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Canonisation de Frère André: de jeunes Canadiens admiratifs

"Il ne savait pas lire, il ne savait pas écrire, mais il avait une grande foi, et il a pu réussir à accomplir son rêve", dit Lucia Flores-Echaiz, 16 ans, pour expliquer son attachement au frère André.

Pour sa camarade Lina Maria, 14 ans, "il y a beaucoup de jeunes qu'on décourage trop vite. Le frère André m'apprend à croire en moi."

Comme les autres adolescents de leur groupe rassemblé au Collège Notre-Dame de Montréal, les jeunes filles sont impatientes, émues et fières en même temps, à quelques minutes de leur départ pour Rome.

Dimanche, elles assisteront au Vatican à la canonisation d'André Bessette, héros populaire, sur lequel l'Eglise québécoise compte beaucoup pour riposter au vieillissement de son clergé, à la baisse de la pratique et à l'impact des affaires de pédophilie.

"Qui veut un chapelet ?" Une animatrice quinquagénaire distribue les rosaires à des adolescents. Dûment équipés de leurs livres de prières, certains de ces élèves du collège Notre-Dame, dont Frère André était le portier, doivent traverser pour la première fois l'Atlantique pour assister au triomphe de "leur" saint, premier homme né au Québec à être canonisé.

Ces jeunes Nord-Américains parlant français sont certes séduits par la foi inébranlable du guérisseur de Montréal, mais aussi par cette sorte d'incarnation catholique du rêve américain: un obscur portier qui parvient à bâtir l'une des plus grandes basiliques au monde, drainant des millions de dollars de dons auprès de millions de sympathisants.

Le temple surgi en face de leur collège, l'Oratoire Saint-Joseph, domine Montréal du haut de sa montagne, comme le Sacré-Coeur domine Paris, et attire chaque année deux millions de visiteurs, dont de nombreux immigrés.

Le religieux est donc un modèle fait sur mesure pour ces jeunes croyants, pense l'animatrice Christianne Lemay-Vaillancourt.

"Il est idéal dans ce qu'il est lui-même pour montrer que, petit, on peut faire de grandes choses, et se réaliser pleinement", dit-elle.

"Jésus est vivant", chantent les adolescents avant de monter dans leur bus.

Au total, plus d'un millier de pèlerins québécois se seront rendus à Rome pour assister à la canonisation de Frère André, selon des chiffres partiels du principal opérateur accrédité auprès de l'Oratoire Saint-Joseph, l'agence Spiritours.

Au delà de l'imposante cérémonie vaticane, pour l'Eglise québécoise il s'agit aussi de mobiliser ses fidèles pour la grande messe célébrée samedi 30 octobre au stade olympique de Montréal, où 50.000 personnes sont attendues, et de saisir le moment propice et attirer ceux qui, bien que de tradition catholique, s'éloignent de la pratique dans un pays largement laïcisé.

Elle poursuit cet objectif avec les moyens les plus modernes, dont une campagne à la télévision, un spot dont le slogan est : "Frère André: un ami, un frère, un Saint", ainsi que des messages sur les site de socialisation Twitter et Facebook.

Le père Claude Grou, recteur de l'oratoire Saint-Joseph, pense que le nouveau saint peut servir d'exemple aux immigrés, très nombreux au Canada, et qui doivent faire un effort particulier pour s'adapter à leur pays d'accueil.

"Le frère André, ce n'était pas un +lâcheux+ (quelqu'un qui renonce). Dans une société où beaucoup de personnes partent avec très peu humainement, je pense à tous les étrangers qui viennent s'établir dans notre pays, c'est comme un souffle d'espérance", dit-il.

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