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La ministre de la Justice, Annelies Verlinden, a rencontré des délégations syndicales de l'administration pénitentiaire. Ces consultations interviennent alors qu'un médecin généraliste de la prison de Haren a saisi l'Ordre des médecins, dénonçant une série de manquements graves en matière de santé. Témoignages.
Calogero a passé dix ans de sa vie en prison, notamment à Jamioulx. Là, il a été touché durant plusieurs semaines par une rage de dents… et aucun dentiste pour le soulager. Il raconte: "Je demandais qu'on m'amène à l'hôpital. Je disais 'je souffre, je souffre'. Ils me donnaient des antibiotiques mais je souffrais. Je ne dormais plus la nuit. Pendant trois quatre mois, je passais des nuits blanches, j'appelais les chefs toutes les secondes."
À sa sortie de prison, il a finalement pu faire soigner sa douleur, qu'il n'a pas oubliée: "Je suis sorti encore plus nerveux au lieu de sortir plus calme. Le mal que j'ai vécu, le stress, la douleur, les nerfs, tout travaillait. Il faut mourir pour avoir quelque chose. C'est intolérable."
"Les soins sont inadaptés"
Kendji est toxicomane et bénéficie actuellement d'un bracelet électronique. À cause de son addiction, il a dû consulter un médecin à plusieurs reprises en prison. À chaque fois, il devait rédiger un rapport qui fait office de demande: "Franchement, c'est difficile. Il faut le temps pour qu'ils t'appellent. Une semaine, deux semaines, un mois, ça dépend du travail qu'ils ont. Il y a beaucoup de malades en prison."
"Les soins sont absolument inadaptés", affirme Myriam Tarwe, présidente de la commission de surveillance de la prison de Jamioulx. Avec son équipe, elle reçoit les plaintes des détenus. Parmi les problématiques les plus fréquentes, les soins de santé sont en deuxième position. "Pour 400 détenus, il y a une consultation de 10h à midi tous les matins. Il y a environ 35 à 40 demandes tous les matins, ce qui fait une moyenne de 2 à 4 minutes de consultation", précise-t-elle.
Le constat est là: les moyens ne permettent pas d'octroyer des soins de qualité. "On manque de médecins, on manque de locaux, on manque de personnel, on manque d'agent qui soit formé, notamment à la prévention suicide et on manque d'argent bien évidemment", regrette Myriam Tarwe.
La santé mentale encore plus difficilement gérée
Et la problématique est encore plus criante concernant les soins de santé mentale: "Il s'agit d'un manque de moyens et d'un manque d'effectifs au sein des prisons. Le détenu qui fait une demande de suivi thérapeutique ou de suivi social au niveau des prisons n'a pas la possibilité d'être pris en charge de façon optimale sur la durée", avance Magalie Dubois, psychothérapeute.
Afin d'améliorer la situation, la ministre de la Justice travaille au transfert des aspects liés aux soins de santé du département de la justice vers le SPF santé publique.














