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Stéphane Rosenblatt : "Les téléspectateurs restent attachés à nos programmes"

Le 21 mars dernier, la tranche info de la RTBF a connu un profond lifting sans pour cela modifier les audiences de RTL. Le directeur de la télévision à RTL Belgium, Stéphane Rosenblatt, nous donne ses impressions à chaud.

En tant que professionnel, que pensez-vous des changements apportés à la RTBF ?

Tout d'abord, je ne suis pas un donneur de leçons. Je ne suis donc pas ici pour juger le travail de la concurrence, ni pour donner un avis négatif. Ce que je remarque, c'est que du boulot a été fait. Si cela renforce l'émulation entre nos deux chaînes dans un domaine où il y a deux offres compétitives et concurrentes, ce n'est que positif.  

Pourquoi positif ?

Eh bien, cela nous oblige, en tant que leaders, à nous remettre en question. A RTL, on se demande toujours si on fait bien les choses, comment on peut les améliorer et si on reste proches de nos téléspectateurs.  

Un mois s'est écoulé et on remarque que, finalement, l'audience de RTL n'a pas bougé.

En effet. Certaines personnes disent souvent que lorsque les audiences sont très bonnes, on les communique immédiatement et quand c'est mauvais, on se donne six mois à un an pour le faire savoir. Un mois en télévision, c'est un monde. Durant ce délai, on peut se faire une idée de l'attente du téléspectateur. Si l'on compare ces quatre semaines avec les précédentes, c'est suffisant pour juger si vous avez un effet de fond, un effet de modification de rapport de forces ou pas.  

Ne croyez-vous pas que le Belge n'aime pas qu'on lui change ses habitudes ?

Mais est-ce que le Belge est satisfait de l'offre qu'on lui propose aujourd'hui ? Il aime regarder ses émissions avec plaisir, intérêt et curiosité. Nous travaillons toujours en proposant des repères dans la grille. Nous faisons donc très attention lorsque nous devons modifier quelque chose. Nos téléspectateurs restent attachés à leurs balises. En gros, entre 16 h 30 et 20 h 30, vous avez une grille extrêmement visible sur RTL TVI avec des rendez-vous fixes. Le changement suscite toujours de l'incertitude et les gens n'apprécient pas trop ça.  

On remarque aussi que " Le 13 Heures " se porte à merveille, dépassant ses plus hauts scores datant de 2006 !

On a gagné 30 % depuis 2006. Paradoxalement, ce qui a été l'effet du duplicateur, c'est le fait que le journal de la RTBF se mette comme nous à 13 h. C'est à ce moment que le différentiel a commencé à se creuser. Cela montre que, depuis des années, les gens choisissent RTL pour les infos du midi, et qu'avant RTL +, ils regardent la RTBF. Ce choix continue depuis le 21 mars. Il y a eu, et c'est logique, l'effet de curiosité, mais ensuite, les téléspectateurs sont retournés à leurs habitudes.  

Pour " Le 19 Heures " de la Deux, la RTBF a remis au goût du jour le duo. A RTL, le dernier en date était celui de Frédérique Ries et Jean-Paul Andret. Cela ne vous tente plus ?

Pas du tout. Encore une fois, je ne juge pas ce que fait la RTBF. Pour nous, le duo doit apporter quelque chose de spécifique et de différent au contenu de l'info. Cela ne peut pas être un style de forme, de rythme. Nous estimons qu'aujourd'hui, un présentateur unique correspond le mieux à ce que nous voulons mener. Cela renforce la clarté, la proximité, la connivence qui peut exister entre le téléspectateur et le présentateur. La RTBF juge le duo innovant, nous estimons que cela ne l'est pas. Et en Europe, c'est très rare d'en trouver.  

Le " Septante et un " a fêté sa 2000e émission et le jeu arrive toujours à concurrencer de loin les divertissements de TF 1. Pourtant, l'audience fléchit un tout petit peu...

Disons qu'il y a l'effet saisonnier. Lorsque vous arrivez au printemps, et surtout cette année avec ces températures élevées à Pâques, le nombre de téléspectateurs diminue, ce qui est logique. Mais on remarque que RTL reste leader.  

Que pensez-vous du concept " On n'est pas des pigeons ! " ?

Là encore, ne comptez pas sur moi pour vous donner un jugement. Mais je remarque le discours offensif de nos voisins  en termes de communication depuis le 21 mars. Malgré cela, je suis satisfait des résultats de RTL.  

L'émission de Sandrine Dans, " 100 % Club ", a quelques difficultés à décoller. N'aurait-elle pas plus d'impact sur RTL TVI avant " Le dîner presque parfait " ?

Non, car c'est le fruit d'une volonté stratégique de modifier l'avant-soirée de Club RTL. Nous voulons renforcer cette case-là. Je suis content de voir que des visages s'installent sur Club. Cela la rend plus vivante, plus proche, moins froide. Nous avons fait le choix de modifier quelque chose, ça prend du temps. Nos objectifs ne sont pas encore atteints et on y travaille toujours. Je suis aussi ravi de la présence de Sandrine Dans. Il ne faut pas se voiler la face, c'est un univers très concurrentiel pour RTL TVI et les chaînes françaises.  

Parlons de vos magazines. Ils cartonnent tous et même " I comme ", le programme le plus vieux, mis sur antenne avant l'existence de RTL TVI ! Comment expliquez-vous cet engouement du public ?

Eh bien, ils ont une grande attractivité en termes de curiosité, de découverte et offrent cette balise dont je vous parlais. Il y a aussi de la diversité pour les six jours de la semaine avec une grande variété et de la clarté dans chaque projet. Le téléspectateur est habitué à retrouver depuis des années du reportage pur et dur avec " Reporters ", de l'aspect économique et consommation dans " Coûte que coûte ", de la découverte avec " Tout s'explique ", etc. Chacun apporte sa diversité tout en évoluant avec le temps.  

En parlant d'évolution, il y a à présent de nouveaux génériques, un nouveau studio. Est-ce dû à l'effet RTBF ?

Non. Ces projets remontaient déjà à plus de huit mois. Cela ne me gêne pas que l'on fasse cette comparaison, mais ce n'est pas le cas. RTL se remet toujours en question et se secoue. Nous n'avons pas attendu le 21 mars pour tout changer ! C'est un processus très long et cela correspondait au printemps de cette année.  

Un changement de décor du journal est-il à l'ordre du jour ?

Non. Une évolution oui, il y en a eu certaines récemment en termes d'infographisme. Nous estimons qu'avec ses couleurs et sa proximité, il garde sa modernité, sa spécificité. Changer pour changer n'est pas notre objectif.  

Depuis quelques semaines, RTL TVI semble renouer avec le divertissement, avec " Top Chef ", " X-Factor ", " À vendre, à acheter "...

C'est un bon équilibre, c'est tout. Le téléspectateur attend ce type de choses sur notre antenne, tout comme les séries. Je pense au succès de " Dr House ". " Rafto " a également cartonné. Cette identité est très importante pour nous. Il faut donc avoir une bonne dose de divertissement, de sport, comme notamment la rencontre Belgique-Turquie le 3 juin prochain.  

M6 a annoncé une troisième saison de " Top Chef ". Sera-t-elle diffusée sur RTL TVI ?

Voyant le succès sur notre chaîne, ce sera vraisemblablement à nouveau présent sur notre antenne. Mais rien n’est encore confirmé.  

" X-Factor " est un succès sur RTL TVI, mais boit la tasse sur M6. Un petit commentaire ?

Le positionnement de RTL TVI est différent. " X-Factor " est une émission populaire, bien produite, qui trouve sa place sur notre chaîne leader. En France, c'est plus compliqué pour M6, qui est face à un TF 1 imposant.  

Que pensez-vous de la prestation de Sandrine Corman ?

Elle est extraordinaire. Elle montre là des qualités dont on n'avait jamais douté. Voici aussi une synergie parfaite entre nos deux chaînes pour une émission que nous aurions eu du mal à produire seuls.  

Propos recueillis par Fabrice Staal

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