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Capital santé: pourquoi certains cancers résistent-ils à la recherche?

Dans son podcast Capital santé, Caroline Fontenoy s’intéresse aujourd’hui aux cancers qui donnent du fil à retordre aux chercheurs et aux médecins, pourquoi sont-ils plus difficiles à comprendre et à soigner ? Entretien avec Jean-Pascal Machiels, chef du service d'oncologie aux cliniques universitaires Saint-Luc à Bruxelles.

Les cancers font toujours l'objet de recherches actives pour améliorer la compréhension de leur développement et trouver des traitements adaptés. Certains cancers se distinguent par leur difficulté à être détectés précocement. Le médecin Jean-Pascal Machiels explique : "Il y a des cancers qu'on diagnostique tardivement parce qu'il n'y a pas eu de dépistage ou parce qu'il est situé dans une localisation qui simplement ne donne pas de symptômes au début et donc la maladie est étendue et plus la maladie est étendue, plus c'est difficile à soigner". Il mentionne notamment le cancer de l'ovaire, souvent difficile à détecter à un stade précoce.

Jean-Pascal Machiels souligne également l'importance du dépistage pour certains cancers : "Le dépistage c'est une notion de santé publique, c'est-à-dire que vous diagnostiquez le cancer à un stade sans symptômes, et alors ce cancer il est petit, et vous augmentez dans une population globale la probabilité de rester en vie et de guérir de ce cancer". Cependant, il précise que le dépistage n'est pas envisageable pour tous les types de cancer.

La prise de sang, comme outil de dépistage?

Par ailleurs, l'utilisation de la prise de sang comme outil de dépistage suscite un intérêt croissant. Le Dr Machiels évoque les travaux de recherche visant à détecter l'ADN tumoral dans le sang, ouvrant ainsi la voie à de potentielles avancées dans le dépistage précoce de certains cancers. Toutefois, il souligne que cette approche est encore à un stade préliminaire et nécessite davantage de recherche.

En outre, certains cancers, tels que le cancer du sein triple négatif, demeurent particulièrement agressifs. Sur ce point, le Dr Machiels explique : "Vous avez cité le cancer du sein triple négatif, c'est une tumeur qui répond très bien à la chimiothérapie. Maintenant chez un certain nombre de ces patients, le cancer est très agressif et on ne va pas pouvoir maîtriser la maladie". Il met en lumière la complexité de certains cancers qui présentent des caractéristiques rendant le traitement plus difficile.

Face à ces défis, la recherche et la sensibilisation jouent un rôle crucial dans l'amélioration de la prise en charge des cancers. Le Dr Machiels souligne que des progrès sont réalisés et que la vigilance des populations contribue à un diagnostic précoce de plus en plus fréquent.

Cet échange met en lumière les défis persistants liés à la compréhension et au traitement des cancers, tout en insistant sur les avancées prometteuses dans le domaine de la recherche et de la sensibilisation.

La prise en charge des cancers agressifs, nécessitant souvent plusieurs traitements, reste un défi difficile pour les patients. Selon l'expert, "tout cela rend ces cancers extrêmement lourds et difficiles à supporter pour le patient". Il faut parfois combiner une excellente chirurgie avec la chimiothérapie et la radiothérapie, impliquant ainsi plusieurs spécialités médicales.

Les cliniques universitaires Saint-Luc mettent en avant une approche multidisciplinaire pour offrir une prise en charge globale. Le spécialiste souligne qu'il est essentiel d'avoir, pour un traitement efficace et rapide, une coordination entre différents spécialistes du soin, afin de maximiser les chances de succès.

L'immunothérapie, une avancée majeure

La capacité des cellules cancéreuses à échapper aux traitements constitue un défi majeur pour les chercheurs et les médecins. Le chef du service d'oncologie aux cliniques universitaires Saint-Luc à Bruxelles explique que "la cellule cancéreuse est maligne dans le sens où elle est intelligente et tente d'échapper au traitement". Cependant, des progrès sont réalisés dans la compréhension des altérations génomiques et des mécanismes d'évasion des tumeurs, ouvrant la voie à des traitements plus ciblés et efficaces.

L'immunothérapie est évoquée comme une avancée majeure dans le traitement de certains cancers. Même si ses résultats ne sont pas universels, un expert confirme qu'elle permet de guérir des patients et des maladies qui étaient auparavant considérées comme incurables.

Par ailleurs, la recherche sur le cancer bénéficie de l'engagement financier du Télévie, qui a permis de récolter 241 millions d'euros depuis 1989 et de financer 2840 chercheurs. Les avancées médicales sont donc le fruit d'un engagement continu dans la recherche.

Les scientifiques soulignent l'importance du soutien financier pour la recherche sur le cancer : "C'est vraiment une aide extrêmement précieuse et je dirais presque salvatrice pour la recherche sur le cancer", témoigne le spécialiste. Le message est clair : la recherche progresse grâce à cet engagement financier, et chaque contribution compte pour faire avancer la lutte contre le cancer.
 

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