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Les ados français accros aux mangas

Le Festival de la bande dessinée d'Angoulême (24-27 janvier) consacre pour la première fois un "Manga building" à la BD asiatique, qui représente désormais près de la moitié des albums publiés en France.

Explications sur une tendance éditoriale lourde des années 2000.

"Les mangas, ça monte en puissance. On est dans une pratique culturelle assez globale : les enfants français de 9/10 ans jusqu'à l'adolescence s'intéressent à la BD japonaise", souligne Julien Bastide, le responsable du "Manga building".

"Certains mangas sont vraiment destinés aux ados, avec des personnages auxquels ils vont pouvoir s'indentifier. Ils sont dans l'air du temps, car ils permettent de satisfaire un besoin de loisir et d'évasion", dit-il.

Toute la journée, les adolescents défilent par centaines dans l'espace dédié aux mangas, point de ralliement d'une génération nourrie de BD asiatique. Concours de dessins et ateliers mangas : Les murs se couvrent de visages de filles aux yeux immenses et de garçons aux cheveux en pétard.

"Il y a eu une explosion. Le rythme va peut-être ralentir, mais le manga fait partie du paysage culturel", note Julien Bastide.

En 2007, 1.428 mangas ont été publiés en France, soit 43% de l'ensemble des albums de BD. Et les six nouveaux titres de la série phare "Naruto" (Kana) se sont vendus chacun à plus de 100.000 exemplaires.

Une manne pour les grands groupes éditoriaux français qui ont pour la plupart créé ou racheté des filiales spécialisées dans la BD asiatique.

"Ca s'est fait en cinq ou six ans, c'est devenu incontournable pour tous les professionnels de la BD", explique Sébastien Langevin, journaliste spécialisé chargé d'animer les débats au "Manga Building".

"Le manga, ça rapporte beaucoup d'argent, dit-il. C'est pas très cher à produire et c'est vendu relativement cher en France, entre 5 et 15 euros".

Les éditeurs français piochent actuellement dans un patrimoine de 50 ans de BD japonaise, au rythme de 120 nouveaux titres publiés chaque mois. "Lady Snowblood" de Koike et Kamimura, sorti récemment en France, est paru en 1972 au Japon. "On est surpris de découvrir ce patrimoine. C'est un peu comme si on découvrait tout le cinéma américain d'un seul coup", note Sébastien Langevin.

Contrairement aux stéréotypes sur le manga synonyme de violence, la production est aussi variée qu'abondante. Avec des mangas pour filles ou pour garçons, pour ados ou pour adultes. "Il y a un vrai rôle de prescription, dit-il. Ce qu'il faut, c'est donner le bon manga à la bonne personne".

Si la BD japonaise fait fureur en France, le virus a également frappé les adolescents américains et de la plupart des pays d'Europe.

"Les professionnels que je rencontre me disent que le manga fait revenir un public, les adolescents, qu'on ne voyait plus dans les librairies et les bibliothèques, souligne Sébastien Langevin. En France, c'est très positif. On peut espérer que les lecteurs de mangas ne sont pas perdus pour la cause de la bande dessinée et de la lecture en général.

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