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Antilles: négociations tous azimuts en Guadeloupe et Martinique

La journée de jeudi a débuté par des négociations tous azimuts aux Antilles, sans qu'apparaisse le moindre signe d'apaisement après 23 jours de grève générale en Guadeloupe et 8 en Martinique.

Le secrétaire d'Etat à l'Outre-Mer, Yves Jégo, est arrivé dans la nuit à Fort-de-France, tandis que les deux médiateurs qui l'accompagnent depuis mardi restaient négocier en Guadeloupe avec le patronat et le comité gréviste LKP.

Programme du ministre en Martinique: "De l'écoute, de l'écoute, de l'écoute", a-t-il dit avant de rencontrer à la préfecture le "collectif du 5 février", où sont représentés les 13 syndicats porteurs des revendications "contre la vie chère et pour l'emploi".

M. Jégo devait s'envoler en fin de journée pour Paris, où il doit faire vendredi matin une communication au Conseil des ministres.

Ensuite, "je reviendrai dès qu'il le faudra pour apporter des réponses", a-t-il précisé sur Europe 1, en notant que "le collectif des revendications de la Martinique est moins bien organisé que celui de Guadeloupe".

En Martinique, la grève se complique d'une polémique entre communautés, après la diffusion d'un reportage de Canal + dans lequel un riche entrepreneur de la minorité békée (descendants d'esclavagistes blancs), Alain Huygues-Despointes, expliquait "vouloir préserver sa race".

Signe de la tension, le préfet de Martinique Ange Mancini, qui préside les négociations sur la grève, a annoncé mercredi qu'il quittait son logement appartenant à la famille de M. Huygues-Despointes.

En Guadeloupe, le collectif LKP (lutte contre l'exploitation outrancière) a durci sa mobilisation avec l'entrée en grève, mercredi soir, des personnels chargés de l'avitaillement pétrolier à l'aéroport international de Pointe-à-Pitre. La préfecture a aussitôt procédé à la réquisition d'une partie d'entre eux pour assurer l'avitaillement en kérosène des avions.

Les grévistes ont, parallèlement, tenté de rallier artisans et petits patrons.

A la pénurie de carburants, compensée jeudi par la réquisition de 19 stations-services pour le service des clients prioritaires et d'une autre pour les marins-pêcheurs, s'est ajoutée cette semaine une pénurie de gaz butane.

A l'exception de quelques commerces de proximité aux étalages dégarnis, les familles se rabattent sur les produits agricoles locaux qu'elles peuvent se procurer par leurs réseaux de solidarité. Un hypermarché Carrefour qui avait tenté mercredi d'ouvrir aux Abymes, sous protection policière, a été fermé par des manifestants, a-t-on appris jeudi.

A la préfecture de Basse-Terre, les discussions séparées avec le patronat et le comité LKP devaient se poursuivre avec une réunion entre une délégation de six dirigeants du LKP et les deux médiateurs du gouvernement, Jean Bessière et Serge Lopez.

Ces deux hauts fonctionnaires du ministère du Travail, nommés mardi par le Premier ministre François Fillon, doivent rencontrer séparément les deux parties avant de tenter, dans un délai non précisé, de tenir une réunion rassemblant patronat et LKP.

Le LKP conteste l'existence des "131 points d'accord" annoncés par Yves Jégo. La plupart d'entre eux n'auraient "jamais été négociés".

Très loin des Antilles, dans l'océan Indien, un "collectif" syndical du département d'outre-mer de la Réunion devait se réunir jeudi soir pour arrêter la liste de ses revendications.

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