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Laborieux à Rome, confus à Dublin, le XV de France a su s'adapter aux circonstances pour remettre de l'ordre dans ses idées et aller chercher la victoire contre l'Ecosse avec un Gaël Fickou taille-patron.
Après des débuts compliqués dans le Tournoi des six nations, les hommes de Fabien Galthié sont revenus aux sources, se reposant sur leur défense pour redresser la tête.
Résultat: quinze minutes pleines de maîtrise, trois essais de Romain Ntamack (5e), Ethan Dumortier (8e), Thomas Ramos (19e) et 19-0 au compteur. Merci, au revoir ? Pas si vite ! L'exclusion du pilier Mohamed Haouas au bout de 13 minutes de jeu a grippé la machine bleue.
Pas autant, cependant, que la sortie du troisième ligne Anthony Jelonch, d'abord sur protocole commotion (7e) puis définitivement (15) sur grave blessure.
Le sécateur du Stade toulousain, six plaquages avant de céder sa place pour de bon, avait pourtant donné le ton par deux plaquages détonants sur Duhan van der Merwe: le premier a emmené l'essai français inaugural tandis que le second a stoppé le puissant ailier qui s'en allait aplatir.
Jelonch, joueur-clé du dispositif du XV de France, titulaire lors des dix-neuf derniers matches mais victime d'une rupture du ligament croisé antérieur" contre l'Ecosse, devrait rater le Mondial-2023 (8 septembre-28 octobre). Un coup dur pour le joueur autant que pour l'équipe.
Le carton rouge de Haouas, lui, a contraint le staff à remodeler son pack en faisant entrer Sipili Falatea en première ligne, au sacrifice de l'indispensable troisième ligne Grégory Alldritt.
Au coeur d'un match aussi chaotique qu'incertain, les Bleus ont néanmoins rempli le contrat: une victoire bonifiée et des espoirs de titre toujours vivants en cas de faux-pas irlandais.
"C'est un match où tout est contrôlé, l'équipe est en place et ça nous emmène à 19-0. Et puis on prend un carton rouge... Il a fallu que les meneurs de jeu s'adaptent. Tout le match a été une affaire d'adaptation", a d'ailleurs admis le sélectionneur Fabien Galthié.
- Résilience -
Même son de cloche du côté de Charles Ollivon. "Il a fallu rester froid, ne pas s'affoler. Il y a eu tellement de rebondissements, on aurait pu passer au travers et se perdre tout seuls. Par moments, on a pu s'égarer mais l'état d'esprit de tous nous a permis de garder le droit chemin", a assuré le troisième ligne.
"On n'a jamais douté même si on a un peu souffert par moments (...) On est restés dans le système, dans le plan de jeu", a ajouté le Toulonnais.
Obligés de se réorganiser et de changer de système, les Français ont fait preuve de lucidité pour s'adapter aux circonstances. S'ils ont plié en seconde période, sans jamais rompre, ils ont su se montrer pragmatiques, jouant haut, tapant fort.
Ils ont pourtant laissé les Ecossais, qui ont eux aussi joué à quatorze dès la 7e minute, revenir dans le match en leur laissant l'occupation (60%) et la possession (55%). Les coéquipiers d'Antoine Dupont ont joué avec le feu pour se faire une peur bleue.
Reste que les protégés de Galthié, qui ne menaient plus que 25-21 à dix grosses minutes de la fin, ont su réagir, transformant une position défensive en attaque pour aller chercher le bonus offensif grâce à un essai de Gaël Fickou (80e) avec beaucoup de sang-froid et d'audace.
Un final prémédité selon un scenario imaginé dans la semaine. "Il y a deux ans, on a perdu ici sur la dernière action du match. Aujourd'hui, on est allé chercher le bonus offensif. On a pris cinq points, eux zéro", a rappelé Galthié. "Après la défaite en Irlande, le thème, c'était tomber et se relever. C'est la seule bonne façon de continuer."