la secousse, des proches morts, restés dans les gravats des maisons écroulées, une errance dans la ville, avant d'arriver dans ce camp improvisé.
"Personne ne nous est venu en aide"
Serrés les uns contre les autres, ils scrutent le ciel dans l'espoir d'apercevoir les avions de l'aide internationale. "Si la communauté internationale veut vraiment aider Haïti, elle devrait nous donner l'argent directement, pas au gouvernement", lâche James, qui s'occupe d'un campement de presque 50 personnes, dans lequel manque à l'appel sa soeur cadette, ensevelie dans les décombres de sa maison.
Avec l'aide de ses frères, cet étudiant de 21 ans s'est livré au pillage d'un supermarché, pour trouver du riz et de l'eau, qu'il distribue au compte-gouttes à ses proches sous les regards envieux d'autres familles qui, pour la deuxième nuit consécutive, n'auront pas de quoi manger. "Depuis plus de 24 heures, personne, ni l'ONU, ni aucune autorité, n'est venue pour nous donner ne serait-ce qu'un verre d'eau", dit Clément, un fonctionnaire haïtien. "Il n'y a pas d'Etat pour nous aider", constate Laurent, 22 ans, en pointant du doigt, face à lui, le Palais présidentiel et les ministères en ruines.
"Le destin s'est trompé de personne"
L'avenue sent la poussière et l'urine. Avec les heures qui passent, la température qui augmente, la situation empire. Certains en viennent à boire l'eau insalubre des fontaines publiques. "Les campements ne sont pas bien aménagés parce que l'aide tarde à arriver et nous avons peur de dormir dans des maisons en ruine. S'il commençait à pleuvoir, ce serait terrible. Nous n'aurions nulle part où aller", observe Clarisse, une infirmière de 30 ans.
Assis sur des chaises sauvées des décombres, un groupe de vieillards regardent hébétés la multitude d'Haïtiens blessés, mutilés ou en pleurs qui passent devant eux. "Quand ils voient tant d'enfants morts, ils pensent que le destin s'est trompé de personne, explique Fortune Mynusse, 75 ans. Ils pensent que c'était à leur tour de partir".
