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La lecture de la lettre de Guy Môquet dans les lycées: variée et contestée

La lecture de la lettre de Guy Môquet dans les lycées, voulue par Nicolas Sarkozy, a pris des formes très variées dans les établissements lundi, sur fond de controverse au sein de la communauté éducative et dans le monde politique.

Volonté présidentielle, la lettre d'adieux que ce garçon de 17 ans avait écrite à sa famille depuis sa prison, avant d'être fusillé par l'occupant allemand, le 22 octobre 1941, a été lue ce lundi dans tous les lycées de France.

Selon les informations recueillies par les bureaux de l'AFP à Paris et en province, la "commémoration" du résistant, s'est faite en ordre dispersé: simple lecture en classe, lecture au micro, dans la cour devant les élèves et le personnel, comme à Colmar au lycée Blaise-Pascal, discussion entre élèves et résistants au lycée Pasteur à Nice, sortie sur un lieu de mémoire, comme au camp militaire de Souge à Martignans-sur-Jalle (Gironde).

A Lille une lecture officielle avec dépôt de gerbe a eu lieu au lycée Baggio. Au lycée Ronsard de Vendôme (Loir-et-Cher), la cousine de Guy Môquet, Michelle Bouhours, 74 ans, a lu le début de la lettre devant 150 lycéens.

La lecture d'une lettre du résistant Raymond Aubrac était prévue au lycée André Cuzin, à Caluire-et-Cuire (Rhône). Au séminaire d'enseignement catholique de Walbourg (Bas-Rhin), un débat avec les élèves de terminale a soulevé deux questions: "un président a-t-il le droit de faire l'Histoire" et "l'Etat a-t-il le droit d'imposer une mémoire?"

Au lycée Pasquet d'Arles (Bouches-du-Rhône), certains professeurs, comptaient évoquer la résistance de ceux qui militent pour que tous les enfants, même sans papiers, puissent continuer d'être scolarisés en France.

Des enseignants, à l'appel du Snes-FSU (majoritaire dans le second degré), ont également refusé de la lire, dénonçant une "instrumentalisation politique" et refusant qu'une "prescription du président" vienne "perturber" leur progression pédagogique. Plusieurs professeurs ont distribué des lettres d'explication aux élèves.

Ces enseignants étaient "une toute petite minorité", selon le conseiller spécial du président Henri Guaino. Le Snes-FSU a affirmé, elle, que son analyse était "largement répandue dans la profession".

L'opération a mobilisé plusieurs membres du gouvernement: Xavier Darcos (Education nationale) l'a lue dans son lycée d'origine Bertran-de-Born, à Périgueux (Dordogne), Valérie Pécresse (Enseignement supérieur) à Versailles, Michel Barnier (Agriculture) à Courcelles-Chaussy, etc.

Rachida Dati (Justice) à Villejuif (Val-de-Marne) a été accueillie par les sifflets d'une cinquantaine de manifestants.

"Compte tenu de son agenda international", le président Nicolas Sarkozy a renoncé à se rendre dans un lycée - une visite au lycée Carnot, à Paris, celui de Guy Môquet, avait été envisagée selon les professeurs de ce lycée. Le président d'honneur du MRC Jean-Pierre Chevènement a jugé cette défection "un peu ridicule".

Au lycée Carnot, des lycéens, étudiants, professeurs et militants ont manifesté pour dénoncer une "récupération politicienne".

Le PCF a dénoncé une volonté du chef de l'Etat de "réviser l'histoire" en "taisant l'engagement communiste" de Guy Môquet. Le PS a mis en garde contre une "instrumentalisation de l'histoire". Le président du Modem, François Bayrou, a, lui, estimé que "l'Etat ne doit pas se mêler de l'Histoire".

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