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Le génocide rwandais se poursuit-t-il dans les rues de Bruxelles ?

Dans la nuit du 27 au 28 février, un rescapé du génocide des tutsis de 1994 a été sauvagement poignardé au cou. L’auteur des faits est soupçonné d’avoir participé aux massacres au Rwanda. Et malgré une certaine médiatisation de la situation, les ex-génocidaires présumés n'ont pas été inquiétés par la justice. C'est ce que dénonce une association.

Les faits se sont déroulés dans la nuit du 27 au 28 février dans une rue d’Anderlecht. Un homme, rescapé du génocide rwandais, a failli se faire égorger devant le café « L’Ambassadeur », juste en face de l’Abattoir. Il a été transporté d’urgence à l’hôpital St-Pierre, mais ses jours ne sont plus en danger. Selon le journal Le Soir, il devrait porter plainte dès sa sortie d’hôpital. L’agresseur, Ernest G., plus connu sous le nom de « Camarade », avait déjà fait parler de lui dans les médias. En effet, il était apparu lors de l’émission « Question à la Une » de la RTBF, diffusée en septembre dernier. Une séquence du reportage, filmée dans le même café, qui à l’époque s’appelait « Le Safari », faisait allusion à lui, en évoquant les personnes soupçonnées de faits de génocide et vivant en toute impunité en Belgique. « Camarade » aurait, dans le passé, déjà menacé plusieurs personnes dont certaines avaient porté plainte. Une rescapée qui, par peur, a préféré rester anonyme, s’est confiée au journal Le Soir. Elle raconte : « Il avait menacé mon fils de 7 ans il y a dix ans. Il lui avait dit : tu es Tutsi. Quand tu seras grand, je te tuerai. Je n’avais pas pris cela au sérieux. » En décembre 2007, il la menace à nouveau alors qu’elle se trouve au Safari en compagnie d’une amie. L’accusant de l’avoir traité d’Interahamwe (génocidaire, ndlr), il saisit une bouteille et tente de la frapper. Plusieurs personnes affirment que Camarade aurait joué un rôle dans le massacre de la famille de son ex-mari en 94. L’espoir suscité par l’émission auprès des nombreux rescapés vivant en Belgique s’est estompé rapidement. Rien n’a changé depuis, de nombreux coupables présumés courent toujours les rues, et les crimes de ce genre se multiplient. On se rappelle de l’assassinat d’une femme rescapée tuée avec une hache, en 2001, par son mari hutu dans la commune de Beersel. C’est pourquoi l’association « Ibuka Mémoire et Justice » lance aujourd’hui un appel aux autorités belges pour renforcer les moyens et accélérer les procédures judicaires permettant de clarifier les responsabilités des rwandais hébergés par la Belgique et soupçonnés d’avoir participé en 1994 au génocide des Tutsi au Rwanda. L’ASBL espère également recevoir le soutien d’autres organisations citoyennes afin de les appuyer dans ce combat. Ce fait divers, passé inaperçu dans les médias, témoigne d’une réalité que les autorités ne peuvent continuer à ignorer : La haine, qui subsiste toujours de manière discrète, empêche les rescapés de se reconstruire, les faisant vivre et revivre les évènements terribles de 1994.

Oria Vande weghe

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