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Le chanteur de Louise Attaque, Gaëtan Roussel se lance "en solo mais pas en solitaire" avec "Ginger" (Barclay/Universal) un étonnant album publié lundi pour lequel il s'est abandonné avec bonheur au jeu des collaborations, dit-il à l'AFP.
Louise Attaque est une des success story de la chanson française. Au départ complètement boudé par les radios, les ventes du premier album éponyme du quatuor ont atteint le chiffre mirobolant de 2,5 millions d'exemplaires en 1997.
En trois albums, ce groupe au rock nerveux puisant dans la chanson réaliste a récolté trois Victoires de la musique.
Les membres de Louise Attaque ont toujours été épris de liberté. Parallèlement à leur aventure commune, Gaëtan Roussel (chant) et Arnaud Samuel (violon) ont publié deux albums sous le nom de Tarmac, tandis que les deux autres membres du groupe ont fondé Ali Dragon.
Louise Attaque et Tarmac mis en sommeil pour un temps indéterminé, Gaëtan Roussel s'est aussi promené sur les albums des autres, en collaborant d'abord avec Alain Bashung pour son magnifique dernier album "Bleu Pétrole", puis Vanessa Paradis et Rachid Taha.
"Ces collaborations m'ont renvoyé à moi, pas en tant que membre d'un groupe mais en tant que musicien", explique d'une voix douce le chanteur au visage parsemé de taches de rousseur.
Ce travail a "naturellement" fait naître chez lui l'envie de réaliser son propre album. "En solo, mais pas en solitaire", souligne-t-il.
"Je voulais essayer d'être curieux, d'aller voir des personnes que je ne connaissais pas, qui allaient m'aider, modifier les idées que j'avais de mon côté, m'obliger à me les réapproprier", ajoute le chanteur.
"Je ne voulais pas tout contrôler, au contraire j'étais volontaire pour être perdu", sourit-il.
Gaëtan Roussel a réfléchi aux musiciens avec qui il rêvait de travailler et est allé frapper à leurs portes.
Certaines, comme celle du producteur anglais James Ford (Simian Mobile Disco, Last Shadow Puppets) ou du duo électro new-yorkais Ratatat sont restées fermées. Mais de nombreuses autres se sont ouvertes.
La liste des collaborateurs de "Ginger" a des airs d'inventaire à la Prévert: Julien Delfaud (collaborateur de Phoenix), Benjamin Lebeau du groupe électro français The Shoes, le producteur britannique Tim Goldsworthy, grand manitou du label électro DFA, la chanteuse d'ESG Renée Scroggins, le chanteur des Violent Femmes Gordon Gano, le guitariste des Wampas Jospeh Dahan...
Sur "Ginger", le chanteur n'hésite d'ailleurs pas à laisser le devant de la scène à ses invités, à l'image de ce que fait le musicien anglais Damon Albarn pour Gorillaz que Roussel cite comme une influence car "il dégage quelque chose de très libre, de décomplexé".
Le résultat est un surprenant vagabondage musical où la pop s'enrichit de l'électro, le funk se fond dans le folk, la chanson française se marie au groove anglo-saxon et les tubes potentiels foisonnent : "Clap Hands", "Help Myself", "Tokyo", DYDW", "Trouble"...
Dans l'écriture aussi, l'auteur de Louise Attaque, qui avait envie de "textes moins longs, moins alambiqués", a trouvé une légèreté nouvelle. En mêlant le français et l'anglais, il peint un tableau impressionniste où les phrases rebondissent et se répondent au fil des différents morceaux.
"Avec +Ginger+, j'avais envie d'aller voir ce qui se passait dans d'autres univers sonores. Je voulais que ça me remette en cause et que ça me donne de l'élan", dit Gaëtan Roussel. Pari réussi.
