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Karen Northshield allait enregistrer ses bagages quand une bombe a explosé à côté d'elle à l'aéroport de Zaventem le 22 mars 2016. Elle est venue livrer le récit de son calvaire, qui dure depuis sept ans et "qui est loin d'être fini", mercredi devant la cour d'assises de Bruxelles.
Je n'ai pas connu la mort mais bien l'enfer, a-t-elle tenté d'expliquer à la cour dans un témoignage empreint d'une puissante rage de vivre. "Vous ne saurez jamais tout ce que j'ai subi, et c'est un mot trop faible pour décrire toute l'atrocité qui fait dorénavant partie de moi."
Karen Northshield, 30 ans à l'époque, passera 79 jours aux soins intensifs entre coma et état second, suite entre autres à la pulvérisation de sa hanche. Quand elle se réveille enfin, elle est "une femme presque morte, brisée et meurtrie" dans son âme et dans sa chair, intubée et branchée à un "tas de machines qui la maintiennent en vie".
Pendant près de quatre ans, les visites à l'hôpital sont régulières voire quotidiennes. Elle subit une soixantaine d'opérations en tous genres. Des pièces de la bombe sont entrées dans son corps à tout jamais, dont une posée sur le nerf sciatique.
"J'avais 30 ans quand ma vie a explosé, je mène un combat qui ne devrait pas être le mien", a-t-elle affirmé. "J'assume des responsabilités qui ne devraient pas être les miennes (...) Je pense que toutes les personnes impliquées, pas seulement les accusés, devraient maintenant prendre leurs responsabilités en main."
"Je suis remplie d'une grande tristesse, d'une grande incompréhension pour ce que certains ont fait et ce que d'autres ont laissé faire et laissent encore faire." Les victimes "sont seules dans leurs peines, leurs traumas et leur reconstruction", a-t-elle dénoncé. "Ça n'aurait jamais dû arriver, et vous le savez."