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"Les somnifères doivent être la toute dernière option" pour Maggie de Block: les médecins généralistes ne sont pas d'accord

Hier, la ministre de la Santé, Maggie de Block, présentait à Bruxelles une nouvelle campagne destinée à sensibiliser les patients et les prestataires de soins aux risques liés aux calmants et somnifères. Ceux-ci doivent être "la toute dernière option", affirmait-elle. La ministre de la Santé Maggie De Block visait notamment les médecins généralistes en les encourageant à trouver d'autres alternatives comme une bonne hygiène de vie.

Les médecins réagissent ce vendredi à cette campagne de sensibilisation. Pour eux, les propos de la ministre sont un peu simplistes. Pour nous en parler, le président de la Société scientifique de médecine générale, Thomas Orban était en direct avec nous dans le RTlinfo 13H.

Une alimentation saine, du sport, de la détente, c'est un remède un petit peu simpliste selon vous pour aider les patients qui souffrent d'insomnie ou de stress?

Thomas Orban: "C'est une solution qui me paraît un petit peu simpliste présentée comme telle pour répondre à un problème finalement complexe que représente la souffrance des patients. Bien entendu, la prescription simple d'un médicament comme un somnifère est une réponse tout aussi simpliste à ce problème complexe. Je suis toutefois heureux de voir que des outils ont été mis à disposition des médecins généralistes pour les aider à trouver d'autres solutions. Il ne suffit pas de donner des conseils aux patients. Encore faut-il qu'ils puissent être suivis dans leur contexte de vie. Et c'est souvent la souffrance familiale, sociale ou professionnelle qui amènent toutes ces difficultés auxquels nous, médecins généralistes, sommes encore fort démunis. Ces aides en ligne ont été réalisées par des équipes universitaires de pharmacologie ou de psychiatrie. Elles me semblent fort éloignées de la réalité d'un cabinet de généralistes dont elles ne connaissent absolument rien."

Ce que vous reprochez à la ministre c'est de ne pas s'intéresser finalement aux raisons de cette augmentation de prescription de calmants. C'est-à-dire une société de plus en plus stressante qui engendre un certain mal-être....

Thomas Orban: "Exactement, nous sommes confrontés à des patients en souffrance. L'accessibilité de la médecine générale fait que nous sommes confrontés à ces patients qui viennent déposer leur souffrance. Il est compliqué de trouver des solutions à des problèmes souvent compliqués et imbriqués. Donc ne pas prescrire de médicaments me paraît un peu court."

Certains de vous confrères prédisent plutôt le remboursement de séances chez un psychologue, pour répondre à ce besoin sociétal. Est-ce que c'est selon vous, une piste à approfondir?

Thomas Orban: "Je pense en tous les cas que la prise en charge d'un patient doit se faire souvent sur le long terme et de manière multi pluridisciplinaire. C'est exacte qu'à ce niveau-là l'aide d'une psychologue peut être extrêmement utile. Néanmoins, de mon activité quotidienne de médecin, je pense que pour beaucoup de patients, il est difficile de trouver le temps et les finances nécessaires pour pouvoir financer quelque chose qui a l'heure actuelle n'est pas encore remboursé."

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