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Le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner a poursuivi vendredi à Beyrouth sa difficile mission pour sortir le Liban de la crise, sans percée attendue à deux mois de l\'élection présidentielle, menacée d\'échec par le blocage des institutions.
Deux semaines après avoir réuni, à la Celle Saint-Cloud, près de Paris, les principaux courants politiques libanais, la France espère susciter une reprise du dialogue entre la majorité, soutenue par l\'Occident et la plupart des pays arabes, et l\'opposition, menée par le Hezbollah chiite, allié de Damas et Téhéran.
\"Il reste peu de temps pour que ce dialogue continue\", a déclaré M. Kouchner à son arrivée au Liban. Cette visite \"n\'est qu\'une étape, il y en aura d\'autres\", a-t-il ajouté, avant de premiers entretiens en soirée.
\"Nous avons souligné la nécessité d\'établir la confiance entre les communautés libanaises, et c\'est pour cela que je n\'ai pas offert tout de suite une +Celle Saint-Cloud numéro deux+\", a dit M. Kouchner à la presse après avoir rencontré le Premier ministre Fouad Siniora.
\"Nous avons affirmé que la solution était entre les mains des Libanais, et moi je n\'étais pas chargé d\'un plan magique pour que la crise cesse\", a-t-il souligné.
Le ministre français a indiqué qu\'il s\'apprêtait à rencontrer \"toutes les personnalités qui se sont rassemblées à la Celle Saint-Cloud\", c\'est-à-dire l\'ensemble de l\'échiquier politique, y compris le Hezbollah.
Il a évoqué la possibilité de poursuivre sa mission après les législatives partielles, prévues le 5 août au Liban pour remplacer deux députés assassinés. \"Si c\'est nécessaire, nous nous retrouverons après\".
Après M. Siniora, M. Kouchner devait rencontrer le président du Parlement Nabih Berri, une personnalité chiite de l\'opposition.
En début de semaine, une mission de l\'émissaire français Jean-Claude Cousseran s\'était heurtée au blocage persistant entre la majorité et l\'opposition.
Le Hezbollah continue de réclamer la formation d\'un gouvernement d\'union nationale qui refléterait selon lui le poids réel de l\'opposition, en préalable à tout dialogue.
\"La table du Conseil des ministres sera elle-même la table du dialogue\", a déclaré à l\'AFP un responsable du parti chiite, Nawaf Moussaoui.
La majorité propose de son côté un \"panier\" de solutions associant la formation d\'un gouvernement d\'union et la garantie de la part de l\'opposition qu\'elle siégera au Parlement pour assurer le quorum lors de l\'élection présidentielle.
Celle-ci doit avoir lieu entre le 25 septembre et le 25 novembre, date de l\'expiration du mandat de l\'actuel président Emile Lahoud, un allié de Damas.
\"Nous n\'attendons de la visite (de M. Kouchner) ni succès ni échec, nous la voyons comme faisant partie du processus\" lancé par la France, a souligné Mohamad Chahat, conseiller de M. Siniora. \"Nous n\'attendons aucune percée spectaculaire\".
Or un déblocage de la crise qui perdure depuis novembre 2006 et la démission des six ministres de l\'opposition, dont cinq chiites, est nécessaire à la tenue de la présidentielle.
En cas d\'échec, le pays plongerait dans un dangereux vide institutionnel, avec la menace brandie par l\'opposition, qui ne reconnaît plus la légitimité de Fouad Siniora, de former un second gouvernement.
\"Peut-être réussira-t-il à obtenir qu\'ils se parlent à nouveau. Mais je ne vois aucune possibilité, dans l\'état actuel, d\'un gouvernement d\'union, ni d\'un accord sur un président\", a affirmé Paul Salem, directeur du centre de recherche Carnegie pour le Moyen-Orient.
\"S\'il y a un accord, ce sera à la dernière minute. Dans un jeu de poker, vous ne montrez vos cartes qu\'à la toute fin et nous n\'y sommes pas encore\", a-t-il ajouté.
Parallèlement à ses efforts au Liban même, la France a élargi sa démarche aux pays de la région et Bernard Kouchner partira dimanche pour l\'Egypte.
