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Cannes 8e jour: Carax entre rêve et cauchemar, Salles sur la route de Kerouac

Après Brad Pitt en tueur à gages au grand coeur, le Festival de Cannes s'est offert mercredi une parenthèse intello avec le retour de Leos Carax et celui de Jack Kerouac.

La Croisette s'est offert l'énigmatique "Holy Motors" de l'enfant terrible du cinéma français, et une virée en technicolor avec "Sur la Route" du Brésilien Walter Salles, lancé à l'assaut de la forteresse littéraire, roman culte de l'écrivain américain réputé inadaptable.

- Palmarès - A cinq jours du palmarès et alors que sept films en lice pour la Palme d'or restent à découvrir, "Amour" de Michael Haneke avec Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva, et "Au-delà des collines" du Roumain Cristian Mungiu, semblent indéboulonnables pour la presse étrangère, selon le sondage de la revue Screen qui, toutefois, ne prend pas encore en compte le film de Carax, "Holy Motors", ni "Sur la Route" tous deux présentés mercredi.

"De Rouille et d'os" de Jacques Audiard et "La Chasse" du Danois Thomas Vinterberg jouent les outsiders, talonnés par "Cogan - La mort en douce" de l'Australien Andrew Dominik avec Brad Pitt. Ken Loach et sa "Part des anges" a également séduit.

Pour les critiques français, "Amour" de Haneke est toujours le mieux placé, devant de "Rouille et d'os" et "La Chasse". "Vous n'avez encore rien vu" d'Alain Resnais est "palmable" pour La Croix, Positif, L'Express, BFMTV, Gala, et France 24. Le Ken Loach n'a pas réellement enthousiasmé, tout comme "Cogan - La mort en douce" (enquêtes du Film Français et de Gala).

Le magazine TechniKart qui publie chaque jour son "palmarès évolutif", préfère nettement le film australien, tandis que Jacques Audiard pour "De Rouille et d'os" mériterait le Prix de la mise en scène, et Haneke, le Prix du Jury pour "Amour".

- L'homme du jour -

Très attendu, Leos Carax, qui s'est présenté en conférence de presse à Cannes le regard dissimulé derrière des lunettes noires, une cigarette non allumée à la main, est resté avare de ses mots, laissant sur leur faim les journalistes déjà secoués par son "Holy Motors".

Cependant, le cinéaste français qui aime entretenir le mystère, a autant d'inconditionnels que de détracteurs: les premiers ont crié au miracle saluant le retour du messie. Les seconds, soupçonneux, sont plus soucieux de dénicher la supercherie.

Rêve éveillé ou profond cauchemar d'un vieillard mourant, le troisième film français en lice pour la Palme d'Or promène son acteur dans différentes peaux, de grand patron, de tueur, de mendiante, de monstre, de père de famille.

Le réalisateur des "Amants du Pont-Neuf", film culte et naufrage économique, a expliqué avoir tiré le premier fil de son histoire en croisant chaque jour une vieille mendiante à laquelle il n'adressait jamais la parole.

"Je ne sais pas ce qu'est le public, des gens qui seront bientôt morts... Moi je fais des films privés", a-t-il lâché par ailleurs, affirmant "qu'il a appris à faire du cinéma en allant au cinéma".

- L'histoire du jour -

Une partie du texte original du roman culte de Jack Kerouac, "Sur la route", porté à l'écran par Walter Salles, est exposé pour la première fois en France jusqu'au 19 août au Musée des Lettres et Manuscrits, à Paris. Les visiteurs peuvent découvrir les neuf premiers mètres de ce manuscrit exceptionnel (un rouleau de 36,5 mètres au total), le "scroll" propriété de l'Américain Jim Irsay, amateur de rock et patron de l'équipe des Colts d'Indianapolis, qui l'a acquis aux enchères chez Christie's en 2001 pour 2,5 millions de dollars.

Entre le 2 et 22 avril 1951, Jack Kerouac écrit en trois semaines un roman de 125.000 mots, sans marges, ni chapitres, ni paragraphes. Le futur héros de la Beat Generation a 29 ans, son livre est édité six ans plus tard, tronqué.

En grande partie autobiographique, ce texte original de "Sur la route" en prose spontanée, technique empruntée au surréalisme, inspirée par son compagnon de voyage Neal Cassady, est écrit dans la fièvre.

"J'ai écrit ce livre sous l'emprise du café : 6.000 mots par jour, 12.000 le premier jour et 15.000 le dernier", a raconté Kerouac, qui sera immédiatement propulsé au sommet de la littérature américaine.

Après le refus de plusieurs éditeurs et de sérieuses modifications, le rouleau tapuscrit sera finalement publié par les éditions Viking en 1957, et trois ans plus tard en France par Gallimard. C'est cette version plus courte et expurgée de ses passages les plus sulfureux que le public connaîtra jusqu'à ces dernières années. Gallimard sortira en 2010 "Sur la route, le rouleau original". Walter Salles a justement précisé qu'il avait travaillé sur le "scroll".

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