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Peintures de grands maîtres, pierres dures, vases précieux, antiques mais aussi objets exotiques ou scientifiques: une exposition au musée Maillol à Paris fait revivre les fastes des Médicis, dynastie de marchands-banquiers qui a assuré le rayonnement de Florence pendant plus de trois siècles.
Leur puissance s'est étendue bien au delà de la Toscane: ils ont donné deux reines à la France, Catherine et Marie de Médicis, et deux papes à la chrétienté, Léon X et Clément VII.
A partir de Cosme l'Ancien, premier "grand homme" de cette lignée au XVe siècle et jusqu'à Jean-Gaston au XVIIIe siècle, les Médicis ont accumulé les trésors pour leur collection personnelle, acquérant des chefs d'oeuvre et commanditant les plus grands artistes.
L'exposition "Trésor des Médicis", qui se tient jusqu'au 31 janvier, présente 150 pièces, dont des chefs d'oeuvre. Elle entend montrer combien cette famille richissime avait compris que "l'art est un excellent moyen de communication", pour asseoir sa puissance, déclare à l'AFP Patrizia Nitti, directrice artistique du musée Maillol.
"Leur collection était pour eux un projet de vie, qu'ils allaient léguer à la postérité", ajoute Patrizia Nitti.
L'exposition, qui a pour commissaire Maria Sframeli, directrice adjointe du Museo degli Argenti à Florence, est organisée de façon chronologique, dans une scénographie qui joue sur le velours rouge et les miroirs.
La banque Médicis est fondée à la fin du XIVe siècle. Mais c'est Cosme l'Ancien (1389-1464) qui lance vraiment la dynastie en devenant l'homme le plus riche d'Europe. Il se fait construire un palais, Via Larga, pour affirmer sa puissance. Erudit, raffiné, il s'entoure d'artistes comme Fra Angelico.
Son petits-fils, Laurent Le Magnifique, poète, dépense sans compter pour l'art, au point de mettre en danger les finances de la banque. Il achète des vases de pierres dures, des camées antiques, passe commande à Michel-Ange et à Botticelli.
L'irruption des troupes françaises de Charles VIII met fin provisoirement au pouvoir des Médicis, dont le Palais est saccagé et les oeuvres vendues aux enchères.
Ils reprennent les rênes de Florence grâce à Charles Quint, qui confère à Alexandre de Médicis le titre de duc en 1532.
Jean de Médicis, devenu pape sous le nom de Léon X, fait de Rome le paradis des artistes et intellectuels. Raphaël réalise un étonnant portrait de son bibliothécaire.
Les Médicis assoient leur rayonnement également par les femmes. Catherine de Médicis épouse le futur Henri II en 1533. Marie de Médicis se marie avec Henri IV en 1600.
Au XVIème siècle, avec Cosme 1er, s'ouvre une nouvelle ère de prospérité et de mécénat intense. Le duc s'installe au Palazzo Vecchio, fait construire les Offices, confie au Bronzino le rôle du portraitiste de cour. Le peintre maniériste réalise en 1543 un magnétique portrait d'Eléonore de Tolède, l'épouse de Cosme.
Le XVIIe est le siècle des fastes triomphaux pour le grand-duché de Toscane alors que son rôle politique sur l'échiquier européen devient insignifiant. Les Médicis s'intéressent aux sciences et protègent Galilée, qui leur dédie des étoiles.
Au XVIIIe, le déclin s'accélère. Jean-Gaston de Médicis meurt en 1737 sans successeur. Ultime survivante de la lignée, sa soeur Anne-Marie Louise lègue à sa mort les collections Médicis à la ville de Florence.
(Catalogue de l'exposition aux Editions Skira Flammarion. 288 pages)
(Numéro spécial de Connaissances des Arts. 35 pages)
