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Deux auteurs qui accusaient le réalisateur franco-algérien Rachid Bouchareb d'avoir copié leur scénario pour son film "Hors la loi" ont été déboutés, selon un jugement du tribunal de grande instance de Paris consulté mercredi par l'AFP.
Sorti en salles le 22 septembre, le second film de Bouchareb avait créé une violente polémique historique au dernier festival de Cannes. Il retrace, de la fin des années 1930 à l'indépendance de l'Algérie en 1962, le destin de trois frères à travers les tumultes de l'histoire franco-algérienne.
En mai 2010, lorsqu'il est présenté à Cannes, le scénariste Farid Afiri est alerté par un proche, qui a assisté à la projection, de multiples ressemblances avec son projet.
Farid Afiri a en effet co-écrit avec Philippe Roques un scénario intitulé "Sparring Partners" racontant l'histoire de Saïd et Slimane, deux partenaires d'entraînement d'un club de boxe en Algérie. Au déclenchement de la guerre, l'un est harki et l'autre rejoint le clan du FLN. Des années plus tard, les deux amis, devenus adversaires, se retrouveront en France et s'opposeront sur le ring.
Convaincus que "Hors la loi" s'est inspiré de leur script --ils ont listé quelque 70 similitudes "frappantes et incontestables"-- ils ont décidé en juillet de porter l'affaire en justice et d'assigner Rachid Bouchareb ainsi que ses producteurs. Ils réclamaient 750.000 euros chacun, ainsi que l'interdiction du film.
Dans un jugement rendu tardivement mardi soir, la 3e chambre civile les a déboutés. Selon elle, le visionnage du film et la lecture du scénario Sparring Partners "suffi(sen)t à comprendre qu'il s'agit de deux histoires extrêmement différentes, couvrant des périodes distinctes et n'ayant pas le même thème".
Ainsi, écrivent les magistrats, le long-métrage "a une dimension historique voire pédagogique (...) et a pour sujet l'implication des Algériens vivant en France dans la guerre d'indépendance à travers trois frères qui campent les différentes attitudes des Algériens", alors que le scénario Sparring Partners "ne relate que l'histoire de deux +frères+ ennemis ayant une même passion pour la boxe et dont l'amitié faillit être broyée par l'Histoire".
"L'un a une visée universelle et l'autre est limité au sort de deux individus. Ainsi, de ce seul fait, il apparaît qu'il n'existe aucune similitude entre les deux oeuvres ni dans leur sujet, ni dans leur traitement, ni dans leur construction".
Pour le tribunal, "les deux seuls points de contact entre les deux oeuvres sont la passion d'un des trois frères du film Hors la loi pour la boxe et la guerre d'Algérie comme élément déclencheur de situations".
Or, la boxe "est un sujet que tout auteur peut traiter de façon fort différente et elle a été un facteur d'ascension sociale prisé dans ces années-là avec des exemples comme Marcel Cerdan".
Alors que Rachid Bouchareb et ses producteurs demandaient la condamnation de deux demandeurs pour procédure abusive, le tribunal les a déboutés, estimant qu'ils n'avaient pas subi de préjudice.
