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Un bébé dans le coma après avoir ingéré de la méthadone : que fait la justice pour protéger les mineurs dans ce type de situation ?

Par RTL info avec Benjamin Samyn et Amandine Payen
Une fillette de 11 mois est tombée dans le coma après avoir ingéré une gélule de méthadone, un produit de substitution à l’héroïne. Son état est aujourd’hui rassurant. Ses parents et sa grand-mère, qui s’occupent régulièrement de lui, ont des problèmes de toxicomanie. Mais quels sont les moyens de la justice pour protéger les mineurs confrontés à ce genre de situation ?

Devant les enquêteurs, la grand-mère du bébé de 11 mois a reconnu être toxicomane. Et c’est pour cela, selon elle, que des traces de cocaïne ont été retrouvées sur la tétine du biberon et que le bébé aurait ingurgité une capsule de méthadone accidentellement. D’après nos informations, les parents ont aussi une consommation problématique.

« Les parents savent pertinemment que la grand-mère est consommatrice. Ils seraient eux-mêmes consommateurs à tout le moins de cannabis, même s’il ressort du dossier que la maman serait également consommatrice d’autres substances », peut-on lire dans un document judiciaire relatif à cette affaire.

De manière générale, si ce type d’informations remonte jusqu’aux autorités et que le cas n’est pas d’extrême urgence, le parquet doit contacter le service d’aide à la jeunesse afin d’établir un rapport et de voir si un accompagnement consenti de la famille est réalisable.

« Il y a un programme qui est mis en place avec l’accord des parents, explique Salvatore Callari, avocat pénaliste au barreau de Charleroi. Et quand les parents sont d’accord, cette aide peut perdurer dans le temps, mais sous la coupe du service d’aide à la jeunesse. C’est un encadrement éducatif et avec l’intervention de services spécialisés dans le domaine ».

Mais certaines familles refusent ou ne sont pas accessibles à ce genre de collaboration avec les services sociaux. C’est alors la justice qui doit reprendre la main.

« Il y a tout ce qui concerne les directives pédagogiques, explique Denis Goeman, juge au tribunal correctionnel de Bruxelles. C’est par exemple expliquer qu’il n’est pas permis de consommer des stupéfiants en présence d’un mineur d’âge. Si, en l’occurrence, ça échoue, il y a aussi des mesures de guidance au sein même de la famille, des guidances familiales, psychologiques, thérapeutiques. Et enfin, la mesure la plus contraignante, c’est l’éloignement du jeune du milieu familial, qui sera placé dans un autre milieu. »

Des mesures existent donc en théorie, mais dans la pratique, c’est bien plus complexe, faute de moyens disponibles. « Aujourd’hui, sur les listes d’attente, on a environ 4000 à 5000 jeunes qui subissent des négligences ou des situations de maltraitance assez importantes et pour lesquelles il n’y a pas de réponse, tant en accompagnement que dans les services résidentiels, raconte Solayman Laqdim, délégué général aux droits de l’enfant. Et donc ça, c’est totalement inadmissible. Et on a de manière permanente environ 200 jeunes qui sont placés en hôpitaux pour raisons non médicales. Et on est tous d’accord pour dire que les hôpitaux, ce sont des lieux de soins, ce n’est pas des lieux de vie et ça doit rester des lieux de soins. »

Quant au nourrisson de 11 mois qui a avalé une gélule de méthadone à Gosselies, il a été placé dans une famille d’accueil. La justice soupçonne une intoxication volontaire. Ses parents et sa grand-mère ont été inculpés.

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