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Nouveau service à Namur pour accompagner les femmes qui veulent avorter: "Je préfère regretter en ayant fait ce choix-là", témoigne Laura

Le CHR de Namur vient de mettre en place un service pluridisciplinaire pour l'accueil des femmes qui souhaitent interrompre leur grossesse. Elles sont 17.000 chaque année en Belgique. Un sujet encore tabou aujourd'hui. Les médecins capables de réaliser l'interruption de grossesse sont peu nombreux. Et ces femmes ont parfois du mal à trouver l'encadrement nécessaire pour affronter cette épreuve. 

Laura, un prénom d’emprunt, accepte de témoigner après son avortement. La jeune femme de 25 ans, en couple, prenait la pilule contraceptive mais elle a été malade. Quelques semaines plus tard, elle s’aperçoit qu’elle est enceinte. "J’ai une bonne situation, je travaille et je suis en couple depuis un bon moment. J’ai mon logement. Quand ce n’est pas préparé un enfant, je pense que ce n’est pas la meilleure chose. Je préfère regretter en ayant fait ce choix-là que regretter quand il sera là", confie la jeune femme. 

Chaque année, 300 femmes subissent une interruption volontaire de grossesse dans cet hôpital. Dans 10 à 15% des cas, un curetage par aspiration est nécessaire car la grossesse est trop avancée.

Un choix difficile pour ces femmes qui souvent culpabilisent. Fréquemment, ce sont les contraintes de la vie qui les amènent à ce choix. "Elles disent qu’elles ne sont pas prêtes parce qu’elles n’ont pas de logement, parce que personne ne peut s’occuper de leurs enfants. Elles sont indépendantes ou elles viennent de commencer un nouveau job", énumère Sarah Melika, médecin généraliste qui prend en charge les interruptions volontaires de grossesse. 

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Dans la province de Namur, le Centre Hospitalier Régional Sambre et Meuse est le seul hôpital à prendre en charge les femmes qui souhaitent avorter. La demande est pourtant bien présente et les plannings familiaux ne suffisent pas.

Depuis janvier, c’est tout un service qui a vu ici le jour, avec une assistante en psychologie, des infirmières et des médecins. "Accorder un espace de paroles où elle peut se sentir libre de pouvoir poser un choix, sans se sentir jugée est très important dans cette démarche pour moi", souligne Irada Ismailova, assistante en psychologie. 

Une salle est également aménagée pour les IVG médicamenteuses qui ont habituellement lieu à domicile. "Les étudiants qui sont en colocation, les personnes qui habitent dans leur voiture et puis il y a aussi des femmes qui sont très stressées par les douleurs éventuelles, les pertes de sang ou qui ont déjà eu des difficultés lors de grossesses précédentes. Elles se disent qu’ici elles auront un suivi plus costaud et de près", explique docteur Sarah Melika. 

Elle se bat depuis 16 ans pour offrir un cadre de confiance à toutes les femmes qui souhaitent avorter. Selon Sarah Melika, il manque d’endroit comme celui-ci mais aussi de médecins capables de pratiquer les interruptions de grossesse. "Ce n’est pas dans la formation classique de médecine. Il faut donc se former en plus. Il y a l’ULB qui propose cette formation qui s’étale sur trois ans. Cela nécessite quand même un sacré engagement", souligne la docteur. 

Chaque année en Belgique, environ 17.000 femmes décident d’avorter. En France, le droit à l’interruption volontaire de grossesse vient d’être inscrit dans la constitution. Chez nous, le chemin semble encore long. 
 

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Commentaires

2 commentaires

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  • Tant que ces pratiques honteuses ne coûtent rien à la société !!!!

    Le Justicier .
     Répondre
  • On accompagne pour les avortements, c'est très bien. Par contre, pour ces pauvres parents qui ont perdus un enfant tant attendu à la naissance ou quelques jours après en néonat, ou lors d'une mort fœtale in-utéro, rien n'est organisé et les parents sont livrés à eux-mêmes, seuls et désemparés.... Personne n'en parle, mais ça arrive et il serait temps que des choses soient mises en place pour aider ces personnes

    Céline Charlier
     Répondre