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Les avocats de la défense au procès d'Abidjan sur les déchets mortels du cargo Probo Koala ont demandé mardi en vain son report en raison de l'absence du dirigeant de la filiale ivoirienne de Trafigura, principal témoin dans ce scandale.
Le président de la cour d'assises de Côte d'Ivoire, Mathurin N'Dri, a rejeté cette demande formulée en fin d'audience mardi après l'audition de témoins.
"Je ne crois pas que l'absence d'un témoin soit une cause de renvoi", a-t-il brièvement expliqué, invitant les avocats "à faire confiance à la cour" avant de suspendre l'audience jusqu'à mercredi pour l'audition des experts.
L'avocat général, Damou Kouyaté, s'est également opposé au report tout en affirmant que l'accusation avait fait "tout ce qu'elle pouvait" pour faire comparaître N'Zi Kablan, l'administrateur de Puma Energy, filiale locale de la Trafigura.
Selon un procès verbal de la gendarmerie ivoirienne, sollicitée par le parquet général d'Abidjan, N'Zi Kablan a quitté la Côte d'Ivoire le 23 septembre par la route pour se rendre au Ghana, alors que le procès commençait le 29 septembre.
L'avocat général a par ailleurs indiqué que les demandes de la défense pour faire citer les dirigeants de Trafigura et le capitaine du Probo Koala ont été "transmises par la voie diplomatique" en raison de leurs nationalités estonienne, anglaises et françaises.
"Nous attendons les résultats", a-t-il ajouté.
Les avocats, y compris l'un des avocats de l'Etat ivoirien, partie civile, ont demandé le report du procès au regard des témoignages accablants de certains accusés et témoins à l'encontre de N'Zi Kablan.
"Je vous demande d'en tirer les conséquences et de renvoyer le procès à une prochaine session des assises et, en attendant, d'élargir les accusés", a lancé l'un des avocats, Me Luc Adje.
Le principal accusé, poursuivi pour empoisonnement et qui risque la perpétuité, a affirmé que N'Zi Kablan avait choisi en connaissance de cause sa petite société Tommy pour déverser les 528 m3 de slops (résidus du nettoyage des cales) du Probo Koala dans une décharge publique d'Abidjan.
Le déversement à l'air libre de ces déchets, les 19 et 20 août 2006 dans plusieurs sites d'Abidjan, a entraîné 17 morts et fait des milliers d'intoxiqués.
Appelé comme témoin, le dirigeant de l'unique société de Côte d'Ivoire agréée pour récupérer les slops d'un navire, Pacome Yao Blé, a expliqué mardi que Puma Energy savait qu'aucune entreprise ivoirienne n'était habilitée à traiter les "slops chimiques" du Probo Koala, un mélange d'essence, de soude caustique, de soufre, avec une forte concentration en mercaptan.
"Je suis persuadé qu'il (N'Zi Kablan) le savait", a-t-il ajouté en précisant avoir travaillé à plusieurs reprises avec Puma Energy.
