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Giorgio Armani est décédé à l’âge de 91 ans, ce jeudi 4 septembre. C’est par un communiqué que son groupe a annoncé la triste nouvelle : « Avec un infini chagrin, le groupe Armani annonce la disparition de son créateur, fondateur et moteur infatigable. Monsieur Armani, comme il a toujours été appelé avec respect et admiration, s’est éteint sereinement, entouré de ses proches. »
Depuis plusieurs semaines, le styliste était affaibli par des ennuis de santé. Une infection pulmonaire l’avait contraint à renoncer exceptionnellement à sa présence lors du défilé de juin, un fait rarissime. Mais il continuait, en coulisses, à suivre de près les moindres détails de son empire. Il y a encore quelques jours, il validait personnellement les tenues de la collection anniversaire des 50 ans de la maison, prévue pour la prochaine Fashion Week.
Un été paisible, malgré des alertes
Cet été, Giorgio Armani l’avait passé dans sa maison de Forte dei Marmi, auprès de sa famille et de Leo Dell’Orco, son compagnon depuis vingt ans. Affaibli par un léger malaise gastrique ces derniers jours, il avait pourtant repris du mieux, mangeait de nouveau et téléphonait pour se tenir informé de ses projets en cours. Rien ne laissait présager une issue aussi soudaine.
La chapelle ardente sera ouverte au public les 6 et 7 septembre à Milan. Selon ses volontés, les obsèques auront lieu dans l’intimité familiale.
Un parcours hors du commun
Né à Piacenza le 11 juillet 1934, Giorgio Armani était le benjamin d’une fratrie de trois enfants. Très proche de sa mère Maria, qui lui transmettra le goût de l’élégance, il déménage après-guerre à Milan. Il y entame des études de médecine, avant de les interrompre après trois ans pour effectuer son service militaire. À son retour, il entre à La Rinascente, où il commence par décorer les vitrines.
Repéré en 1964 par Nino Cerruti, il se voit confier une première ligne de vêtements. Mais c’est en 1975, avec son compagnon et associé Sergio Galeotti, qu’il fonde la maison Giorgio Armani. Ensemble, ils inventent une nouvelle façon d’habiller hommes et femmes : plus fluide, plus légère, plus adaptée à la vie réelle.
« Je ne suis ni couturier ni tailleur, mais quelqu’un qui crée un style : un styliste », expliquait-il. Une déclaration fondatrice.
Une vision moderne et révolutionnaire
Giorgio Armani comprend avant tout le changement des corps et des modes de vie. Il déconstruit les vestes, allège les pantalons, imagine des coupes adaptées aux femmes actives. Une approche visionnaire qui séduit Hollywood : en 1980, il signe les costumes du film American Gigolo. C’est le début de la reconnaissance internationale.
Deux ans plus tard, il fait la couverture du Time Magazine : « La couverture satisfait peut-être ma vanité, mais c’est l’attention portée à mon travail qui me donne une vraie satisfaction professionnelle », déclarait-il alors.
Dès lors, Armani bâtit un empire. Emporio Armani, Armani Privé, les parfums, les hôtels, la ligne de sport EA7, les lunettes, les livres, les expositions… Sans jamais renier son credo : une mode élégante, cohérente, jamais tape-à-l’œil. « Le style, disait-il, c’est l’élégance, pas l’extravagance. L’important n’est pas de se faire remarquer, mais de se faire remarquer pour de bonnes raisons. »
Un entrepreneur au service de sa vision
La mort brutale de Sergio Galeotti, en 1985, est un tournant. Armani reprend seul les rênes de la maison et devient non seulement styliste, mais aussi dirigeant. « J’ai tenté de combler le vide avec la fougue d’un naïf. J’ai surmonté les obstacles, affronté les complications, cherché à comprendre mes faiblesses », confiait-il.
Infatigable, il s’implique dans tous les détails, de la création aux finances. Il décline toutes les offres de rachat, tenant à garder le contrôle d’une entreprise qui porte son nom. « Le marché exige la présence du créatif, et s’identifie en lui », justifiait-il.
Ces dernières années, il avait organisé sa succession : la direction artistique revient à sa nièce Silvana Armani, et la gestion à Leo Dell’Orco, son fidèle collaborateur et compagnon de vie. Une transition préparée avec rigueur, validée par sa fondation.
Un héritage monumental
Jusqu’à la fin, Giorgio Armani est resté fidèle à lui-même : discret, exigeant, passionné. « Pourquoi devrais-je m’arrêter ou m’en moquer ? Je suis mon travail. Si je cessais, ce serait ne plus tenir à moi », lançait-il encore en 2024, à Paris.
Il laisse derrière lui un empire estimé à plusieurs milliards d’euros, mais surtout une empreinte indélébile sur l’histoire de la mode.

















