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Liban: deuxième journée de combats entre l'armée et le Fatah al-Islam

Des combats faisaient rage lundi pour la deuxième journée consécutive entre l'armée libanaise et les islamistes du Fatah al-Islam retranchés dans le camp de réfugiés palestiniens de Nahr al-Bared, dans le nord du Liban.

Au lendemain d'une première journée de combats qui ont fait 46 morts, les échanges de tirs à l'artillerie lourde et à l'arme légère ont repris entre les soldats libanais postés en lisière du camp et les hommes du Fatah al-Islam qui y sont retranchés, a rapporté un photographe de l'AFP.

Des nuages de fumée s'élevaient du camp, fief du Fatah al-Islam, un groupuscule accusé de liens avec le réseau Al-Qaïda et les services de renseignement syriens.

Ces combats, qui ont éclaté dimanche à Nahr el-Bared et dans la ville voisine de Tripoli, ont soulevé de nouvelles craintes sur la stabilité du Liban, enlisé depuis des mois dans une profonde crise politique.

46 personnes - 27 militaires, 17 islamistes et deux civils - ont été tuées dimanche. Plus de 110 personnes ont été blessées, dont 40 militaires, 20 policiers, 12 civils et une quarantaine de réfugiés.

"Il y a des civils tués et de nombreux blessés dans les rues du camp. Il n'y a plus ni eau, ni électricité", a déclaré lundi à l'AFP le docteur Youssef al-Assaad, responsable du Croissant rouge palestinien pour le nord du Liban, précisant que ses équipes tentaient en vain d'entrer dans le camp.

Dédale de rues misérables et de bâtiments en dur construits dans une totale anarchie, bordé à l'ouest par la mer et à l'est par la route menant à la frontière syrienne, Nahr al-Bared abrite 22.000 réfugiés à une dizaine de kilomètres au nord de Tripoli.

D'épaisses colonnes de fumée noire se dégageaient lundi des zones du camp contrôlées par le Fatah al-Islam, dans sa partie nord et sur le littoral, cibles de l'artillerie de l'armée.

Les combats de rues se concentraient aux entrées sud et est du camp, où des immeubles sont éventrés par des obus ou calcinés par des incendies.

Des vedettes de la marine croisaient face à Nahr al-Bared pour empêcher l'arrivée de renforts du Fatah al-Islam, selon les services de sécurité.

Le Premier ministre Fouad Siniora avait donné dimanche soir le feu vert à l'armée afin qu'elle prenne les mesures nécessaires pour neutraliser les islamistes.

Cependant, le ministre de l'Information Ghazi Aridi a indiqué que l'entrée de l'armée dans le camp n'était pas à l'ordre du jour.

Les 12 camps de réfugiés palestiniens du Liban, où dominent les formations politico-militaires, échappent depuis quarante ans à l'autorité de l'armée libanaise, qui se limite à maintenir des postes de contrôle aux entrées.

Selon Hajj Rifaat, responsable de l'information du Fatah, le parti du président palestinien Mahmoud Abbas, à Nahr al-Bared, "le pilonnage des positions du Fatah al-Islam est très violent, mais malheureusement les obus tombent en grand nombre sur les maisons des réfugiés".

Ce responsable joint au téléphone par l'AFP a précisé que "les combattants islamistes dirigent leurs tirs de mortier sur l'armée qui a récupéré ses positions à la lisière du camp conquises auparavant par le Fatah al-Islam".

Hajj Rifaat, qui a fait état de victimes parmi les réfugiés, a affirmé que la situation des civils est devenue "critique". "L'électricité est coupée, l'eau manque et les boulangeries du camp sont fermées".

Fatah al-Islam est un groupuscule comprenant des militants libanais, palestiniens et arabes, qui s'était installé à Nahr al-Bared à la fin 2006.

En revanche, le calme était revenu lundi matin à Tripoli, deuxième ville du Liban. Les commerces étaient ouverts et l'armée contrôlait les rues alors que les écoles et universités étaient fermées.

Sans qu'aucun lien puisse être établi avec les combats dans le nord, une bombe a explosé dimanche soir à Beyrouth, dans le quartier chrétien d'Achrafiyé, faisant un mort et dix blessés.

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