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En Belgique, les détenus peuvent être incarcérés dans plusieurs types de centres pénitentiaires. Quels critères sont pris en compte, et surtout, quelles sont les différences entre ces différents centres pénitentiaires ?
Le centre de détention semi-ouvert de Saint-Hubert, où a eu lieu la récente évasion de 6 détenus, suscite une attention particulière en raison de son fonctionnement spécifique. Contrairement aux établissements pénitentiaires classiques, il offre une alternative davantage axée sur la réhabilitation des détenus, tout en maintenant une sécurité rigoureuse.
L'âge et la nature des faits
En Belgique, le type de centre où un détenu est incarcéré dépend principalement de deux critères : son âge et la nature des infractions commises. Les prisons classiques accueillent des détenus variés, souvent en détention provisoire ou condamnés pour des faits graves. Les maisons centrales, de haute sécurité, abritent généralement les profils les plus à risque, comme les détenus radicalisés. À l’opposé, certains établissements, comme celui de Saint-Hubert, misent sur une approche en semi-liberté pour les personnes jugées moins dangereuses.
Une permissivité encadrée
Dans ce système semi-ouvert, les détenus purgent des peines n'excédant pas trois ans. Ces centres permettent une forme de permissivité encadrée : "Ça permet d'avoir une certaine permissivité. Il peut aller chercher par exemple un emploi, il peut aller à un rendez-vous chez un psychologue tout en restant en détention avec des autorisations de sortie qui sont strictes et il ne peut pas aller venir comme il le veut", explique Denis Goeman, juge au tribunal de première instance de Bruxelles. Ce mode de détention s'accompagne d'avantages reconnus : maintenir un lien avec la société tout en évitant une désocialisation totale.
Pour favoriser la réinsertion, des initiatives spécifiques sont mises en place à Saint-Hubert, comme la possibilité pour les détenus de travailler dans une ferme. Toutefois, ces privilèges sont consentis sous une surveillance permanente. Cette approche tranche nettement avec le système carcéral classique, où les détenus passent l’essentiel de leur temps en cellule, ce qui peut alimenter leur isolement et peser sur leur réintégration.
Une solution face à la surpopulation
Cependant, la surpopulation carcérale en Belgique chamboule cette organisation, contraignant parfois les autorités à élargir le profil des détenus admis dans les centres ouverts. "En raison de la forte surpopulation, toutes les places disponibles doivent être occupées. Nous ne pouvons pas justifier que des condamnés dorment sur le sol alors que des lits sont vides ailleurs", explique Valérie Callebaut, porte-parole de l’administration pénitentiaire Cette réalité change quelque peu la donne sur les profils admis, bien que la vigilance reste de mise quant au faible niveau de risque présenté par ces détenus.
Paradoxalement, cette permissivité accrue dans les établissements semi-ouverts peut également poser un défi sécuritaire. Entre 2021 et 2023, les évasions dans le système carcéral belge ont doublé, passant de 11 à 22. La grande majorité ont cependant eu lieu dans des établissements ouverts. Ce chiffre souligne l’équilibre délicat entre réinsertion sociale et sécurité publique.
Les centres de détention semi-ouverts offrent ainsi une alternative intéressante à l’incarcération classique. Mais à l’heure où la surpopulation des prisons pousse à des ajustements, ces établissements doivent continuellement jongler entre leur mission de réhabilitation et la nécessité de garantir la sécurité.


















