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Caricature des princes espagnols: la revue 'rectifie' par une métaphore

L\'hebdomadaire satirique espagnol El Jueves, dont l\'édition de la semaine passée a été saisie par la justice pour avoir représenté les princes héritiers en train de faire l\'amour, récidive dans sa nouvelle édition, mais en ayant recours cette fois à la métaphore animale.

Sur son site internet, la revue montre mardi sa \"une\" qui sera publiée mercredi, où l\'on peut voir un dessin représentant le prince Felipe, déguisé en abeille souriante voleter au dessus de la princesse Letizia, déguisée en fleur.

\"Nous corrigeons! Voilà la couverture que nous voulions publier\", écrit dans sa nouvelle édition et en gros caractère le magazine.

Vendredi, un juge de l\'Audience nationale, la plus haute instance pénale espagnole, avait décidé la saisie du magazine en raison d\'une caricature du couple princier en train de faire l\'amour, moquant la couronne et la politique nataliste du gouvernement socialiste.

Le juge Juan del Olmo avait estimé ainsi que ce dessin était \"une atteinte à l\'honneur et à la dignité des personnes représentées\", et n\'était \"pas nécessaire\" pour la \"formation de l\'opinion publique\".

Cette décision a été largement critiquée en Espagne, par la presse et aussi par la classe politique, reprochant à la justice d\'être liberticide ou bien d\'être inefficace en contribuant largement à la diffusion du dessin.

L\'organisation Reporter Sans Frontières a également condamné la décision.

Le ministère public a estimé que la caricature pourrait enfreindre l\'article 490.3 du code pénal espagnol, prévoyant jusqu\'à deux ans de prison pour celui qui \"calomnie ou insulte le roi ou n\'importe lequel de ses ascendants ou descendants, la Reine consort, ou le consort de la Reine, le Régent ou un membre de la régence, le Prince héritier de la couronne dans l\'exercice de ses fonctions\".

Le dessinateur du dessin incriminé et le scénariste devraient être entendus cette semaine par le juge de l\'Audience nationale.

MADRID (AFP) - Les principaux journaux espagnols et l\'organisation Reporters Sans Frontières (RSF) ont critiqué samedi la saisie judiciaire d\'un hebdomadaire satirique moquant la couronne, jugeant cette décision inutile, contre-productive ou dangereuse.

Un juge espagnol a ordonné vendredi la saisie du magazine \"El jueves\", coupable d\'avoir publié en couverture une caricature du prince héritier Felipe et de son épouse Letizia en train d\'avoir une relation sexuelle.

L\'organisation Reporter Sans Frontières (RSF) a \"condamné\" samedi cette décision.

\"La liberté de caricaturer est l?une des composantes de la liberté d?expression. Nous comprenons que certains puissent trouver la une d?El Jueves de mauvais goût, mais rien ne justifie ce qui est ni plus ni moins qu?un acte de censure\", selon l\'organisation.

RSF ajoute dans un communiqué qu\'elle attendait \"une attitude plus raisonnable de la part d?une grande démocratie européenne comme l?Espagne\".

Le principal journal du pays, El Pais, proche du gouvernement socialiste, a jugé samedi cette décision \"inutile\" en ce qu\'elle \"fait la publicité et contribue à la diffusion de la caricature\" qu\'il juge par ailleurs de mauvais goût.

Le quotidien estime dans son éditorial que \"prétendre que l\'utilisation satirique des personnages royaux (...) doit tomber sous la férule du code pénal est aujourd\'hui indéfendable\".

Le journal de droite, El Mundo, raille en Une \"la résonance mondiale\" donnée par le juge à une \"blague grossière\".

\"Le dessin, qui jusqu\'ici (la revue est sortie en kiosque mercredi, ndlr) avait été vu par quelques milliers de personnes, s\'est retrouvé sur de nombreuses pages web, (...) et il est désormais certain que des dizaines de millions de citoyens l\'ont vu\", affirme le journal.

Le quotidien catalan El Periodico suit le même raisonnement et critique une décision \"anachronique\", renvoyant à l\'époque du franquisme ou des premières années de la transition démocratique.

L\'autre grand journal catalan, La Vanguardia, stigmatise une décision \"inutile\" contre un dessin d\'un \"goût atroce\".

Le journal conservateur La Razon critique également cette décision, mais au motif que \"la Couronne n\'a pas besoin de ce genre d\'aide\", et que \"le ministère public ferait mieux de concentrer ses efforts sur des problèmes plus importants\".

Seul le conservateur ABC, à tendance royaliste, soutient la décision: ce dessin, \"en plus de mettre en lumière le manque de talent de l\'auteur (...) est la conséquence d\'un climat de relâchement des valeurs, civiques et morales\".

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