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« Il faudrait arrêter les femmes à 7 mois de grossesse » : un bébé sur dix naît prématurément en Belgique, quels sont les moyens d’action ?

Par RTL info avec Samuel Ledoux et Caroline Fontenoy
Chaque année dans le monde, plus de 15 millions d’enfants naissent prématurés. Cela concerne donc environ 1 enfant sur 10. En Belgique, la moyenne des dix dernières années se situe autour de 10 000 naissances prématurées par an.

En Belgique, 8 % des accouchements ont lieu prématurément, c’est-à-dire avant 37 semaines de grossesse. Cela représente environ 10 000 enfants chaque année.

Aujourd’hui, la maman joue un rôle central. Dès les premiers jours, elle s’occupe de son bébé, participe aux soins et crée un lien essentiel par le toucher, la voix et le regard.

« Sur 25 ans de temps, ce qu’on a pu voir, c’est qu’on est passé d’un environnement très technique à un environnement où on a refait de la place à l’humain, explique Pierre Maton, néonatologue au CHC MontLégia. En particulier, tous les services qui sont construits maintenant font en sorte qu’il n’y ait plus de séparation entre cet enfant, même très prématuré, et ses parents. »

Le MontLégia est le premier hôpital du pays à avoir instauré le retour précoce à domicile des bébés prématurés. Une pratique qui semble bénéfique pour le développement du nourrisson.

Après plusieurs semaines d’attente, Laurie, Tristan et Côme rentrent enfin chez eux. « On pensait être préparés, mais vu qu’il vient un mois et dix jours à l’avance… c’est un peu au compte-goutte finalement. Donc on fait petit à petit et on en apprend encore tous les jours », témoigne le jeune papa.

Depuis trois ans, l’hôpital organise une journée des familles. C’est l’occasion pour les parents de partager leur expérience. « Moi qui ai fait une dépression postpartum, c’était un soutien vraiment vital de pouvoir se dire : ok, c’est temporaire, ok, ça va bien se passer. Regardez ces enfants-là, ils ont été dans la même situation que vous et en fait, ce sont des enfants hypersolides et en pleine forme. Donc il ne faut pas se tracasser », raconte Julie, jeune maman d’Ophélie.

Les causes pas toujours identifiables

Les causes de la prématurité sont multiples et parfois difficiles à identifier. Elles peuvent être liées à des problèmes médicaux, à des complications durant la grossesse, mais aussi à certains facteurs extérieurs liés au mode de vie des parents. On sait que le stress et le surmenage n’aident pas et qu’il est important de lever le pied lorsque c’est nécessaire. « Il est plus facile d’empêcher les contractions d’arriver que de les arrêter une fois qu’elles sont là », a expliqué Caroline Fontenoy, sur le plateau du RTL info 19h.

Tous les gynécologues que j’ai pu interroger sont d’accord sur une question : idéalement, il faudrait arrêter les femmes à 7 mois de grossesse

Le mode de vie actuel des femmes n’aide pas non plus puisqu’elles sont très sollicitées, et travaillent généralement jusqu’au bout de leur grossesse. « Or, tous les gynécologues j’ai pu interroger sont d’accord sur une question : idéalement, il faudrait arrêter les femmes à 7 mois de grossesse. C’est ce que font les pays scandinaves et les retours sont très positifs avec des mamans beaucoup plus zen », précise-t-elle.

Le Covid a permis de démontrer l’intérêt de ralentir le rythme. Lorsque la planète a arrêté de tourner, on a instauré le télétravail, il n’y avait plus de stress dans les embouteillages par exemple. Et là, les chiffres de la prématurité ont diminué.

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RTL info

Mais la prématurité, ce n’est pas seulement un bébé qui naît trop tôt, c’est aussi la première cause de séquelles neurologiques. Il peut aussi y avoir des séquelles motrices ou des difficultés d’apprentissage. Plus l’enfant naît à l’avance, plus il y a des risques pour sa survie, mais aussi des risques de complications.

En Belgique, on ne réanime pas en dessous de 24 semaines. C’est ce qu’on estime être le seuil de viabilité pour pouvoir offrir un avenir à cet enfant parce qu’il ne suffit pas de reculer sans cesse les limites médicales comme dans d’autres pays, il faut aussi voir le futur de ce bébé.

Le « nidcap »

Il existe aujourd’hui une nouvelle philosophie de prise en charge des bébés prémas et de toute la famille, c’est ce qu’on appelle le « nidcap » : « C’est une approche de soins qui est centrée vraiment sur le rythme du bébé pour réduire son stress, pour augmenter son bien-être, mais aussi pour favoriser, et c’est très important, le lien avec les parents. Des parents qui sont déboussolés dans un milieu ultra-médicalisé et qui doivent apprivoiser une réalité qui est tout sauf naturelle », a encore expliqué Caroline Fontenoy.

Les résultats sont très positifs, mais aussi indispensables. Le meilleur exemple est le peau à peau pratiqué avec la plupart des nouveau-nés pour calquer le rythme cardiaque du bébé sur celui des parents. « Faire participer les parents dès le premier jour de la naissance, cela permet aux parents de reprendre leur place et d’oublier un petit peu la machinerie qu’il y a derrière », ajoute-t-elle enfin.

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