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La commission de la Défense de la Chambre a approuvé mercredi en première lecture le projet de loi visant à permettre l’envoi d’un courrier de « sensibilisation » à tous les jeunes de 17 ans pour leur proposer une année de service militaire volontaire.
Plusieurs amendements ont dû être apportés pour tenir compte de certaines critiques formulées à l’encontre du projet, notamment par le SPF Intérieur, l’Autorité de protection des données, le Conseil d’État et les Conseils de la jeunesse wallon et flamand.
L’opposition de gauche s’est fermement opposée au projet, qui donne à la Défense la possibilité légale de consulter le registre national. Grâce à cet accès, la Défense pourra écrire directement à tous les jeunes de 17 ans.
Ainsi, chaque jeune recevra avant son 18e anniversaire une lettre personnelle contenant des informations sur les possibilités d’effectuer un service militaire volontaire pendant douze mois.
Le contexte géopolitique est difficile et menaçant
« Il ne s’agit pas d’une obligation, mais d’une invitation à s’engager pour notre société. Le contexte géopolitique est difficile et menaçant, et nous avons un besoin urgent de renforts au sein de nos forces armées », a déclaré le président de la commission de la Défense, Peter Buysrogge (N-VA).
Plusieurs amendements ont été apportés pour tenir compte des avis critiques.
Les critiques des partis de gauche de l’opposition ne se sont pas limitées au cadre juridique et technique. Les esprits se sont ainsi échauffés lorsque le député du PTB Nabil Boukili a qualifié la lettre d’instrument visant à « militariser la société ».
Lorsque celui-ci a affirmé que les partis de la majorité n’offraient pas aux jeunes de perspectives d’avenir répondant à leurs besoins en matière d’enseignement, mais voulaient les envoyer au front comme « chair à canon », c’en fut de trop pour le député Luc Frank (Les Engagés).
Celui-ci a répondu « en tant que député mais aussi en tant que père » d’un fils de dix-neuf ans, que le climat sécuritaire actuel n’était pas le fait de l’OTAN, de la Belgique ou des États-Unis, mais du président russe Vladimir Poutine, après quoi il a demandé quelle était la position du PTB à l’égard de celui-ci. « J’ai l’impression que nous avons un intrus dans nos rangs », a-t-il ajouté, provoquant la colère de M. Boukili.
D’autres partis ont estimé qu’il serait plus efficace de maintenir les militaires actuels en service, mais que la remise en cause de leurs droits à la retraite ou l’érosion de leur statut risquait justement de favoriser les départs.
« Mieux vaut les garder que d’envoyer 120.000 lettres pour 500 places destinées à des jeunes qui doivent encore être formés et dont on n’est pas sûr qu’ils resteront après un an », a déclaré Staf Aerts (Groen). Pour celui-ci, il s’agit en fait d’une « grande campagne publicitaire pour l’armée belge », qui donne l’impression que d’autres engagements sociaux, comme devenir enseignant ou infirmier, ou encore s’engager bénévolement, ont moins de valeur.
La commission parlementaire a procédé à un vote article par article de la proposition. L’objectif est de procéder à un vote en deuxième lecture dans les deux semaines, après avis complémentaire.


















