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« Un gouvernement qui taxe et qui casse » : à peine annoncé, le budget wallon crispe déjà l’opposition

Par RTL info avec Justine Roldan Perez
Finalisé dans la nuit de dimanche à lundi, le budget du gouvernement MR – Les Engagés suscite déjà de vives réactions. L’opposition estime notamment que les communes vont être « asphyxiées ».

À peine annoncé, le budget 2026 du gouvernement wallon fait déjà l’objet de vives critiques de la part de l’opposition. Finalisé après trois semaines de négociations, l’accord entre le MR et Les Engagés prévoit des économies significatives dans plusieurs secteurs, avec pour objectif affiché d’atteindre l’équilibre budgétaire d’ici 2029.

Emploi et formation

L’un des points les plus commentés de ce budget concerne le secteur de l’emploi et de la formation, qui représente plus de 100 millions d’euros d’économies en 2026. Pour atteindre cette réduction, le gouvernement prévoit notamment de mutualiser certains services et de supprimer une partie des aides à la promotion de l’emploi (APE), qui soutiennent aujourd’hui de nombreuses structures.

Le budget global sera présenté mercredi matin devant le Parlement wallon, mais l’opposition n’a pas attendu pour faire entendre sa voix.

« On était inquiets, et on avait raison de l’être »

Le chef de groupe du PTB au parlement, Germain Mugemangango, dénonce une logique de régression sociale : « On était inquiets, et on avait raison de l’être. C’est un gouvernement qui taxe et qui casse. Il va mettre une pression supplémentaire sur les communes, qu’il va une fois de plus définancer. »

Selon lui, près de 60 millions d’euros seraient ponctionnés sur les pouvoirs locaux, ce qui risque de pousser les communes à augmenter la pression fiscale sur les citoyens. Il critique également l’introduction de la « garantie d’autonomie », qu’il qualifie de « nouvelle taxe déguisée ». « Ce gouvernement casse la santé, casse les familles, casse l’emploi », assène-t-il.

Le PS pas convaincu non plus

Du côté du Parti Socialiste, la cheffe de groupe Christie Morreale partage les inquiétudes. Elle met en garde contre une détérioration du pouvoir d’achat et des conséquences en cascade pour les services publics locaux : « Les gens vont continuer à avoir une facture qui gonfle. Le gouvernement renvoie la patate chaude aux villes et communes qu’il asphyxie lentement. »

Un groupe de travail sur la fraude fiscale, de qui se moque-t-on ?

Elle évoque notamment la suppression de centaines d’emplois dans les CPAS, alors que ces derniers s’attendent à un afflux important de demandes d’aide sociale dès janvier avec la limitation des allocations de chômage.

Autre point de critique : l’absence, selon elle, de mesures concrètes pour relancer l’économie wallonne. « Les petites entreprises n’ont rien, pas de souffle économique, pas de politique de création d’emplois. Le chômage explose depuis un an, et ce gouvernement ne propose rien. » Enfin, elle fustige le manque de volonté politique sur la fraude fiscale : « Créer un groupe de travail sur la fraude fiscale et ne pas prendre de décisions à ce sujet, de qui se moque-t-on ? »

Pour Ecolo, «ce n’est pas une erreur de cap, c’est une faute politique»

Dans un communiqué, Ecolo a réagi à son tour, estimant que «ce n’est pas seulement une erreur de cap, c’est une faute politique», peut-on lire dans un communiqué. «Après l’offensive sans nom portée il y a quelques jours contre les politiques de la Fédération Wallonie-Bruxelles, MR et Engagés portent à présent un nouveau coup de sabre idéologique contre la santé et l’environnement, l’emploi, le secteur associatif, le bien-être et l’avenir. Le quotidien des Wallonnes et des Wallons en sera à nouveau profondément affecté», a analysé le parti.

Selon les Verts, ce budget «confirme que les enjeux écologiques ont disparu des priorités gouvernementales». «Pas un mot pour relancer la politique d’isolation et de rénovation que le gouvernement a lui-même mise à l’arrêt depuis février dernier. Pas un mot non plus pour la mobilité, les transports en commun ou les modes actifs. Pas un mot pour l’adaptation climatique et la résilience du territoire. Pas un mot pour préserver la santé publique face aux dangers des pesticides et autres substances toxiques», ont regretté les Verts. 

Quant au recentrage des missions de l’AVIQ, il cache surtout une attaque contre les politiques de l’aide aux personnes (santé, aînés, jeunes et familles), poursuit Ecolo en qualifiant par ailleurs de «totalement incohérentes» les diminutions drastiques visant les outils d’aide à l’emploi, d’insertion et de formation.

Le parti prend toutefois acte des quelques pistes évoquées en matière de simplification ou de justice fiscale. «Nous espérons qu’elles dépasseront la pommade ou la poudre aux yeux, et qu’elles marqueront enfin un retour à une politique qui prend soin des gens autant que de l’environnement».

«Ce gouvernement tourne le dos à ce qui fonde une société juste et solidaire, à la transition écologique le lien social et l’investissement dans l’avenir collectif. Il s’enferme dans une logique comptable qui nie les réalités humaines, sociales et environnementales. C’est une politique du mépris déguisée en rigueur budgétaire. Une attaque contre le bien-être et l’avenir», a enfin résumé  le chef de groupe Ecolo au parlement wallon, Stéphane Hazée.

« Une nécessité », selon la majorité

Le ministre-président Adrien Dolimont, en annonçant les grandes lignes du budget, avait rappelé la nécessité de redresser les finances publiques dans un contexte difficile : « Le redressement des finances, ce n’est pas un choix, c’est une nécessité. Ce sera un marathon, pas un sprint. »

Le gouvernement affirme vouloir concentrer les moyens disponibles sur les emplois durables, simplifier les dispositifs et réorganiser les subsides.

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