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C’est vers 1h du matin, ce lundi 20 octobre, que les ministres wallons ont quitté l’Élysette, à Namur, après trois semaines de conclave budgétaire intense. Le gouvernement de coalition MR – Les Engagés est parvenu à un accord sur le budget 2026, qui a été officiellement présenté ce lundi à 10h.
« Un marathon, pas un sprint »
Le ministre-président wallon Adrien Dolimont (MR) a souligné l’importance des arbitrages rendus, évoquant une série de « moments de vérité » : « L’heure des choix est arrivée. Le redressement des finances publiques, ce n’est pas un choix, c’est une nécessité. Ce sera un marathon, pas un sprint. »
L’ambition affichée est claire : atteindre l’équilibre budgétaire en 2029. Pour le budget 2026, un effort d’au moins 150 millions d’euros doit être consenti. Les économies porteront principalement sur les secteurs de l’Emploi et de la Santé.
Principales mesures d’assainissement
Parmi les décisions phares de l’accord budgétaire, la réforme des APE (aides à la promotion de l’emploi), avec 83,7 millions d’euros d’économies attendus. Le gouvernement entend privilégier les emplois durables au détriment des emplois dits « occupationnels ».
Au total en matière d’emploi et de formation, ce sont donc 100 millions d’euros d’économies, en ce compris cette réduction de l’enveloppe dédiée aux APE. « Nous allons réduire le volume de cette aide auprès de certains opérateurs. C’est à ces derniers qu’il reviendra de décider de maintenir l’emploi ou pas. Je ne leur imposerai rien », a déclaré Pierre-Yves Jeholet, ministre wallon en charge de l’Économie, de l’Emploi et de la Formation.
Réformes structurelles annoncées
Le gouvernement wallon mise également sur une série de réformes structurelles conséquentes, qui permettront une économie d’environ 270 millions d’euros. « Ce n’est jamais simple. C’est toujours plus facile d’additionner les chiffres et d’arriver à des dépenses qui croissent, plutôt que de diminuer ces dépenses et avoir des vrais efforts structurels. À un moment donné, on a dû trouver des points d’équilibre qui permettent de rencontrer les objectifs qu’on a dans le futur », a exprimé Adrien Dolimont lors de la présentation du texte.
Ces dernières sont censées améliorer l’efficacité de la dépense publique :
- Simplification des permis environnementaux
- Rationalisation du paysage socio-professionnel
- Poursuite de la réforme de la fonction publique et diminution des recrutements
- Maintien du processus de « spending review », visant à évaluer la performance des dépenses publiques
La question des subventions facultatives
La réduction des dépenses touche toute une série d’autres domaines. En ce qui concerne les subventions facultatives, dont bénéficient certains secteurs, il s’agira d’une économie de 8 millions d’euros. Pour l’AVIQ, l’agence Wallonne pour une vie de qualité, l’effort total approche les 34 millions d’euros.
Adrien Dolimont réaffirme la nécessité du geste : « C’est clair que ça va être difficile pour toute association, tout secteur qui reçoit des moyens en moins. Mais si on ne fait pas ça, à un moment donné on ne nous prêtera tout simplement plus d’argent. Et à ce moment-là, nous serons obligés de couper les subsides du jour au lendemain ».
Allocations familiales
Par contre, les allocations familiales sont largement préservées. Seule une conditionnalité est annoncée pour les jeunes de 18 à 25 ans: à partir de 2026, le versement des allocations pour cette tranche d’âge dépendra de la poursuite d’études, d’une formation ou d’un parcours d’insertion professionnelle. «Un pot de douze mois» est toutefois prévu pour les 18-21 ans, une réserve qui permettrait de prolonger les allocations familiales «afin de favoriser la transition vers l’emploi», a expliqué le ministre de la Santé, Yves Coppieters.
En parallèle, le plafond de revenus pour les familles monoparentales sera relevé à 54.867 euros bruts/an pour les enfants nés à partir du 1er janvier 2020, permettant à un plus grand nombre de familles d’accéder au supplément majoré.
Enfin, pour les enfants en situation de handicap, le paiement de l’allocation familiale supplémentaire (AFS) sera suspendu lorsque le jeune perçoit une allocation fédérale tout en garantissant le montant le plus favorable pour la famille.
Un groupe de travail sur la lutte contre les abus fiscaux sera par ailleurs mis en place, dans la volonté affichée de garantir une plus grande justice dans les efforts demandés.
Taxes sur les jeux et paris
Sur le terrain fiscal, un taux unique de 15 % - contre des taux allant de 2,75 à 44% aujourd’hui - sera appliqué dès le 1er juillet 2026 sur les taxes concernant les jeux et paris. Exception pour les «machines à sous» qu’on trouve dans les casinos pour lesquelles un taux unique de 30 % a été décidé. «Cette réforme tarifaire, poussée par la croissance du jeu digital, permettra une recette complémentaire de 8,5 millions d’euros en 2026 et de 22,5 millions d’euros à l’horizon 2029», a indiqué le ministre-président, en charge du Budget.
Les «bonnes nouvelles»
Aux rayons des bonnes nouvelles, on épinglera le maintien de l’objectif de création de 5.000 places de crèches; le financement assuré en 2026 du stock des primes à la rénovation ou encore l’enveloppe structurelle complémentaires de 5,5 millions d’euros pour la biodiversité.
Enfin, dans un contexte où près d’un Wallon sur quatre aura plus de 65 ans d’ici 2060, l’exécutif a chargé le cabinet du ministre Coppieters du pilotage d’un groupe d’experts dans le cadre d’une Garantie Autonomie. Ce dispositif visera à permettre le maintien à domicile des personnes en pertes d’autonomie tout en accompagnant la transition ambulatoire des soins de santé et du système d’aide à domicile. Le rapport de ce groupe est attendu dans les six mois.















