Partager:
Luc Abalo, l'un des hommes-clefs de la grande génération des "Experts" qui a annoncé sa prochaine retraite sportive mardi à 38 ans, était l'artiste du handball, spécialiste des gestes spectaculaires sur le terrain et passionné de peinture en dehors.
En quinze ans et 289 sélections avec l'équipe de France dont il était le fer de lance en attaque, l'ailier droit a amassé un impressionnant palmarès: trois fois champion olympique à Pékin en 2008, à Londres en 2012 et à Tokyo en 2021, trois fois champion du monde et trois fois d'Europe.
"C’est une chance dans une vie d'avoir pu grâce à ma passion procurer des émotions aux gens", a dit l'ancien joueur du PSG sur le site de son dernier club, les Japonais de Zeekstar Tokyo.
En bleu, "Lucho" a marqué 859 buts, sans pourtant tirer les pénaltys, dans des positions souvent acrobatiques que lui autorisaient son corps élastique, sa formidable détente et la rapidité de son bras gauche.
À rebours de la rationalisation à outrance qui guette le handball comme toutes les disciplines, Abalo a toujours défendu la nécessité "d'une part de magie et de beauté" dans son sport en inventant des gestes au gré de son inspiration.
"Il fait des choses que les autres n'auraient même pas pu imaginer. Les imaginer serait déjà génial. Lui en plus il les réalise", disait le sélectionneur Claude Onesta, qui laissait libre cours à sa créativité, contrairement à certains de ses entraîneurs de club.
- Une enfance à Ivry -
Luc Abalo est né en 1984 dans une famille d'origine togolaise et ghanéenne à Ivry-sur-Seine. Discret sur son enfance par refus "d'être un cliché", il a tout de même raconté un jour au Parisien avoir vécu pendant des années à cinq dans 26 mètres carrés.
Dans cette ville de la banlieue parisienne à la longue tradition handballistique, ses qualités hors norme, compensant une taille assez modeste (1,82 m), ne pouvaient pas passer inaperçues. Formé au club pendant douze ans, il lui a permis de remporter un huitième titre de champion de France en 2007, dix ans après le précédent (et le dernier en date). Presque un cadeau d'adieu puisqu'un an après il prenait la direction de Ciudad Real, l'un des grands clubs de l'époque (aujourd'hui disparu) avec lequel il allait gagner la Ligue des champions en 2009.
Très attaché à sa famille, Abalo est revenu au bout de quatre saisons en France non pas à Ivry mais juste à côté, au Paris Saint-Germain, qui allait devenir l'une des grandes écuries européennes grâce à l'argent du Qatar. Il y a ajouté sept titres de champion de France (entre 2013 et 2020) aux côtés de ses coéquipiers en bleu Nikola Karabatic, Thierry Omeyer et Daniel Narcisse, mais pas de Michaël Guigou, son ami et son complice sur l'autre aile en équipe de France avec qui il n'a jamais joué en club. Ses tentatives pour gagner de nouveau le titre européen ont échoué trois fois en finale.
- Peinture, photo, vidéo et mode -
Artiste balle en main, Abalo l'est aussi en dehors du sport. Il a toujours affirmé qu'une fois à la retraite il se consacrerait à la peinture, une grande passion qui lui permettait "de penser à autre chose qu'au hand" pendant sa carrière. Adolescent, il avait pris des cours de dessin aux Ateliers municipaux d'Ivry puis, en parallèle avec son parcours sportif, il a suivi un cursus préparatoire à l'Institut supérieur des Arts appliqués avec l'idée d'entrer aux Beaux-Arts, mais il a privilégié le hand en signant en Espagne.
Attiré par la peinture figurative, en particulier par le portrait, il a déjà eu l'occasion d'exposer ses œuvres à Paris. Il s'est aussi essayé à d'autres formes d'art, la photo, la vidéo et la mode. Il a même lancé en 2019 une ligne de vêtements, L.A.N pour Luc Abalo Nineteen (son numéro de maillot) en participant personnellement à la création des modèles.